Eau : les tensions montent d'un cran
À quelques jours de la mobilisation de Bassines Non Merci à Poitiers, mais aussi du bureau du Sage Clain, pendant lequel sera abordée l'étude Hmuc, les syndicats agricoles ont rencontré le préfet.
À quelques jours de la mobilisation de Bassines Non Merci à Poitiers, mais aussi du bureau du Sage Clain, pendant lequel sera abordée l'étude Hmuc, les syndicats agricoles ont rencontré le préfet.

Rester calme et "ne pas céder aux provocations". C'est ce qu'a demandé la semaine dernière la FNSEA en réaction à la manifestation prévue ce samedi 7 juin à Poitiers. Baptisée "défendons l'eau pour nos rivières, pour les paysan-nes et les habitant-tes", cette action se tiendra à partir de 13 h au centre-ville. "Mais nous avons demandé au préfet de tout mettre en place pour protéger les fermes" précise Aurélie Fleury, présidente de la FNSEA de la Vienne, qui craint que l'action ne se cantonne pas au cœur de la ville. Une manifestation non déclarée, qui semble aussi inquiéter la préfecture, puisque c'était un des sujets qu'elle souhaitait évoquer avec les syndicats agricoles. Mercredi dernier, la FNSEA, les JA, la Coordination Rurale et l'association des irrigants de la Vienne ont donc rencontré le Préfet pendant un peu plus de deux heures.
Bientôt un bureau Sage Clain
L'autre sujet, c'était l'étude Hmuc. Le 25 juin, le bureau du Sage Clain se réunira pour prendre une délibération sur cette étude. Pour mémoire, en septembre dernier, il avait été décidé de reporter cette réunion après la réalisation d'une étude socio-économique, qui vient de se terminer. Même si c'est le 25 juin que cette délibération sera prise, les conclusions de l'enquête ont été partiellement présentées aux différents membres du Sage Clain. "L'impact socio-économique de l'application des préconisations Hmuc est énorme, près de 30 millions d'euros" affirme Nicolas Giraud, président de l'Adiv, qui précise que les pertes seraient de plus de 10 millions pour les exploitations et de plus de 16 millions pour les acteurs économiques (coopératives, banque, entreprises liées à l'agriculture). Ce qui représenterait 216 ETP de moins, dont 130 pour l'agriculture. Il évoque une perte de 11 millions qui correspondrait à la dévalorisation de nombreuses terres."Mais certaines données ne sont pas remontées, car l'étude a été menée sur un laps de temps assez court". Lundi dernier, le Préfet de la Vienne avait d'ailleurs commenté ces résultats, sans en donner les détails, chez nos confrères d'Ici Poitou. "Il a annoncé des faillites d'exploitations, sans dire dans le même temps qu'il allait se battre pour le sauver" regrette François Turpeau, président de la Coordination Rurale de la Vienne. "Ce qu'on veut, c'est que ces impacts soient pris en compte lors de l'adoption de la délibération en Sage Clain, et que l''étude soit rendue publique" a demandé Nicolas Giraud, qui va plus loin. "Le Préfet peut très bien demander une non-application de l'étude Hmuc". Selon lui, une décision de protection de l'agriculture et de souveraineté alimentaire de 2023 pourrait faire jurisprudence. "Et contrairement à ce que dit l'EPTB, le PTGE n'impose pas une telle étude Hmuc". Une décision que le Préfet ne prendra certainement pas seul, sans consulter les instances nationales. "Nous devons faire remonter au Préfet des choses à mettre en œuvre" précise François Turpeau. Pour Aurélie Fleury, si la FNSEA participe systématiquement aux différentes sollicitations et participe au travail, c'est avant tout "la chambre d'agriculture qui est et reste le lieu institutionnel légitime pour porter les réponses techniques et territoriales aux enjeux agricoles. C'est donc vers elle que doivent se tourner les pouvoirs publics pour construire des solutions de fond".
On ne comprend pas
Dans un communiqué signé Vienne Nature, la LPO, UFC Que choisir, Stop Pesticides et Greenpeace Poitiers, ces différentes associations dénoncent le projet d'AUP de 2025, qui prévoit 28 millions de m3 d'autorisations de prélèvement, dont 6 qui correspondent aux volumes des 30 réserves de substitution, et qui devraient donc être supprimés lors dès leur mise en œuvre. "Dans les cinq dernières années, les irrigants ont prélevé en moyenne 14 millions de m3. Le projet d'arrêté satisfait la tactique habituelle des gros irrigants : obtenir un volume théorique le plus élevé possible, car lorsque la ressource baisse, il y a des restrictions".
Lire également l'article concernant la position du préfet et l'interdiction de la manifestation de Bassines Non Merci.