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Installation
Loin de la capitale, Elsa renoue avec l’histoire familiale

À 25 ans, Elsa Favriou a trouvé sa voie dans le maraîchage diversifié. Depuis plus d’un an, elle remet en culture les terres de ses grands-parents, à Vitré.

« J’ai changé de champ » ! plaisante Elsa Favriou, elle qui avait choisi de faire carrière dans le chant lyrique. La voilà maraîchère à Vitré, sur l’ancienne ferme de ses grands-parents (et arrière-grands-parents).
© Léa Calleau

Elsa Favriou n’est pas née dans les Deux-Sèvres et rien ne prédestinait cette jeune étudiante au conservatoire de Paris, à l’aube de sa carrière de chanteuse lyrique, à devenir maraîchère à Vitré. Rien, hormis la ferme de ses grands-parents, dont elle était très proche et qui est restée sans repreneur après le décès de sa grand-mère, en 2016. « Dans ma famille, personne n’avait la capacité agricole. J’ai eu un déclic à ce moment-là », témoigne Elsa. Elle passe son BPREA et travaille dans des exploitations très différentes aux quatre coins de la France.

« Je me suis pris au jeu et je suis tombée amoureuse du métier ».

En avril 2020, quatre ans plus tard, elle est officiellement installée. C’est le début des Jardins d’Elsa.

Une houe et un trait poitevin

Sur une surface totale de 3,5 hectares, Elsa cultive 9 000 mètres carrés grâce à une association avec une autre maraîchère, Marie-Agnès Hipeau. « Elle manquait d’espace, moi de temps. On se donnait des coups de main régulièrement ». Aujourd’hui en GIE, les deux agricultrices décident ensemble de passer à la traction animale. « J’ai fait le choix en m’installant de limiter le recours aux énergies fossiles, explique Elsa. Il y a déjà suffisamment de plastique sur la ferme, avec les tuyaux d’arrosage, les bâches… Mais sans mécanisation, le temps de travail est doublé. J’utilise une houe à main pour sarcler en marchant. Au bout d’un moment, j’ai cherché à limiter la fatigue ».

Un trait poitevin mulassier, issu de l’élevage de race locale « De Khan », l’aide à limiter l’enherbement.

La traction animale reprend de l’ampleur dans la vigne, mais aussi en maraîchage. Les artisans font des outils plus ergonomiques et légers. Ce n’est plus comme dans les années 50 » !

Le juste prix

Pour commercialiser ses produits, la maraîchère passe par Le clic paysan, une plateforme en ligne, et depuis peu le Local Shop, un click and collect pour récupérer ses paniers directement chez les producteurs. « J’avais commencé un partenariat avec des restaurants, comme La Fabrik locale à Niort, mais aujourd’hui ils ne savent plus sur quel pied danser, quelle quantité commander. J’attends un retour à la normale pour poursuivre avec eux. C’est toujours intéressant d’avoir ses produits sur une carte ».

Côté restauration collective, Elsa ne mâche pas ses mots : « Il faut que les mentalités changent. Il n’est pas normal que les collectivités nous demandent de baisser de 2 à 3 € le kilo de tomates, en disant qu’il est impossible de demander aux parents de payer 20 centimes de plus le repas de leur enfant.

Le juste prix, c’est celui que l’on fixe », soutient-elle.

Entourée

Ce qui a le plus aidé Elsa depuis son installation ? L’entraide entre collègues, répond-elle sans hésiter. « On est un peu tout seul sur notre ferme, parfois c’est difficile. L’entraide permet d’affronter les soucis ». La solidarité entre maraîchers lui a redonné le moral cette année où les problèmes climatiques se sont succédé. « La pluie n’est jamais tombée au bon moment. J’ai dû arracher toutes les tomates. Avec Marie-Agnès, nous faisons nos semences nous-mêmes. En février, on chouchoute nos plants, puis on voit les beaux fruits au début de l’été. Trois semaines après, ils sont tous noirs… Même avec les traitements autorisés en bio, on n’a pas réussi à les sauver. C’est dur ».

En 2021, d’importants changements ont été menés sur la ferme : le verger des grands-parents est passé en agriculture biologique. « Je produis des fruits maintenant », se réjouit Elsa. En septembre, les pommes du verger pourront être transformées en jus ou compote. La jeune maraîchère s’est en effet lancée dans la transformation, avec des légumes tartinables pour commencer. En attendant d’avoir leur propre laboratoire, les maraîchères associées louent celui de Valérie Pineau, Les Mijotées de la belle, à Verrines. Près d’un an et demi après son installation, Elsa ne regrette pas son changement de vie. Elle continue de chanter « pour faire pousser les légumes, mais pas trop fort pour ne pas réveiller les voisins » !

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