Hmuc: nouveau report du vote pour le Clain
        
      
      
            Après avoir bloqué le Futuroscope, occupé la D 910 et la nationale 147, les irrigants ont rencontré mercredi soir la Préfète de bassin, qui s'est engagée à demander à chaque Cle de Sage de Loire Bretagne de repousser de 6 mois les votes des études Hmuc.
      
 
 
 
 
 
 
L'étude Hmuc, dans la Vienne, cela fait un moment qu'on en entend parler. Et puisqu'elle va s'imposer un peu partout en France, les conflits qui accompagnent les différents processus de cette étude dans le département, et sa prochaine application, sont regardés de près dans toute la France. "Si on lâche, c'est foutu pour ici et tous les autres territoires" lançait justement François Turpeau, président de la CR 86, après avoir rencontré le Préfet de la Vienne, lors des actions au Futuroscope, menées par l'Adiv, la chambre d'agriculture, la CR, la FNSEA et les JA86 vendredi 24 octobre (lire ci-dessous). "Économiquement, on souffre tous, et pas que dans la Vienne", ajoute Laurent Lambert, secrétaire général de la FNSEA 86. "Si on va au contentieux, il faut que tout le monde soit là" ajoute Nicolas Giraud, président de l'association des irrigants de la Vienne.
Enjeu national
Un appel qui a été rapidement entendu, puisque dès dimanche 26 octobre au soir, les Jeunes Agriculteurs Centre-Val de Loire ont annoncé un blocage de l'A10 et de l'A71 à Orléans dès jeudi midi et durant tout le week-end de la Toussaint, pour demander une adaptation pour l'ensemble du bassin Loire-Bretagne.
Un lieu évidemment pas choisi au hasard, puisque c'est là que siège Sophie Brocas, préfète coordinatrice du bassin Loire Bretagne, dans lequel plusieurs études Hmuc doivent être prochainement votées, dont celle du Clain le 5 novembre et celle du bassin de la Vienne, le 26 novembre (qui avait d'abord été programmé pour le 13 novembre). La veille, le mercredi 29, les organisateurs des actions ont obtenu une rencontre avec la Préfète de bassin, mais aussi Serge Boulanger, Préfet de la Vienne. Autour de la table, des représentants des Chambres de la Vienne et du Loiret, des JA de la Vienne et du Loiret, de l'Adiv, de la FNSEA de la Vienne et de Nouvelle-Aquitaine, et de la Coordination Rurale de la Vienne. Les discussions ont été longues (plus de 4 heures et avec deux interruptions de séance!), et se sont soldées par une annulation du blocage prévu à Orléans.
"La Préfète de bassin s'est engagée à demander à tous les présidents des Cle de Loire-Bretagne de ne pas valider les études Hmuc" explique Benjamin Aucher. Le co-président des JA de la Vienne évoque un délai de 6 mois, qui devrait permettre d'intégrer les études socio-économiques, et de mettre en place un plan d'actions. S'il confirme être satisfait de ces avancées, l'agriculteur explique que c'est surtout parce qu'il pense "qu'il y a eu une prise de conscience en local, et au national. On sait maintenant que le sujet va être discuté en plus haut lieu". François Turpeau estime qu'une bataille a été gagnée, mais assure rester "vigilant. On verra comment ça va se mettre en place". Même réserve pour Nicolas Giraud, président de l'Adiv, qui évoque du "positif mais sans garantie. On attend les actes sur le terrain". La Chambre d'agriculture salue, elle, une "avancée majeure obtenue par l'unité des organisations professionnelles agricoles de la Vienne."
Après les longues discussions de mercredi 29 octobre, le travail doit donc débuter rapidement. "Nous avons proposé que le groupe de travail qui doit mettre en place un plan d'actions soit constitué des mêmes membres que la cellule de vigilance" détaille Nicolas Giraud. C'est-à-dire le BRGM, l'ARS, la Fédération de pêche, l'OFB, les producteurs d'eau potable (Eaux de Vienne et Grand Poitiers), la chambre d'agriculture de la Vienne, la DDT et l'Adiv.
Des membres qui travaillent ensemble depuis des années, notamment en se réunissant toutes les semaines durant l'été, et qui peut selon l'agriculteur "fonctionner". Cette proposition n'a pas encore été validée, mais les irrigants espèrent débuter les travaux dès la semaine prochaine."Ce plan d'actions est à construire, mais on sait qu'on va travailler sur les réserves, sur le financement, sur le réaménagement des cours d'eau" estime François Turpeau. "Il faut qu'on revoie tous les points de divergence" estime Nicolas Giraud, qui pense que les projets de Réseau'Clain ne sont donc finalement pas enterrées.
Les points de blocage
Après la réunion avec le Préfet de la Vienne, qui s'était tenue le 16 octobre à la chambre d'agriculture de la Vienne, puis celle au Futuroscope le 24 octobre, plusieurs avancées avaient déjà été obtenues : la création d'un groupe de travail pour actualiser Hmuc sur différents sujets, mais aussi un délai de 2 ans pour travailler précisément sur la situation des sous-bassins de l'Auxances, la Palu et Dive Bouleure. Une délibération devait aussi être ajoutée au vote de l'étude Hmuc, qui à ce moment était toujours prévue pour le 5 novembre. "On est tombés d'accord sur de nombreux points, mais pas sur la temporalité" expliquait Nicolas Giraud, président de l'Adiv. Dans l'étude Hmuc, il est en effet prévu deux périodes ( de mars à juin, et de juillet à octobre), pour lesquelles les volumes attribués aux irrigants seraient différents, et pas liés entre eux. "Ce qui veut dire que si le printemps est pluvieux, et qu'un agriculteur n'irrigue pas, les volumes qu'il avait pour cette période seront perdus. Et si l'été est particulièrement chaud, il n'aura que ceux de la deuxième période pour tout l'été. Nous voulons une seule période". Un argument qui ne semblait pas convaincre le Préfet de la Vienne. "Mars à octobre, ça ne peut pas être une seule et même période" lançait le Préfet de la Vienne à la presse, après sa rencontre avec les agriculteurs. Ces éléments seront donc certainement abordés dans le nouveau groupe de travail, destiné à établir un plan d'actions. "J'ai 40 ans, et je me demande ce que je vais faire" explique le céréalier qui a diversifié sa production avec plusieurs cultures, notamment des lentilles. "Soit j'abandonne, soit je résiste. Mais pour cultiver quoi ? Et puis j'ai des gosses, j'ai bien envie qu'ils mangent des choses produites localement. Surtout que je me demande si produire ailleurs, pour importer, c'est mieux ?"
Quant aux baisses d'autorisations de prélèvement liées à l'AUP, et dont les irrigants ont été avisés le 1er octobre (lire le témoignage d'un d'entre eux ), elles ne sont pas concernées par ce qui a été décidé par la Préfète de bassin, mais leur impact pour certains agriculteurs semble avoir été entendu.
Rappel des faits
À l'appel de l'Adiv, de la Chambre d'agriculture, de la FNSEA, les JA et la CR de la Vienne, des agriculteurs ont investi le parking du Futuroscope, vendredi 24 octobre vers 8h. Une centaine d'agriculteurs étaient présents, avec une quarantaine de tracteurs. Un blocage alors que le Parc attendait un public nombreux (autour de 10 000), en raison des vacances scolaires. Le Futuroscope s'est finalement organisé pour faire stationner les visiteurs sur d'autres parkings, et affichait finalement 8 500 visiteurs ce jour-là. Rodophe Bouin, directeur du Parc, était sur les lieux (avec des viennoiseries et du café) et affirmait que l'impact se limitait à la perte du chiffre d'affaires du parking payant, estimant qu'une partie de la baisse des visiteurs pouvait aussi être attribuée à la tempête qui était annoncée. L'objectif de la mobilisation était d'obtenir un report du vote de l'étude Hmuc pour le bassin du Clain (prévu le 5 novembre), pour permettre l'intégration de l'étude d'impact socio-économique. Une discussion entre les agriculteurs et Alain Pichon, président du Conseil départemental, a eu lieu vers 9h. "Tout le monde se regarde, et personne n'a envie de bouger" déplorait Laurent Sourisseau, administrateur Adiv, après cette rencontre. "On a proposé une délibération" ajoute l'agriculteur, qui n'a pas l'impression que cette proposition va être suivie. "Le mouvement va se durcir!" prévenait-il. Vers 11h, le Préfet de la Vienne, Serge Boulanger, est arrivé sur les lieux. Une rencontre avec les représentants des agriculteurs, a débuté à 11h20, dans l'enceinte du Futuroscope, avec "l'objectif d'avancer" a commenté Serge Boulanger. Vers 13h30, c'est en deux groupes que représentants de l'État et agriculteurs sont revenus de cette réunion. Les mines défaites ne laissaient pas trop de doute sur l'issue des discussions, qui ont bloqué sur la temporalité (lire ci-dessus). Vers 15h30, les agriculteurs ont quitté le Futuroscope, pour aller s'installer sur le rond-point de la folie, sur la D910, qui a été entièrement coupé à la circulation. Quelques tracteurs ont également envahi la nationale 147, située juste au-dessus, dans un sens de circulation, puis dans les deux, accompagnés par des agriculteurs à pied. Les gendarmes mobiles déployés sur place ont rapidement rejoint les agriculteurs, les ont repoussés derrière les glissières de sécurité (voir la photo), et ont obtenu qu'ils retirent les tracteurs, vers 17h30. Une heure trente plus tard, la tension est à nouveau montée quand les plaques d'immatriculation des tracteurs ont été relevées, et quand un engin pour retirer ces tracteurs est arrivé. Les agriculteurs ont finalement levé le camp un peu avant 19h pour rejoindre la mairie de Biard, et y déverser des déchets. Une action symbolique qui visait le maire de la commune, vice-président de la Cle du Sage Clain. En réaction, Grand Poitiers évoque une "tentative d'intimidation" et"en appelle à la responsabilité des organisations syndicales, pour que le débat puisse se poursuivre de manière apaisée" dans un communiqué.
Respect de la loi?
Dans leur argumentaire, les irrigants ont avancé à plusieurs reprises que le processus actuel ne respecte pas les éléments votés cet été dans la loi Duplomb, notamment l'obligation d'intégralité de l'étude d'impact socio-économique dans l'étude Hmuc. Le sénateur de Haute-Loire à l'origine de cette loi, Laurent Duplomb, s'est étonné sur les réseaux sociaux. "Que les ONG prônent la désobéissance civile, c'est leur problème, mais que des agents de l'Etat, préfet ou élus locaux, s'affranchissent de la loi dont ils sont les garants est une dérive grave et inadmissible que le ministre de l'intérieur doit traiter". Une interpellation à laquelle Serge Boulanger, Préfet de la Vienne, a répondu. "Je m'inscris en faux par rapport aux accusations envers l'Etat concernant l'eau dans le département de la Vienne. L'Etat respecte et applique la Loi, ici comme ailleurs.(...) Pour répondre à votre Loi, j'ai négocié la possibilité d'une action différenciée selon les unités de gestion afin de permettre à la profession de s'adapter (construction de réserves de stockage, changement de pratiques agricoles, adaptation du matériel d'irrigation...). J'ai même recruté un ingénieur pour apporter appui à chacun des exploitants."
 
        
     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
