Les secrets du changement climatique 6/12
Évolution à venir des pluies : incertaine, mais pas illisible


En matière de changement climatique, certaines évolutions sont plus difficiles à anticiper que d'autres. Il en va ainsi des précipitations : leur évolution à venir en France est beaucoup plus délicate à préciser que celle des températures dont la trajectoire à venir est établie par les scientifiques avec une certitude élevée. Cette difficulté nous laisse-t-elle sans possibilité d'anticipation ? Pas tout à fait.
Commençons par le plus limpide : tous les modèles climatiques s'accordent à dire que d'ici la fin du XXIe siècle le sud de l'Europe subira une baisse marquée des précipitations tandis que le nord de l'Europe connaîtra une nette augmentation de celles-ci. Ces trajectoires sont d'ailleurs déjà visibles au nord et au sud de notre continent.
Là où les choses se compliquent, c'est que les modèles climatiques ne sont pas d'accord entre eux sur la limite géographique entre la zone où les pluies s'accroîtront et la zone où elles diminueront. Suivant le modèle utilisé, cette limite se situe dans le sud de l'Angleterre ou dans le sud de la France. Ce qui fait une différence non négligeable sur l'avenir des précipitations en Nouvelle-Aquitaine !
Traduisons cela plus concrètement, en examinant l'évolution attendue des pluies hivernales et estivales dans notre région d'ici la fin du siècle au moyen des modèles climatiques disponibles.
Pour ce qui est du cumul estival des pluies, les modèles sont relativement consensuels pour notre région : les pluies estivales diminueront peu (modèle le plus humide) ou prou (modèle le plus sec), la projection médiane indiquant une diminution des pluies de l'ordre de 30 % sur l'ensemble de notre région.
Par contre, pour le cumul hivernal des pluies les modèles sont moins convergents : les pluies hivernales augmenteront (modèle le plus humide) ou diminueront un peu (modèle le plus sec), la projection médiane indiquant une augmentation de l'ordre de 10 % sur l'ensemble de notre région.
Que peut-on conclure de ces résultats apparemment contrastés ? Trois choses. La première est que, sous l'effet du changement climatique, la baisse future des précipitations estivales en Nouvelle-Aquitaine peut être annoncée avec un niveau élevé de certitude.
La deuxième est que l'évolution future des précipitations hivernales reste difficile à préciser. Autrement dit, le pari de leur augmentation certaine ne peut être fait à ce jour. La troisième est que l'augmentation à venir de l'évapotranspiration (certaine car liée à l'augmentation des températures) compensera au moins en partie tout effet d'une augmentation des pluies sur la recharge des aquifères.
Pour conclure, retenons que le contexte hydrique de notre région va donc bel et bien évoluer à l'avenir, dans un sens connu pour l'été, mais encore incertain pour l'hiver. On notera en outre que l'évolution attendue des précipitations en Occitanie est semblable à celle décrite pour la Nouvelle-Aquitaine, ces deux régions couvrant la quasi-totalité du bassin Adour-Garonne.
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