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Circulation
Traversée de bourg en tracteur : un parcours d’obstacles

Alors que les machines agricoles deviennent plus larges, les voies sont réduites à l’entrée des bourgs pour éviter les excès de vitesse. Dans de nombreuses communes des Deux-Sèvres, les agriculteurs engagent un rapport de force pour se faire entendre.

Les aménagements routiers, destinés à ralentir la circulation, compliquent les croisements entre poids lourds et machines agricoles.
© DR

Sur la D745, avant d’enjamber l’Autize et pénétrer dans le cœur d’Ardin, les véhicules slaloment entre les chicanes, puis sont ralentis dans leur course par un dos-d’âne. Après quelques virages, ils empruntent un rétrécissement devant l’école, appelé le « couloir de contention » par un agriculteur du coin, Christophe Favereau. « Avec des herses, faut s’enquiller bien droit », commente-t-il.

Jusqu’à l’autre côté du bourg, où la route est bordée de trottoirs, il est impossible de le doubler. « Les gens sont bloqués derrière moi toute la traversée du village. Ça gêne aussi les riverains. J’ai habité à côté de la route, je ne pouvais pas écouter la télévision les fenêtres ouvertes ! Les freins couinent, ça fait des vibrations jusque dans le salon ».

Difficulté pour croiser un autre engin agricole ou un poids lourd, danger en se déportant sur le trottoir, pneus et routes abîmés… Les agriculteurs tiennent les mêmes propos dans différentes communes du département, la tendance ces dernières années étant à la multiplication des chicanes et autres ralentisseurs.

Une question de sécurité pour les élus, comme le maire d’Ardin, Jean-Pierre Rimbeau, sur laquelle il souhaitait se montrer intransigeant :

Quand on est agriculteur, on est embêté par les ralentisseurs, mais quand on est père de famille, on trouve que les gens roulent trop vite. J’ai pris mes responsabilités. Je ne voulais pas attendre qu’il y ait un accident pour prendre une décision ».

Chaque jour, ce sont 1 900 voitures qui empruntent cette route départementale à travers Ardin, entre 200 et 300 camions. « Nous ne sommes plus dans les années 60, quand passait une 4 CV toutes les trois heures », insiste le maire.

Priorité aux piétons

Inquiètes face aux excès de vitesse des automobilistes (voir tableaux ci-dessous), les communes font appel à des bureaux d’études pour aménager la voirie, sous la supervision du département lorsque les routes lui appartiennent. Rémi Lavaud, responsable du bureau d’études A.R.É.A. à Bressuire, observe un changement dans la philosophie qui guide ces aménagements : « Autrefois, on faisait tout pour la route, pour que ça roule vite, bien. On mettait de l’enrobé partout, avec des places d’église bétonnées, de grands giratoires pour que les camions tournent bien. Depuis une dizaine d’années, on casse du bitume pour mettre du végétal. On privilégie les cheminements doux pour les piétons et les cyclistes. On remet des murets en pierre ».

Cette nouvelle tendance vise à maintenir la vie dans les communes rurales. « Certaines deviennent des cités-dortoirs, constate Rémi Lavaud. Il n’y a pas que les commerces qui maintiennent des communes en vie. C’est aussi la capacité qu’ont les habitants de s’approprier leur village, d’y avoir une vie sociale ».

Le charme des bourgs ne va pas de pair avec des moissonneuses de quatre mètres de large. Et c’est voulu : « La priorité n’est pas de rendre facile le passage des engins agricoles et des poids lourds, confirme Sandra Benhamo, paysagiste conseillère au CAUE 79 (*). S’ils sont contraints de rouler à deux à l’heure, tant mieux ».

Excès de vitesse en Deux-Sèvres

Les exemples de Coulonges et Bressuire

Certains agriculteurs se battent pour que leurs contraintes soient prises en compte. Parfois en vain. Joseph Guérineau, aujourd’hui président de la fédération des Cuma des Deux-Sèvres, avait demandé à la préfecture, en février 2018, le droit d’emprunter une portion de la quatre voies qui entoure Bressuire, entre le rond-point « Route de Faye l’Abbesse » et l’échangeur « Alphaparc ». Une solution pour éviter de traverser le centre-ville, perdre du temps et gêner la circulation. Ce courrier (signé par tous les syndicats !) n’a jamais reçu de réponse écrite. « J’ai reçu une réponse orale, négative, en octobre 2020 », témoigne-t-il, résigné.

Du côté de Coulonges-sur-l’Autize, la profession agricole a cette fois-ci obtenu gain de cause. Alain Morisset, gérant d’une ETA, a engagé une discussion avec le conseiller municipal en charge du dossier. « Ils devaient mettre plus de chicanes au départ, explique-t-il. Ils en ont remplacé certaines par un feu intelligent (**). Il a fallu batailler un peu, ça a duré six mois. Quand la personne en face est à l’écoute et connaît le monde agricole, c’est plus facile. Il faut aussi savoir expliquer nos contraintes ».

Le dialogue et le compromis sont nécessaires pour trouver des solutions et, surtout, pour que les communes rurales puissent le rester.

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