Aller au contenu principal

Congrès de la Fnsea en Deux-Sèvres
Transformées en marché, les attentes sociétales ne sont plus une contrainte

Dans quelques jours, les 21, 22 et 23 septembre, la Fnsea tiendra son congrès en Deux-Sèvres. Christiane Lambert, présidente nationale du syndicat, assure que la prise en compte de l’environnement dans les pratiques agricoles est une nécessité.

Christiane Lambert, Fnsea, Deux-Sèvres, Agriculture
Pour Christiane Lambert, la contractualisation qui s’annonce, dans le cadre de la loi Egalim 2, amène de la sécurité aux éleveurs, malgré les contraintes que cela peut impliquer.
© DR
Le 75e congrès de la Fnsea se profile. L’édition 2020 a été perturbée par la Covid-19. Quels sont les enjeux de ce rendez-vous national au lendemain - pas tout à fait - de la crise sanitaire ?

Christiane Lambert : L’ADN d’une organisation syndicale est l’Homme. Les relations humaines, l’échange, la construction collective est notre raison d’être. La visio ne permet pas les mêmes échanges que lorsque nous nous rencontrons. Se retrouver, enfin, est le premier objectif de ce congrès, qui se déroulera dans un département méritant. L’équipe travaille depuis deux ans à cet événement. Je remercie les adhérents pour leur implication qui sera récompensée, j’en suis sûre, par le niveau des débats qui auront lieu à Niort les 21, 22 et 23 septembre.

Nous avons beaucoup de choses à construire, de réflexions à mener. La Fnsea a 75 ans. Les militants qui la composent ont la culture du syndicalisme de propositions. Pour être au plus proche des attentes de ceux qui font l’agriculture, nous devons questionner notre organisation. Les rangs des agriculteurs se composent de profils de plus en plus diversifiés. Notre structuration doit permettre à la Fnsea de rester vivante, connectée aux besoins des agriculteurs d’aujourd’hui.

Niort est la préfecture du département des Deux-Sèvres. Un département avec une activité d’élevage malmenée par la perte de l’ICHN. Comment la chaîne de valeur doit-elle se construire en agriculture pour garder, demain, une agriculture nombreuse, viable et vivable ?

Christiane Lambert : Je connais bien le département des Deux-Sèvres qui, en ce qui concerne l’élevage, ressemble au Maine-et-Loire. Je connais bien également les responsables de la Fnsea. Des responsables engagés, militants, en recherche permanente de solutions. Je vous assure que sur le dossier des ZDS, ils se sont battus comme des diables. Déterminés, ils ont agi. Raisonnables et constructifs, quand les décisions sont tombées, anéantissant tout espoir, ils ont relevé la tête, se sont mis en mode projet avec la ferme intention de trouver des solutions. Diversification des cultures, création d’ateliers de transformation, production d’énergie, valorisation des crédits carbone, construction de projets permettant l’accès à l’eau tout en préservant le milieu : les initiatives sont nombreuses.

Outre la recherche de solutions pour soigner nos cultures tout en diminuant l’utilisation des molécules refusées par la société, nous travaillons à la valorisation des services environnementaux rendus par l’agriculture à la société.

Les élus s’investissent également au niveau national avec la ferme intention de faire avancer la contractualisation. La filière vache allaitante est chahutée. Via l’interprofession, le dialogue a permis la signature d’un contrat de filière dans lequel il est fait référence aux coûts de production dans le processus de fixation du prix d’achat des animaux. Il y a des réussites qu’il faut valoriser.

Lors du congrès, le ministre de l’agriculture devrait être présent. Il pourra également évoquer les travaux qui ont conduit à une loi Egalim 2 qui rendra la contractualisation obligatoire. Cette obligation, c’est de la complexité diront certains. Mais la contrepartie de cette complexité, ne l’oublions pas, c’est de la sécurité pour le revenu des agriculteurs.

Les attentes sociétales sont souvent présentées comme des exigences qui bousculent le monde agricole. Qu’en est-il réellement ? Quels sont les éléments du compromis entre résultat économique des exploitations et respect de l’environnement ?

Christiane Lambert : Tous les journaux ouvrent sur le congrès mondial de la nature qui a lieu actuellement à Marseille. J’y serai demain (NDLR : Interview réalisée vendredi 3 septembre). Respect de l’environnement et du bien-être animal, alimentation de qualité, baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires…, ces attentes sont exprimées quotidiennement, et pas seulement par des citadins. Aussi par les habitants du milieu rural. Cette tendance à la prise en compte de l’environnement est aujourd’hui une nécessité. Devons-nous rappeler que nous, agriculteurs, sommes les premiers à subir les conséquences du dérèglement climatique ? Cette année, les moissons ont trois semaines de retard. Au printemps, les viticulteurs et arboriculteurs subissaient le gel. Consciente des enjeux actuels, notre organisation a travaillé l’an passé autour du thème : « faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture ». Outre la recherche de solutions pour soigner nos cultures tout en diminuant l’utilisation des molécules refusées par la société, nous travaillons à la valorisation des services environnementaux rendus par l’agriculture à la société. Couverture de sol, haies, prairies, cultivées et/ou entretenues par les agriculteurs ont des conséquences positives sur l’environnement : captation de carbone, préservation de la biodiversité. Nous avons travaillé pour transformer les attentes sociétales en marché. Epiterre est née. Émanation de la Fnsea et Imagin’Rural, cette structure contractualise avec des entreprises contraintes, ou soucieuses pour des questions d’image, d’atteindre la neutralité carbone. En finançant l’implantation de haies et de bandes enherbées au-delà de ce que la réglementation impose aux agriculteurs, Yves Rocher ou encore Kéring (marque Gucci ou encore Balenciaga) compensent leurs émissions. Ces pratiques vertueuses, alors rémunératrices pour l’agriculteur, ne sont plus considérées comme contraignantes.

Les réserves de substitution sont à l’origine d’une forte tension en Deux-Sèvres. Nous venons de parler environnement. Leur construction est-elle une bonne chose selon vous ?

Christiane Lambert : Le changement climatique est une réalité. Le stockage hivernal, en période d’abondance, pour disposer l’été, en période de tension, d’une eau permettant de produire, sans assécher le milieu, me semble être du bon sens. Des études d’impact sont réalisées, des projets de territoire négociés… Cette manière de gérer l’eau permet de concilier la préservation des milieux, les objectifs de souveraineté alimentaire présentés comme prioritaires pendant la période Covid et le dynamisme économique des zones rurales. Est-il besoin de rappeler que la montée des prix est la conséquence d’une baisse de production ? La population française a besoin d’une agriculture française productive. L’équilibre géopolitique mondial aussi. Selon le Giec, la perturbation des chaînes alimentaires est l’un des premiers risques du changement climatique.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

La coopérative s'est engagée dans la démarche depuis 2024.
La Tricherie mise sur la régénération
Déjà très impliquée dans les filières de qualité, comme le blé CRC ou la HVE, la coopérative La Tricherie se positionne depuis…
Près de 25 tracteurs de l'association National Tracto Cross assureront le spectacle le 31 août.
Fin août, une fête de la terre orchestrée par les JA de Mazières

Les samedi 30 et dimanche 31 août, les Jeunes agriculteurs du canton de Mazières-en-Gâtine renouent avec leur…

Marie et Tom Sabourin ont aménagé un espace de restauration devant la boutique de la ferme.
Des produits locaux dégustés direct à la ferme
Depuis la mi-juillet, la Ferme du Bois Soleil, à Sèvres-Anxaumont, propose un service de restauration. Des burgers, planches,…
Les JA 17 organiseront la Fête de la Terre les 16 et 17 juin aux Gonds.
Une Fête de la Terre qui se veut pédagogique et divertissante

La seizième édition de la Fête de la Terre des Jeunes Agriculteurs 17 se déroulera aux Gonds les 16 et 17 août. Parmi les…

Ambiance années 50 dans cette maison réhabilitée par Didier Seguin et son épouse, rue de la Martinique à Poitiers. Impossible de passer à côté de Catherine, le mannequin.
Escapade citadine, hors du temps
Le nom de la rue évoque un voyage sous les tropiques, l'intérieur du gîte fait faire un bond dans le temps. Tout cela au cœur de…
Nouveauté cette année : du tri de bétail à cheval.
Des animaux et des courses

Les différentes éditions de la Fête de la Terre ont pris pour habitude de donner un large aperçu des caractéristiques de l'…

Publicité