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Environnement
Maintenir les haies dans le paysage, l’exemple d’Oroux

Depuis 2019, la commune d’Oroux a classé 70% de ses haies. Les agriculteurs sont dans l’obligation de déposer une demande à la mairie pour tous travaux d’arrachage ou de recépage. La mesure fait débat.

Un panneau à l’entrée de la commune donne le ton.
© Léa Calleau

S’il est un sujet délicat dans les campagnes, c’est bien la gestion des haies. Propriété privée pour les uns, sanctuaire de biodiversité pour les autres, la haie fracture, autant que les parcelles qu’elle délimite.

Dans la petite commune d’Oroux, qui compte une centaine d’habitants, une démarche d’inventaire et de classification des haies a (presque) fait consensus. « Le projet est parti d’une discussion au conseil municipal, en 2017 », raconte le maire, Mickaël Chartier. « Nous avons constaté que le paysage change, des fermes sont visibles depuis la route alors qu’elles étaient cachées par les haies jusque-là. Ces dernières années, l’inondation du bourg après des pluies a révélé un problème de ruissellement ».

Que faire dans une commune de 630 hectares sans PLU ? L’article 111-22 du code de l’urbanisme va servir de base juridique pour autoriser les élus à lister des éléments de patrimoine, comme les haies, au titre d’intérêt patrimonial, paysager ou écologique.

Démarche participative ou pression collective

Avec le soutien de l’association Prom’haies et de l’Ifrée, les élus ont convié habitants et agriculteurs lors d’une première réunion publique en 2017, « capitale » pour Mickaël Chartier : « Tout le monde a pu s’exprimer, ce qui était un gage de réussite pour la suite ». Une poignée de réfractaires, agriculteurs et propriétaires des haies, a exprimé son opposition. « Ils ont entendu que les habitants et de nombreux éleveurs étaient favorables au projet », souligne le maire, qui précise tout de même : « L’idée n’était pas d’imposer de nouvelles contraintes, mais de protéger le patrimoine pour maintenir les haies telles qu’elles sont ».

Du côté associatif, l’intérêt de faire participer les habitants est double : « On forme des personnes qui deviennent expertes à leur tour et sont en meilleure capacité de dialoguer avec les agriculteurs », déclare Carole Malherbe, chargée d’études à Prom’haies.

Un comité de pilotage a ensuite réuni élus, agriculteurs et représentants de la DDT pour suivre le projet. En parallèle, des volontaires ont constitué cinq binômes pour arpenter les 90 km de linéaires, à pied ou à vélo. « Nous avons créé un système de points, détaille Carole Malherbe, autour de trois enjeux : l’eau, la biodiversité et le cadre de vie ». Haies en pente, en bordure de chemins, arbustives ou arborées… selon leurs intérêts, elles cumulent des points, ce qui détermine leur entrée dans le classement. Au final, 70% des haies inventoriées sont classées.

Dorénavant, les agriculteurs doivent demander une autorisation à la mairie, qui la transmet à la DDT, pour tous les travaux d’arrachage ou de recépage. « La DDT voulait que les agriculteurs fassent une déclaration à chaque entretien, ce qu’on a refusé », se rappellent les élus. Les entretiens réguliers des haies ne nécessitent donc pas de déclaration. « Nous avons la charge de vérifier que l’entretien est fait de manière non abusive, précise Mickaël Chartier. Dès que l’entretien n’est pas fait dans les normes, nous avons tout de suite des remontées en mairie ».

Propriété privée pour les uns, sanctuaire de biodiversité pour les autres, la haie fracture, autant que les parcelles qu’elle délimite.

Un accueil mitigé

Pour les agriculteurs possédant des terres sur Oroux, la démarche a été perçue d’un bon œil jusqu’à un certain point : « Je ne suis pas contre ce genre de projet, mais j’aurais aimé être informé jusqu’au bout. J’ai appris que c’était fait après coup », regrette Pascal Braud, céréalier à Chalandray (86) et propriétaire de 30 ha de terres sur Oroux. Il prône une méthode plus progressive : « Les mentalités évoluent en agriculture, mais il ne faut pas brûler les étapes. Faire un petit pas avec l’accord de tous, c’est mieux que contraindre des personnes dans leur espace privé ».

Du côté de la profession, on partage cette vision : « Tout ça est une affaire de partenariat. Il faut un consensus local, que tout le monde se retrouve autour de la table et se mette d’accord, avec les agriculteurs. Sinon ça ne peut pas marcher », soulève François Chauveau, président de la section céréales à la Fnsea.

Favorable à la protection des haies, Jérôme Rochard est éleveur et dispose de deux sites de 40 ha à Oroux. Pour autant, il ne jette pas la pierre à ceux qui arrachent : « Ils le font pour faire des économies, pas pour faire plus de céréales. Ça coûte très cher à entretenir et ça prend du temps. J’ai 39 km de haie en propriété et la même longueur en copropriété. Je dois passer le broyeur quatre fois à chaque entretien, je mets une heure pour 1 km… ».

Mobilisé sur le projet en tant qu’animateur à la FD-Cuma, Frédéric David défend la protection des haies (voir encadré), tout en reconnaissant que les aides PAC n’encouragent pas leur maintien : « Je mets 40 heures l’été pour passer le rotor, à 35€ par heure rien que pour le carburant. Alors 7€ par kilomètre de haie, c’est vraiment se moquer de nous » !

Au-delà des coûts et des contraintes, le vrai problème est ailleurs pour Jérôme Rochard : « Il n’y a plus beaucoup d’éleveurs à Oroux. Je suis le seul à mettre des moutons en pâturage. À chaque fois qu’on perd un éleveur, on perd des haies ».

Les aides PAC n'encouragent pas au maintien des haies, estime Frédéric David. Je mets 40 heures l’été pour passer le rotor, à 35€ par heure rien que pour le carburant. Alors 7€ par kilomètre de haie, c’est vraiment se moquer de nous.

Des outils appropriés pour entretenir les haies

« Le problème aujourd’hui porte vraiment sur l’entretien et la gestion des haies », affirme Carole Malherbe, chargée d’études à l’association Prom’haies. La mécanisation se modifie peu à peu dans les Cuma des Deux-Sèvres, équipées très largement de rotor à fléaux ou à marteaux. Responsables d’éclatement du bois, les rotors à fléaux ne doivent être, en théorie, utilisés que sur des branches d’un diamètre inférieur à 2 cm. « Les lamiers tendent à se développer en CUMA, observe Frédéric David, animateur à la FD-Cuma. Seul l'usage du lamier équipé de scies circulaires pour la coupe de branches de gros diamètre requiert un savoir-faire. L’utilisation d'un lamier équipé de couteaux est accessible à tous les utilisateurs de matériels ». À la Cuma la Vallée d’Éclette (Romans), les adhérents ont fait le choix de s’équiper d’un lamier en 2009. Avec 2,4 mètres de coupe, le lamier a permis de doubler le débit de chantier et d’éviter la projection de résidus de taille. Les adhérents ne reviendraient pour rien en arrière, certains ont même adopter une taille plus douce. À Oroux, les élus ont amorcé une réflexion sur l'achat d'un lamier avec les Cuma du coin, mais la crise sanitaire a pour le moment stoppé cette initiative.
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