Il est biographe des anonymes du quotidien
Un curé unijambiste qui construit des chapelles et élève son neveu dans une ferme en Charente, ce n'est pas une fiction. Mais l'histoire d'un anonyme que le poitevin Philippe Bouteiller raconte dans "le Froc et la brique".

Il n'écrit jamais une histoire qui ne soit pas vraie. Mais Philippe Bouteiller est particulièrement doué pour remonter le fil des vies. Cet ancien dirigeant de l'entreprise NCA environnement, qui vit aujourd'hui à Poitiers, avait fait de nombreuses recherches sur la vie de sa famille maternelle normande, il y a quelques années, et avait découvert un quotidien ordinaire, mais pourtant passionnant. Ce qui l'avait amené à écrire deux livres : les Blondel, et l'Esquinté. Cette fois, c'est une discussion avec une connaissance qui lui a donné envie de découvrir l'histoire de Jules Rolland. Un curé qui aurait vécu à Bioussac. "Mon ami me racontait que lorsqu'il était petit, il y avait un curé qui vivait dans une petite pièce au bout de la maison de ses parents. Avec ses 4 frères, ils étaient curieux d'observer cet homme à qui il manquait une jambe. Cette histoire, ça m'a complètement accroché, et ça a tourné toute la nuit dans la tête". Le lendemain, Philippe Bouteiller récupère une photo du curé, ainsi que son carnet militaire. Et part sur ses traces. Entre les visites à Irun, en Belgique, à Guernesey, à Nantes et bien sûr en Charente (où la chapelle existe toujours) ; et les recherches qu'il fait dans des services d'archives, Philippe Bouteiller retrace l'intégralité de la vie du curé. "C'est une belle histoire, qui méritait d'être racontée" s'enthousiasme-t-il. Son livre, Le froc et la brique, est sorti il y a quelques semaines aux éditions Le Lys Bleu Éditions. Sans trop dévoiler l'intrigue, on peut dire qu'il s'agit de la vie d'un curé traditionnel originaire de Nantes, qui a perdu une jambe en 1918, qui a beaucoup voyagé, a fait une école lasallienne, a passé 10 ans en Algérie, a fait son grand séminaire à Angoulême, a construit plusieurs chapelles, s'est senti trahi par Vatican II, et a adopté puis élevé son neveu, avant de mourir en 1969. "J'ai évidemment un peu romancé, mais tout est vrai !". Un ouvrage passionnant illustré avec talent par Christian Broutin, le peintre et illustrateur à qui on doit notamment l'affiche du film Jules et Jim. "Je l'ai rencontré pendant une séance de dédicaces des Blondel" s'amuse Philippe Bouteiller, particulièrement fier de cette couverture.
Ah, mon Georges!
Lorsqu'enfant, il allait chez ses grands-parents en Normandie, entre les moissons et les foins, Philippe Bouteiller se souvient que les jours de pluie étaient consacrés à l'écriture de cartes postales. Une expérience marquante qui lui a donné le goût d'écrire des petits textes : des pensées, des récits de voyage... Il vient aussi de publier près de 200 de ces écrits qui font souvent quelques lignes et au maximum une page, dans un livre "Ah, mon Georges !".