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Hmuc : l’étude fait toujours des remous

  L’étude Hmuc devait être ratifiée mercredi dernier. Mais ce vote est reporté. Le document est largement critiqué, notamment par les agriculteurs irrigants et certaines collectivités, qui s’étonnent qu’il ne présente pas d’enquête d’impact.  

«Il faut une vision globale quand on prend une décision aussi importante. Elle va nous orienter sur la consommation d’eau sur de nombreuses années», estime Alain Pichon, président du Département.

Les restrictions des usages de l’eau pour l’agriculture restent le sujet d’actualité du monde agricole ces derniers jours. C’est la désormais fameuse étude Hydrologie milieux usages climat (Hmuc), réalisée par l’Établissement public territorial du bassin de la Vienne (EPTB) sur le bassin du Clain qui est l’objet de toutes les attentions. Elle devait être soumise au vote mercredi dernier. Mais les nombreuses dissensions de différentes parties prenantes sur son contenu ont amené les élus du Sage Clain à reporter cette élection. Il faut dire que le document a du mal à passer. La semaine dernière, devant une soixantaine de maires et d’élus locaux, Alain Pichon a souligné que « l’étude a manqué de communication ». Pour le président du Département, elle est « absolument incomplète » et souffre d’« incohérences. Il est indispensable de tout regarder : les impacts humains, économiques, touristiques. Il faut une vision globale quand on prend une décision aussi importante que celle de voter une étude Hmuc. Elle va nous orienter sur la consommation d’eau sur de nombreuses années, et sur l’avenir des réserves de substitution. » L’élu regrette que tous les acteurs de l’eau ne se soient pas retrouvés pour l’élaboration de ce rapport. « On arrive à un blocage car on ne trouve pas quelque chose d’équilibré pour les usages de l’eau. Mettons-nous autour de la table pour entendre les points de vue de chacun » a répété Alain Pichon à plusieurs reprises. Joëlle Pelletier, vice-présidente en charge du développement durable au Conseil départemental, et siégeant au sein de la commission locale de l’eau (Cle), estime qu’ « il n’y a pas assez d’éléments qui permettent une réflexion mature pour prendre une décision. Il est essentiel d’avoir des positions consensuelles. On a eu 3 versions du rapport. Il y a des scénarios modifiés avec des bases de calculs modifiées. C’est ce qui nous pose problème. » De son côté, le Préfet de la Vienne insiste sur la nécessité de «  concilier les points de vue ». Face à plusieurs agriculteurs irrigants réunis à la SCEA de la Plaine à Jaunay-Marigny,  Jean-Marie Girier rappelait en même temps ( citant les résultats d’une enquête conduite par les DDT, à partir de premiers chiffres donnés dans l’étude Hmuc), que les volumes prélevables l’été pour l’irrigation allaient baisser de 73 % sur le bassin du Clain.

Disparition de l’élevage?

Une diminution qui inquiète  évidemment déjà les agriculteurs qui étaient présents. Éleveur laitier à Jaunay-Marigny, Laurent Lambert estime que la remise en question de l’irrigation met en péril l’existence de son cheptel. « L’irrigation a été mise en place sur l’exploitation pour nourrir le troupeau. Aujourd’hui on veut nous la supprimer. Je ne vais pas aller courir des surfaces pour nourrir des vaches. C’est une grave erreur de faire disparaitre la polyculture-élevage dans notre département. S’il le fallait, je m’adapterais. Je n’aurais plus de salariés, ferais des céréales sur mes 200 ha. Mais faire du maïs sur mes 50 ha de prairies, pour la biodiversité, pour la qualité de l’eau, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure solution ! » Nicolas Giraud, le président de l’Adiv, souligne qu’on «redit aux élus locaux qu’ils doivent être vigilants sur l’étude Hmuc Clain. Notre réalité de terrain doit être prise en compte. On espère que nos points de vue seront pris en compte.» En faisant visiter l’entreprise semencière Cérience, à Cissé, son directeur général adjoint, Denis David prévient que « le manque de possibilité d’irrigation demain conduirait à la disparition de toutes les variétés semences présentes dans la Vienne: fourragères, potagères luzerne, oléo-protéagineux. Ce qui aboutirait à un modèle unique de grandes exploitations céréalières, qui supprimerait toute cette biodiversité et les objectifs environnementaux que l’Europe s’est fixé. » À partir des baisses de prélèvements envisagées, Denis David a calculé que la perte globale au niveau du réseau d’agriculteurs de Cérience, s’élèverait à 6 M€sur la Vienne, « avec localement 45 ETP en jeu, et 968 saisonniers. Et à l’échelle de Cérience : c’est potentiellement 8,60 M€ d’impact qui serait de nature a envisager des restructurations. En cas de baisse d’activité, on n’emploierait plus de salariés, puis les permanents passeraient en chômage technique. » A l’heure où nous mettions sous presse, le plan Sécheresse d’Emmanuel Macron n’avait pas encore été dévoilé. Nous reviendrons sur le sujet dans notre prochaine édition.

 

L’exemple de la Vendée
Pour cette rencontre avec les maires de la Vienne, un conseiller départemental de Vendée, Arnaud Charpentier, avait fait le déplacement pour évoquer les 20 réserves de substitution créées depuis 20 ans dans son département, et portées par le syndicat mixte Vendée Sèvre Autize. « Elles ont permis de substituer 8,8 millions de m3 d’eau. On a réduit de 60 % les prélèvements estivaux, ce qui représente moins de 0,1 % des précipitations de l’eau qui repart à la mer. Ce stockage n’impute donc en rien la gestion du milieu. Cette eau stockée a favorisé le maintien de 1 400 emplois dans le secteur de l’agriculture. Il y a aussi un intérêt environnemental. Avec une baisse de 60 % de prélèvement, les nappes en période estivale sont maintenant entre 1 et 3 m au-dessus du niveau de celui observé dans les années 90. En stockant de l’eau en hiver, on a maintenu de l’irrigation pour le monde agricole, aussi au profit du maintien de l’élevage, assurant de l’économie sur le territoire. » Et l’élu vendéen de rappeler que 74 communes, le Département, les associations environnementales, les associations agricoles, la chambre d’agriculture, les fédérations de pêche et de chasse… ont l’habitude de travailler en concertation sur l’élaboration des textes portant sur les études Hmuc localement.
 
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