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Coopératives
Engraissement : des actions pour développer la production

Face à la décapitalisation et aux montants élevés du maigre, Terrena, la Caveb et Feder mettent en place des aides pour développer les places d’engraissement sur le territoire. Passage en revue des différentes stratégies menées.

© réussir

Terrena : un package et une sécurisation sur 7 ans

 

Le nouveau plan viande dévoilé par Terrena en 2024 a pour objectif de créer 42 000 places de jeunes bovins sur cinq ans afin d’atteindre une production de 85 000 JB par an, et ce malgré une érosion d’environ 3 % par an. La coopérative a sorti les gros moyens pour proposer un package aux éleveurs qui monteront un atelier d’engraissement d’au moins 100 places, « qui va au-delà d’un contrat de sécurisation », souligne Daniel Manceau, responsable technique et développement des filières amont chez Terrena.

Sur la partie financement, la structure co-finance le projet à moyen et long terme auprès des banques jusqu’à 185 000 €. Elle s’engage également sur l’achat d’équipements (pesée, couloir de contention, quai de chargement et cellules à concentrés) à hauteur de 30 000 € et, au global, apporte une caution de 30 % des montants totaux investis.

 

Des aides par création de place

 

Sur les aides spécifiques à la production, des subventions directes sont allouées par place. Elles oscillent entre 50 € (pour des investissements de moins de 1 000 € la place) à 150 € au-delà de 2000 €. Par rapport à l’exigence court terme de l’achat des broutards, la coopérative propose des avances à hauteur de 1 500 € par animal, qui seront reprises à l’apport des animaux, « à des taux intéressants ». Sur cette partie, là encore, Terrena se porte caution sur 30 % des montants.

 

Un équilibre sur sept ans

 

Enfin, la coopérative propose une garantie de marge pendant sept ans. « On établit un coût de production dès la rentrée de l’animal, et donc un prix de revient, avec une marge garantie, qui est actuellement de 312 € par place et qui est indexée sur le Smic. En se basant sur le prix réel du broutard et sur treize itinéraires techniques, un calcul est ramené au poids de l’animal et détermine un prix de vente de kilo carcasse. Quand l’animal sort, selon que les prix soient plus hauts ou plus bas que ce montant fixé, le différentiel est versé dans une caisse individualisée. L’effet ressort entre le gras et le maigre est ainsi annulé. Si la caisse est négative au bout de sept ans, cela agit comme une subvention de Terrena. Si elle est positive, elle est reversée à l’éleveur sous forme de complément de prix ».

Avec ce package, Terrena a vu la création de 3 000 places depuis 18 mois chez 17 producteurs. Une cinquantaine de projets sont actuellement à l’étude sur l’Ouest.

À l’issue des sept ans, les producteurs basculent sur un contrat triennal avec une sécurisation conjoncturelle, qui se caractérise par un prix minimum ou bouclier tarifaire en cas de baisse des cours, selon les contrats. Actuellement, sur les 40 000 taurillons chez Terrena, 30 000 sont contractualisés.

 

Caveb : un système de financement à taux 0 et des débouchés en femelle

 

Différents contrats existent à la Caveb pour financer le maigre, d’autant plus importants au vu de la hausse des prix depuis 18 mois. L’organisme propose ainsi des solutions de financements partagés avec les partenaires bancaires. « Nous pouvons nous porter caution pendant deux ans mais ce n’est pas la solution la plus mobilisée par nos adhérents, qui ne nous mettent pas forcément dans la boucle pour le court terme », rend compte Anne Porchet, la directrice de la Caveb.

En revanche, le système de financement à taux 0 est davantage privilégié par les porteurs de projet et ceux qui souhaitent développer leur atelier. Le montant est néanmoins plafonné à 800 €, ce qui représente moins de la moitié d’un broutard, mais la coopérative a fait le choix de maintenir ce socle de prix pour en faire bénéficier un maximum d’éleveurs.

Si la Caveb constate un peu moins de mise en place d’ateliers d’engraissement qu’en 2024, « les ateliers en parallèle d’un cheptel souche sont des options que l’on étudie de plus en plus », certifie la responsable.

 

Les femelles aussi

 

Alice Poilane, responsable technique en bovins, insiste également sur l’engraissement un peu oublié des femelles, caractérisé par la filière bœuf Prim’herbe, contractualisée avec Carrefour depuis 2020. « La production de laitonnes grasses est un produit qui correspond aux attentes des consommateurs. Il y a une demande du marché et une garantie de prix pour la sortie des animaux », présente la technicienne. Ces animaux, écoulés pour le marché national, sortent à 18 mois, autour de 350 kg, pour du libre-service en GMS.

 

Étudier de nouvelles manières d’engraisser

 

La structure s’est engagée depuis l’année dernière dans le programme Efficasse (pour efficience alimentaire des systèmes d’engraissement bovins viande en Nouvelle-Aquitaine) pour collecter des données d’itinéraires déjà en place visant à réduire la part du maïs dans la ration. L’ajout d’autres types de fourrages pour apporter de l’azote (herbe, méteil, lupin, luzerne…) est étudié. Huit élevages de la zone sont concernés par ces suivis pendant deux ans, qui visent aussi la qualité des carcasses et les performances globales des animaux de boucherie.

 

 

Feder (Corel) : un accompagnement pour toutes les places d’engraissement

 

Feder, l’union de coopérative dont fait partie la Corel, apporte un financement aux éleveurs pour faciliter administrativement les besoins en fonds de roulement. « On porte le prix du maigre jusqu’à ce que l’animal ressorte. On en retire alors le montant au moment où il est envoyé à l’abattoir, le tout à des taux préférentiels », indique Yves Jehanno, responsable commercial export à Feder. Un accompagnement qui ne se limite pas aux nouvelles places d’engraissement, « dans une volonté de promouvoir l’acte de production ». Cela concerne, en Deux-Sèvres, 1 192 places dans 21 élevages.

Cet accompagnement est une nécessité, au vu des montants immobilisés, avec le phénomène de la hausse du prix du maigre et des volumes liés à la contractualisation couplés à la décapitalisation du nombre de femelles productives. Résultat : le financement à hauteur du capital social de l’union des coops a suivi la courbe de cette hausse, soit quatre fois plus en dix ans.

 

Produire des animaux lourds

 

De nombreuses vaches sont rapatriées du centre de la France vers l’Ouest. « On préfère déplacer les animaux vers la nourriture que le contraire car cela représente moins de tonnage. Dans le secteur, les exploitants savent produire le maïs ensilage nécessaire dans la ration », développe le responsable.

La contractualisation avec sécurisation des prix séduit aussi les engraisseurs, qui produisent des animaux lourds afin d’obtenir une rentabilité d’atelier optimale, dans un marché demandeur de volumes.

 

Réduire l’utilisation d’antibiotiques

 

Feder a développé depuis deux ans un contrat « Egalim broutards préparés » afin de produire des broutards vaccinés, dans un contexte de réduction de l’utilisation des antibiotiques sur les problèmes respiratoires, qui arriveront en atelier d’engraissement et sur lequel il n’y aura pas besoin de refaire un protocole sanitaire. Il intègre le prix du coût de la vaccination et de la manipulation mais nécessite le respect d’un cahier des charges, avec notamment un poids de sortie à respecter. Une manière indirecte de ne pas faire partir les broutards vers Italie.

Yves Jehanno, qui milite pour la conservation de cette activité économique sur le territoire français, avance également que le marché français représente un débouché sécuritaire, alors que l’export a été bloqué pendant une quinzaine de jours fin octobre suite à la DNC.

 

 

 

 

 

 

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