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Soutien aux agriculteurs
Christiane Lambert en visite exceptionnelle en Deux-Sèvres

Jeudi 10 novembre, Christiane Lambert, présidente de la Fnsea, s’est déplacée en Deux-Sèvres pour échanger avec les agriculteurs sur les dossiers chauds du moment. Sur le sommet de la pile, celui des réserves de substitution.

"Merci pour votre résilience et tenez-bon. » Christiane Lambert comme la préfète des Deux-Sèvres ont assuré leur soutien aux agriculteurs qui font face à des oppositions violentes en lien avec les retenues d’eau de substitution.
© Chloe Poitau

Le déplacement a été programmé à la dernière minute, loin des agendas officiels. Le 10 novembre au matin, Christiane Lambert était aux Ruralies, à Vouillé, en réponse à l’invitation de la Fnsea 79 et des JA, et aux côtés de la préfète Emmanuelle Dubée.

Après des échanges sur la conjoncture (prix agricoles, grippe aviaire, inflation, etc.), quatre irrigants du secteur de Sainte-Soline sont venus témoigner de ce qu’ils avaient vécu les 29 et 30 octobre, lors de la mobilisation des anti-bassines. « Ma maison surplombe la plaine, je voyais des scènes d’émeutes dans mes champs, évoque Arthur Perrault, 29 ans, éleveur caprin à Sainte-Soline. Cet orage est passé mais il y en aura d’autres. ».

Jany Bordevaire, l’un de ses voisins éleveur bovin, entame sa prise de parole en rendant hommage aux blessés, ainsi qu’aux équipes (de la profession et des gendarmes) qui ont accompagné la sécurisation du site. La sonnerie de son téléphone l’interrompt : un notaire à Chef-Boutonne en charge d’un dossier foncier propre à la réserve fait face à rassemblement d’opposants devant son cabinet.

C’est une gestion de crise de plus pour l’éleveur. « Il faut trouver une solution pour que vous n’ayez plus à faire que cela. Vous avez des familles, un métier à tenir, affirme, résolue, la patronne de la Fnsea. Vous êtes tout de même du côté du droit ! ». Pour l’éleveur, c’est la « gestion collective du dossier » et la solidarité entre agriculteurs de la zone qui le fait tenir.

Des attaques qui dépassent les réserves

Mobilisée sur les plateaux TV pour évoquer le sujet des réserves, Christiane Lambert constate un changement progressif dans l’opinion : « Des journalistes et personnalités politiques posent des questions pertinentes, adoptent un discours plus équilibré sur le sujet. Le vent tourne. Sainte-Soline a été une découverte pour le reste de la France. Une ligne rouge a été franchie par les opposants. Elle va les desservir ».

Pour autant, pédagogie et sang-froid restent de mise. « Je porte la voix de tous les agriculteurs que j’ai rencontrés ces temps-ci en France : ils vous transmettent leur admiration de ne pas aller au contact, de rester calmes », a continué la présidente syndicale.

Au cours de la réunion, les mobilisations écologistes contre l’usine de boulangerie Bridor, en Bretagne, sont évoquées. Motif des manifestants : artificialisation des terres et mise en péril de la ressource en eau. Réponse de Bridor : la délocalisation. A Vouillé, une idée fait consensus : ce ne sont pas que les réserves qui sont attaquées, cela va au-delà, dans une logique anticapitaliste radicale. En menant à terme le projet des réserves, « on se bat pour l’agriculture en France », entend-t-on rappeler.

Loin de l’agrobusiness

L’après-midi, une délégation de la Fnsea79 a accompagné Christiane Lambert sur le site de la réserve de Mauzé-sur-le-Mignon. Deux jeunes éleveurs caprins, raccordés à la SEV17, ont témoigné des menaces et du harcèlement dont ils font l’objet.

Faisant face à la présence récurrente d’opposants dans leurs champs, leur quotidien est compliqué. « Nous n’avons pas demandé à ce que la réserve soit implantée là*. Elle l’est, et sans les volumes qu’elle nous a permis d’avoir cet été (85%** de 57000m3 pour des cultures destinées à alimenter le troupeau de 400 chèvres), nous n’aurions pas continué l’élevage».

Quand on les taxe d’agrobusinessmen, les frères Baudouin, qui ont repris la ferme familiale en 2012, sourient : « si on avait les voitures, ou mieux, le compte en banque d’agrobusinessmen, on le saurait ! ». Ils sont fatigués des reproches que les opposants leur mettent sur les épaules.

Pour eux, les engagements du protocole pour une agriculture durable sont respectés, voire dépassés : « Nous avons planté le double de haies requises, soit 1,2 km. On voulait finir le linéaire mais on ne l’a pas fait, sur les conseils d’une asso environnementale, pour laisser un couloir aux chauve-souris. C’était en 2019, du temps où on se parlait encore. On se regardait en chien de faïence au début, mais après on s’apprenait plein de choses les uns les autres ». Depuis, selon eux, ces associations ont été parasitées par des personnes ultra militantes, moins ouvertes au dialogue. 

*Les implantations ont été définies lors de la phase d’étude du projet, dans l’optique de rationaliser le recours aux forages, de desservir un maximum d’agriculteurs autour et selon le foncier disponible.

** L’hiver dernier, la réserve n’a été remplie qu’à 85% car c’était l’année de sa construction et que le seuil limite autorisé pour les prélèvements a été atteint.

 

Expliquer, toujours expliquer

La journée en présence de Christiane Lambert a été l’occasion de rappeler combien le protocole signé en 2018 (qui implique des engagements environnementaux de la part des irrigants bénéficiaires des réserves) est un modèle « scientifiquement pertinent. Communiquer dessus est un travail de fourmi, a déroulé la patronne de la Fnsea. On ne veut pas l’eau pour l’eau. On la stocke en contrepartie d’engagements. Baisser les phytos n’est pas une perspective lointaine : on le fait déjà ! Je reviens du salon du machinisme agricole, il est fini le temps des injonctions à produire plus propre : on a enfin la technique pour le faire à grande échelle. Mais il faut garder la rentabilité pour acquérir ces systèmes innovants ».  Au cours de cette visite, une nouvelle tombe : des réserves d’eau ont été dégradées en Vienne, dont une réserve incendie, sans lien avec l’irrigation, sur le site d’une coopérative agricole. Face à la bêtise, expliquer et dialoguer sont plus que jamais une nécessité.
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