Aller au contenu principal

Installation
Amandine tisse son parcours au fil du mohair

En reconversion, Amandine Boiron a choisi de se tourner vers les chèvres angoras, ce qui lui permet de développer sa créativité à travers l’élaboration de vêtements naturels et éthiques. Une différenciation à son image.
 

La ferme porte le nom « Accroche-Cœur » en référence à Joséphine Baker et sa mèche bouclée.
© L.C.

L’accueil est chaleureux, à la Ferme de l’Accroche-Cœur. Quand ce n’est pas Jabba, le border collie, qui sollicite les nouveaux venus pour des caresses, ce sont les chèvres angoras qui quémandent de l’attention. Nirvana, le bouc, ne décolle pas d’un sabot sans avoir son quota de gratouilles entre les cornes, laissant une entêtante odeur sur la main. Familiers, presque domestiques, ces chèvres-là sont différentes. Élevées ni pour leur lait, ni pour leur viande, elles ont droit à un traitement à la hauteur de la noblesse de leur toison, le précieux mohair.

Amandine Boiron, la bergère de ce petit troupeau de 19 têtes, les bichonne avec soin sur la ferme familiale, à Vouillé. Fille du minotier Boiron, elle a toujours baigné dans l’univers de la ferme, au contact avec les animaux. « J’ai fini par mener à bien le projet dont je parlais depuis dix ans. Quand j’étais au lycée, j’hésitais entre la danse et l’agriculture, raconte-t-elle. Sur les bons conseils de mon entourage, j’ai choisi la danse et c’était bien ainsi. Je n’aurais pas pu faire l’inverse et devenir danseuse aujourd’hui ! Mais pendant toutes ces années, l’agriculture trottait toujours dans ma tête ».

 

Quand des personnes achètent un pull ou des chaussettes en mohair, ils soutiennent toute une filière.

Un événement déclencheur dans sa vie personnelle lui fait franchir le pas. Le rythme de la danse est alors remplacé par celui du soin aux animaux. Le choix de l’élevage s’est porté sur les chèvres angoras : « Je peux garder tout le monde, femelle comme mâle. Il y a une dimension créative dans la transformation du mohair qui me correspond. C’est aussi plus facile en étant seule sur l’élevage ».

Ouvrir une boutique, et sa ferme

À 33 ans, Amandine a décidé de commencer l’élevage pendant son parcours à l’installation avec la chambre d’agriculture. « Il faut compter cinq ans avant que l’élevage soit bien ancré et que l’activité devienne rentable », souligne-t-elle. Un troupeau de cinquante chèvres minimum assure une productivité. Le projet tient ensuite dans la capacité d’Amandine à vendre ses produits. « Je vais bientôt créer une boutique à la ferme, que j’aimerais faire visiter dans un but pédagogique, annonce-t-elle. J’expliquerai comment j’élève les chèvres, la transformation du mohair… Je vise plutôt des gens de passage l’été et les locaux l’hiver, lors de marchés festifs ».
Elle souhaite leur communiquer sa satisfaction de confectionner des vêtements naturels et éthiques. « Quand des personnes achètent un pull ou des chaussettes en mohair, ils soutiennent toute une filière, assure-t-elle. Ils comprennent qu’ils ne trouveront pas ces vêtements ailleurs ».

 

Transformation rapide

La première tonte des chèvres a eu lieu cet hiver, en février. Amandine a livré 30 kg de laine brute au groupement Mohair des fermes de France. « Les premiers éleveurs de chèvres angoras ont commencé il y a trente ans en France. Ils se sont tout de suite regroupés pour développer un réseau de transformation de la laine ». La matière est envoyée à des laveurs et cardeurs dans le nord de l’Italie, ces métiers ayant disparu dans l’hexagone. « La teinture, le tricot et le tissage sont des savoir-faire encore pratiqués en France ».
Amandine a suivi une formation avec le groupement pour apprendre à trier la laine en différentes catégories selon sa finesse et son rendement lavage. « L’organisme m’a permis de m’installer et de faire transformer mon produit tout de suite », reconnaît-elle avec gratitude. Lors de la visite d’une entreprise de tissage, Amandine a observé la grande attention portée au fil : « C’est émouvant de voir toutes ces petites mains travailler mon produit. Ils sont partie prenante de sa réalisation, c’est génial » !
 

Le mohair, une fibre laineuse haut de gamme

Plus léger que la laine, plus doux, le mohair se classe dans une catégorie supérieure. Sa fibre brillante reçoit mieux les teintures et peut ainsi prendre des couleurs intenses. Les chèvres angoras, originaires de la ville d’Ankara en Turquie, sont principalement élevées en Afrique et aux États-Unis. La population de chèvres angoras atteint les 3 000 têtes en France. Ce sont 9 tonnes de mohair brut transformées chaque année.
Leur élevage se fait au pâturage « quand il fait beau, nuance l’éleveuse Amandine Boiron. Leur toison se gorge d’eau et met du temps à sécher ». Herbe, foin et granulés composent leur alimentation, que la bergère espère faire évoluer en fabriquant elle-même les concentrés avec un mélange fermier. Le suivi génétique est assuré par Capgènes, qui accouple les animaux en fonction de différents critères portant sur la laine : finesse, poids de toison, rendement lavage, homogénéité… « Le suivi génétique a permis de faire du mohair français l’un des beaux au monde ».

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

L'atelier des 6 Vallées réunit des producteurs de la Vienne et des Deux-Sèvres.
L'Atelier des Vallées prend forme
L'atelier collectif de découpe et de transformation de produits locaux des Vallées devrait voir le jour début 2026 à Coulombiers…
Les membres du syndicat de la race Limousine des Deux-Sèvres ont acté une présidence partagée entre Bruno Valadeau et Killian Girault.
Deux présidents pour la Limousine

La présidence du syndicat deux-sévrien de la Limousine est désormais partagée entre Bruno Valadeau et Killian Girault, un…

Baptiste Conreaux amène les commandes de fruits, légumes, jus et œufs à la porte de ses clients.
Des produits locaux livrés à domicile

Si la demande de livraison de fruits et légumes locaux était forte pendant la crise sanitaire, elle s'est bien estompée ces…

Laurette Didière vient de créer son agence Charentes In Flow.
Découverte touristique sur-mesure des Charentes
Laurette Didière créé une agence de tourisme réceptive : Charentes In Flow.
La Chambre d'agriculture de Charente (représentée par son président Christian Daniau) a porté le dossier pour tout le Poitou-Charentes. Aux manettes : le service Environnement, dirigé par Audrey Triniol.
La MAEC zone intermédiaire financée en intégralité
Tous les agriculteurs éligibles à la mesure agro-environnementale et climatique "zone intermédiaire en Poitou-Charentes", qui en…
Guillaume Roux et Cassandra Bœuf veillent sur leurs escargots.
Nouveaux anges gardiens pour les cagouilles
Cassandra Bœuf et Guillaume Roux ont repris la Cagouille charentaise, à Mons. L'exploitation hélicicole va déménager dans les…
Publicité