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Caprin
« Nous aurons des mises-bas à l'automne »

Le confinement a fait peser quelques incertitudes sur la collecte de données zootechniques en élevage et le maintien des inséminations animales. Entreprises et éleveurs se sont adaptés, assurant le nécessaire pour ne pas ébranler la production des mois à venir.

Olivier Danel a fait lui-même ses pesées pour obtenir quelques données zootechniques.
© Olivier Danel

Olivier Danel, éleveur de chèvres à Villiers, commune de Mauzé-Thouarsais, ancre la performance technico-économique de son élevage sur la valeur génétique des animaux et les données zootechniques de l’élevage. Les décisions qui concernent les ajustements de la ration, les réformes, la santé des animaux sont orientées par les indicateurs calculés à partir de ces informations. À la tête d’un atelier hors sol de 320 chèvres de race alpine, l’éleveur doit son niveau de vie à la qualité de ces informations et leur traduction en langage technique. Le respect des protocoles, tant lors des étapes de reproduction que de mesures des performances laitières, garantit la qualité des données exploitées.

Olivier, comme tous les éleveurs qui travaillent la génétique, s’est vu privé de ces repères au début du confinement. Effectivement, fin mars, alors que les Français se protégeaient du Coronavirus en restant chez eux, les entreprises d’insémination et de contrôle de performance, dans l’incapacité d’assurer rapidement la sécurité des salariés et des éleveurs, suspendaient leur activité. D’abord aveugles pendant quinze jours, les éleveurs, alors que l’activité reprenait, se préparaient à composer avec des indicateurs dégradés.

S’adapter, une priorité

Conscient des conséquences de cette absence de repères dans les élevages, le contrôle laitier, décidé à accompagner ses adhérents, s’est adapté. La réalisation de contrôles dérogatoires a été proposée aux éleveurs. « Sur les 110 élevages qui utilisent le lactocorder, 60 ont opté pour cette solution », comptabilise Rémi Couvet, responsable de l’activité caprin au Saperfel. En possession du matériel déposé la veille par les agents de pesée, l’éleveur procédait, seul, avec ou sans échantillonnage, au contrôle. « J’ai opté pour cette solution mi-avril, précise Olivier Danel. Avec un décalage acceptable de dix jours pour des mises bas de début mars, j’ai mesuré la seule quantité de lait. Cette donnée zootechnique m’est utile pour ajuster mes rations et elle permettra une première indexation de mes primipares ». Aussi imprécis que sera cet index calculé sans données sur la qualité du lait, il offrira à l’éleveur une première référence. « Les prochains contrôles qui, je l’espère, seront plus complets, permettront rapidement de préciser le niveau génétique ».

En période de crise, tranche Pierre Martin, directeur de Capgènes, il faut se recentrer sur l’essentiel. « La collecte d’indicateurs zootechniques indispensables au pilotage des troupeaux est plus importante actuellement que la qualité des données pour le calcul des index. Le sérieux des protocoles définis par France Génétique nous laisse une certaine souplesse quand le contexte l’impose. L’indexation des animaux repose sur six contrôles par an. La période Covid-19 n’en a bousculé qu’un seul pour le moment ».

Des mises-bas à l’automne

S’adapter est le maître mot de cette année 2020. « La résilience doit être un objectif », insiste Pierre Martin. Celle-ci tient à court terme au maintien de la production laitière avec une efficacité économique acceptable. « Pour la conduite zootechnique, comme pour le planning des accouplements, le désordre général de ces derniers mois doit pousser les éleveurs à échanger avec leurs conseillers pour faire les bons choix pour leur atelier ».

Mi-mars, le confinement stoppait net le début de la saison des inséminations animales. « La frustration et les peurs ont alors été grandes, témoigne Olivier Daniel, représentant professionnel de la filière caprine chez Evolution. Lorsque vous avez 200 IA de programmées et que l’activité s’arrête, il y a de quoi être inquiet ! Nous avons tous été contactés par notre inséminateur ou notre conseiller développement Evolution pour trouver la meilleure solution parmi les différentes possibilités adaptées à la situation de l’élevage ».

La seconde quinzaine de mars, essentielle parce qu’elle marque le début d’une campagne, ne représente que 3% des IA nationales, recadre Pierre Martin. « Au cours des quinze premiers jours du confinement, l’urgent était à l’organisation de la reprise de l’activité pour début avril. Sur ce mois, ce sont 25% des IA nationales qui ont lieu ».

Collectivement, Pierre Martin juge que « le job a été fait et bien fait compte tenu des contraintes qui s’imposaient ». Les entreprises se sont organisées fin mars et début avril, les chantiers reprenaient. « Cette étape ne sera pas sans conséquence d’un point de vue individuel, craint toutefois l’opérateur. Nous mesurerons dans quelques mois les effets des retards des chantiers et de la baisse du nombre d’inséminations par élevage, mais l’essentiel a été assuré ». Une analyse que partage Olivier Danel. « Nous aurons des mises-bas à l’automne. C’était la priorité », certifie-t-il. Pour qu’il en soit ainsi pour chacun, Evolution a retravaillé son planning avec l’objectif de sécuriser un volume d’IA minimum pour chaque éleveur.

La crainte d’une seconde vague

À Mauzé-Thouarsais, Olivier n’aura inséminé que 60 des 80 chèvres envisagées initialement. Le travail a été fait avec trois semaines de retard. « Mais le chantier s’est bien passé. Un seul inséminateur s’est déplacé. Et tout en respectant les gestes barrière, nous avons réussi à inséminer l’ensemble du lot en 1h30. Un timing parfait pour sécuriser les résultats de fertilité ». Lactations longues ou saillies naturelles seront des solutions étudiées par l’éleveur pour les chèvres qui n’ont pu être inséminées.

« Assurément, le progrès génétique sera moindre cette année », analyse Olivier. Mais c’est aujourd’hui le cadet de ses soucis. Avec le déconfinement, la priorité doit être au respect des gestes barrière. L’arrivée d’une seconde vague de contamination en France est particulièrement redoutée. Outre le fait que 60% des IA ont lieu au cours des mois d’août, septembre et octobre, les conséquences d’un nouveau confinement pourraient être catastrophiques sur un plan économique. « Une baisse significative du pouvoir d’achat des Français ferait tousser le marché des produits caprin et en réaction, l’ensemble de la filière. Il est urgent d’agir avec responsabilité pour éviter une remontée de l’activité virale ».

Dans un second temps, juge l’éleveur, la filière devra faire le bilan de cette période avec pour objectif de faire évoluer les méthodes de travail. « Les fonctionnements de ces deux derniers mois ont prouvé qu’il est possible de sécuriser la production de données et d’indicateurs, y compris lorsque la circulation des personnes est contrainte ».

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