Mobilisations et blocages se multiplient
La Coordination Rurale de la Vienne a particulièrement bien mobilisé ces derniers jours dans la Vienne. DDT et Préfecture la semaine dernière, et ASP, réseau routier à Châtellerault Poitiers sud bloqués ce mardi. Plusieurs permanences de députés ont aussi été visées.
Pour la Coordination Rurale, c'est dès jeudi 11 décembre que la mobilisation a débuté, avec une action à la DDT. "C'est le prolongement de ce qui se passe depuis près de deux ans" explique François Turpeau, président de la CR86, qui assure que "la situation économique ne s'est pas améliorée." Philippe Tabarin, président de la Chambre d'agriculture de la Vienne, présent sur l'action, explique, lui, que le Comité RéAgir reçoit des appels d'agriculteurs tous les jours. Face à cette situation, le syndicat a demandé un arrêt total des contrôles, jusqu'au retour à une situation normale lors d'une rencontre avec Benoît Prévost-Revol, directeur de la DDT de la Vienne. Une discussion tendue, qui s'est terminée par un démontage de la clôture de l'administration, qui a permis de déverser des déchets devant la DDT. Les quelque 20 tracteurs et remorques présents ont ensuite rejoint la Préfecture pour s'y installer une bonne partie de la soirée et de la nuit, avant d'aller déverser des déchets devant la Draaf et la permanence de Lisa Belluco, député de 1re circonscription. "Nous avons obtenu une rencontre avec le Préfet" se félicitait le lendemain François Turpeau, qui annonçait un arrêt des contrôles DDT et ASP "jusqu'à nouvel ordre". Mardi dernier, l'agriculteur a publié sur les réseaux sociaux un communiqué dans lequel il explique que les contrôles de l'ASP ne seront finalement pas stoppés et accuse le Préfet d'avoir menti aux agriculteurs. Ce dernier, interrogé par nos confrères de la Nouvelle République avoue avoir dû retropédaler en raison de la conditionnalité des aides Pac.
Blocage à Poitiers Sud
Le soir même, comme cela avait été annoncé par la Coordination Rurale en fin de semaine dernière, une autre action a suivi. Cette fois-ci, pour dénoncer la ratification du Mercosur, l'instauration d'une taxe carbone sur les engrais, mais aussi et surtout la gestion de la Dermatose nodulaire contagieuse en France. "On refuse l'abattage total en cas de découvertes d'animaux malades, et on veut une généralisation des vaccinations. Nous avions déjà beaucoup de sujets d'inquiétude, et la DNC a augmenté notre colère" rappelle François Tupeau. "C'est un mot d'ordre national. L'objectif, c'est de bloquer le maximum d'endroits" explique François Turpeau. Dès 16h, une centaine d'agriculteurs se sont retrouvés au rond-point de la main jaune à Châtellerault. Une partie sont restés sur place après avoir bloqué le péage de l'autoroute et les autres ont rejoint Poitiers, en faisant une pause à la permanence de Nicolas Turquois et à l'ASP, pour y déposer des déchets. À Poitiers Sud, deux autres convois, venus de Lusignan et de Gençay ont investi dès 19h le rond-point qui permet d'accéder à l'autoroute. En quelques minutes, la nationale 10 est entièrement coupée, et les agriculteurs installent un mur de paille sous le pont de l'autoroute. L'idée est visiblement de tenir le siège: chacun a apporté son duvet, le syndicat installe déjà un brasero, des lumières, un groupe électrogène... Vers 20h30, les tracteurs prennent la bretelle pour rejoindre le péage et déversent une vingtaine de remorques de déchets. L'entrée et la sortie de l'A10 sont donc totalement fermées. Alors que les annonces de Sébastien Lecornu sur la DNC sont dévoilées (lire ci-dessous), les agriculteurs présents les trouvent insuffisantes. "10 millions d'euros, c'est loin d'être suffisant! Si on divisait cette somme uniquement pour les agriculteurs de la Vienne, ça ferait 2 500 euros par exploitation... Alors, divisé par le nombre d'agriculteurs en France, ça ne représente rien!". Rejoints par le convoi de Châtellerault, ce sont finalement près de 200 agriculteurs qui se retrouvent à Poitiers Sud. Certains regagnent leur habitation dans la nuit, mais une vingtaine dorment sur place, et le siège est tenu. Mercredi, une consigne nationale demandant de débloquer tous les autoroutes abouti à l'arrivée de nouvelles forces de l'ordre, qui empêchent les agriculteurs d'envahir l'A10. Vers 22h30, la CR est aussi allée déverser des déchets au siège de Vienne Nature à Fontaine-le-Comte. Jeudi matin, une cinquantaine d'élèves du lycée de Venours ont mis en place un barrage filtrant devant leur établissement, et plusieurs agriculteurs mobilisés à Poitiers Sud les ont rejoint. "On maintient le blocage" expliquait François Turpeau dans la matinée.
La Confédération Paysanne fait un barrage flottant
Mardi soir, une cinquantaine de membres de la Confédération Paysanne ont investi le rond-point de la Folie, à Poitiers Nord, pour y mener un barrage filtrant, afin de dénoncer la gestion de la DNC auprès des automobilistes. "On est contre l'abattage total actuel. Ce qu'on demande, c'est une euthanasie des animaux malades, une mise en quarantaine des élevages touchés, et un élargissement de la vaccination" explique Béatrice Martin, une des porte-parole du syndicat. "Il faut aussi développer la recherche pour offrir plus d'immunité à nos animaux, afin d'être plus sur la prévention". L'agricultrice ajoute que selon elle, la stratégie actuelle en France "n'est pas sanitaire, mais économique".
Les annonces de Lecornu
La vaccination préventive contre DNC déjà démarrée dans les départements pyrénéens est étendue au Tarn et à l'Hérault, a annoncé le Premier ministre le 16 décembre, après deux réunions à Matignon le même jour. Quelque 750 000 bovins sont concernés. " Les 1 000 exploitations de l'Ariège seront intégralement vaccinées au 31 décembre ", affirme encore l'exécutif. " Le stock de 500 000 doses du ministère chargé de l'Agriculture est déjà en cours d'acheminement auprès des cabinets vétérinaires ", et la vaccination a commencé dans plusieurs départements. L'exécutif dit avoir passé une nouvelle commande " la semaine dernière ". Le gouvernement " a décidé d'activer un fonds de soutien de plus de 10 millions d'euros destiné à assurer un soutien direct aux petits élevages des zones touchées ", sans préciser les modalités.