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Gestion de l’eau, canicules
« Le problème de l’eau n’est pas un problème agricole »

Pour que la végétation se développe, il faut de l’eau. Au lendemain d’un hiver pluvieux, un habitant des Deux-Sèvres, formé à la climatologie, interpelle les élus sur la continuité écologique et le traitement des eaux usées.

Inondations à Niort, hiver 2020
Début février2020, le débit de la Sèvre niortaise a été très important, déclenchant une vigilance inondation.
© CM

On essaie de gérer un stock théorique quand il faudrait soutenir, relancer le fonctionnement d’un cycle naturel ». Par ces mots, Laurent Denise, ancien navigateur de combat dans l’armée de l’air, essaie de recentrer le débat sur l’eau autour des éléments qui lui semblent fondamentaux. « Le problème de l’eau n’est pas un problème agricole », certifie-t-il au risque de déplaire. Ou pas exclusivement. « L’artificialisation des sols participe fortement à l’accélération du transfert de l’eau de pluie vers la mer, au détriment de la recharge des nappes, pose le militant. L’été les territoires sont secs, la végétation souffre. Elle ne se développe pas ».

Formé à la climatologie dans le cadre de son ancienne activité professionnelle, l’initié, résident depuis 2012 à Celles-sur-Belle, certifie : « dans cette discipline, on part du principe que c’est la végétation qui permet la pluie ».

70 % des précipitations continentales proviennent de l'évapotranspiration dont les plantes sont responsables

Loin d’être considérés par notre interlocuteur comme des solutions au réchauffement climatique, le stockage de l’eau et l’irrigation sont néanmoins selon lui des outils intéressants. « Ils garantissent la production de biomasse nécessaire au développement d’un climat tempéré ».

Déterminé à introduire dans le débat des éléments trop longtemps laissés de côté, le passionné revient sur le cycle d’eau. « Sous l’effet du rayonnement solaire, l’humidité des sols et de la mer s’évapore. 70 % des précipitations continentales proviennent de l'évapotranspiration dont les plantes sont pour partie responsables et seulement 30% de l'évaporation de la mer », avance Laurent Denise. Le phénomène de transpiration des végétaux permet de transformer l’eau en gaz. L’air chaud plus léger, ou moins dense que l’air froid, s’élève. En prenant de l’altitude, il se refroidit et se condense. L'air passe ainsi de l'état gazeux à l'état liquide. La pluie tombe alors.

Dotée d’une chaleur spécifique élevée (il faut fournir une grande quantité de chaleur pour que sa température augmente d’un degré), l’eau si utile aux plantes est également essentielle au climat tempéré. Frappée par l’énergie du soleil, elle absorbe une quantité importante de la chaleur qui atteint sa surface. Cet effet thermorégulateur empêche l’envolée des températures.

« Il faut reverdir la France l’été »

« Si tout le monde avait le bon sens de faire comme les agriculteurs, des réserves d'eau l'hiver (particuliers, villes, industriels, etc ...) pour épargner les nappes phréatiques l'été ,on ne parlerait jamais de sécheresse et de canicule ! », ose Laurent Denise. Depuis quelques mois, le militant n’hésite pas à interpeller les politiques :  Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Gilbert Favreau, président du département, Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et présidente de génération écologie, ELVV... Ses courriers, adressés à l’Académie de l’agriculture de France sont publiés ces derniers mois dans la rubrique actualité. Médiaterre et son blog personnel « pas de climat sans eau », lui permettent de pousser ses théories. Son objectif : « Il faut reverdir la France l’été, donc au rythme des forêts de feuillus », certifie-t-il. « Les surfaces minérales ou artificialisées (urbanisées) stockent la chaleur au lieu de l'évacuer. Faute d’alimenter l'atmosphère en vapeur d'eau, elles participent à la montée des températures et donc aux canicules ! Les zones tempérées de la planète sont couvertes d’eau et de végétation».

Couverture des sols et gestion des eaux usées

Il défend l’idée d’une couverture permanente des sols en agriculture. « Une nécessité pour le cycle de l’eau également favorable à la régénération de la fertilité des sols ». Par ailleurs, il appelle les élus à une réflexion sur la végétalisation des villes et la gestion des eaux usées. « Quand les rivières - dont les ouvrages sont détruits au nom de la continuité écologique pourtant cassée par les assecs - rejettent plus de 30% des précipitations à la mer, la végétation, la saison suivante n’a pas assez d'eau pour alimenter le cycle. Sécheresse et canicules suivent ! ». Et de dénoncer : « La ville pompe l'eau dans les nappes phréatiques sans jamais la ré-infiltrer après utilisation et traitement (alors que c'est une obligation pour les maisons individuelles avec assainissement autonome) ! Le code de l'environnement impose un traitement et une infiltration de tous les rejets (pluies et eau usées), et quand les infiltrations ne sont pas possibles l'eau doit être recyclée pour des usages non domestiques comme l'arrosage. Les rejets en rivières devraient rester occasionnels ... hélas, ils sont systématiques parce que beaucoup moins chers ! ».

Lire aussi : L’eau nourrit l’ambition de la valeur ajoutée

 

Réserves de substitution

La procédure administrative suit son cours

19 dans le projet initial, autorisé en octobre 2017, le nombre de réserves de substitution est tombé à 16 après les nombreux échanges ayant abouti à la signature, le 18 décembre 2018, du protocole d’accord pour une agriculture durable.
En conséquence, un arrêté préfectoral inter-départemental portant prescriptions complémentaires à l’arrêté portant autorisation environnementale du 23 octobre 2017, devait être signé. C’est fait depuis le 20 juillet 2020 après une consultation publique d’un mois.
Le 15 août, Bassines non merci, par communiqué de presse, contestait la mise en œuvre de la procédure et dans son prolongement l’autorisation validée par arrêté préfectoral. Le collectif dénonce « l’absence de réelle publicité pour donner à connaissance cette procédure de consultation publique ». Le document « synthèse des observations ne fait, à aucun moment, état de l’opposition massive qui s’est exprimée dans les dépositions et ne donne pas le chiffre de 75 avis opposés pour 3 avis favorables », s’offusque le collectif.

 

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