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UE - États-Unis
Droits de douane : ce sera 15 %

L'accord douanier conclu le 27 juillet dernier entre l'Union européenne et les États-Unis a des conséquences majeures sur l'agriculture de l'UE... Et notamment les vins et spiritueux français.

L'accord annoncé par Ursula von der Leyen et Donald Trump le 27 juillet instaure une barrière douanière de 15 % sur les exportations européennes aux États-Unis.
L'accord annoncé par Ursula von der Leyen et Donald Trump le 27 juillet instaure une barrière douanière de 15 % sur les exportations européennes aux États-Unis.
© Fred Guerdin - EC Audiovisual Service

C'est en Écosse, dans l'un des golfs appartenant au président américain, que Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé le 27 juillet avoir conclu un accord douanier entre les États-Unis et l'Union européenne. Dans la lignée des autres « deals » qui lui sont chers, Donald Trump vante dans cet accord des obligations importantes imposées à l'UE : 600 milliards de dollars d'investissements supplémentaires aux États-Unis, 750 milliards d'achats d'énergie... et, en plus de cela, une barrière douanière de 15 % sur les produits européens importés aux USA. Selon Ursula von der Leyen, les deux puissances ont aussi décidé de lever réciproquement leurs droits de douane sur certains produits stratégiques, dont les équipements aéronautiques. 

« Je suis 100 % sûr que cet accord est meilleur qu'une guerre commerciale avec les États-Unis », a réagi le lendemain le commissaire européen au Commerce, le slovaque Maroš Šefčovič. Dans les faits, entre la surtaxe de 10 % d'ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % pré-existant, cette barrière douanière de 15 % représente peu de différence... et paraît surtout plus avantageuse que la menace des 30 % brandie par Donald Trump. Néanmoins, la Commission apparaît bien isolée face aux critiques

En France, la classe politique s'est montrée unanime dans son opposition, y compris le gouvernement. 

Le Premier ministre François Bayrou a évoqué « un jour sombre » et accusé Ursula von der Leyen de « soumission ». L'Allemagne et l'Italie ont fait preuve de plus de tempérance : le chancelier allemand Friedrich Merz a salué un compromis permettant d'éviter une « escalade inutile » mais n'est pas satisfait du résultat final, tandis que la présidente du Conseil Georgia Meloni, soulagée d'avoir évité une guerre commerciale, souhaite analyser le compromis dans ses détails.

Des craintes sur les exigences sanitaires

Un souhait partagé par de nombreux acteurs politiques et économiques. Dans les jours qui ont suivi l'annonce de l'accord, le flou régnait encore sur de nombreux points du compromis européo-américain. En France, la réunion organisée le 30 juillet à Bercy entre les ministres et les filières concernés par ces droits de douane aura permis d'exprimer les inquiétudes, les attentes et les exigences, en attendant d'en savoir plus. 

Pour les acteurs agricoles, une des principales craintes ressort d'une déclaration publiée par la Maison Blanche le 28 juillet, annonçant que l'UE et les États-Unis se sont engagés à « travailler ensemble pour éliminer les barrières non tarifaires qui affectent le commerce des produits alimentaires et agricoles, notamment en simplifiant les exigences relatives aux certificats sanitaires pour le porc et les produits laitiers américains ». Pas de mention dans ce texte des fameux « poulet au chlore » et « bœuf aux hormones », mais la crainte d'une disparition des exigences sanitaires du marché alimentaire européen est bien là. Face au tollé, la Commission européenne a été contrainte de réagir et a affirmé n'avoir fait aucune concession en matière de sécurité alimentaire ou de droit de réglementer. Son porte-parole, Olof Gill, évoque plutôt une discussion sur la rationalisation des exigences de certificats en précisant que « cela signifie changer le type de formulaire utilisé ». En France, lors de la réunion à Bercy, tant la FNSEA que la Coopération agricole ont demandé que l'UE ne négocie pas les mesures sanitaires et phytosanitaires des produits agricoles et agroalimentaires.

Un accord espéré pour les spiritueux

Les acteurs agricoles ont aussi demandé une suppression des droits de douane dans un maximum de secteurs agroalimentaires pour lesquels les États-Unis représentent un marché important. Si les produits laitiers et la boulangerie/viennoiserie/pâtisserie ont été évoqués, les regards se tournent surtout vers le secteur des vins et spiritueux. La France plaide pour une exemption totale de droits de douane à leur sujet, afin qu'ils soient inclus au sein d'un accord « zéro pour zéro ». 

Selon la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, « selon toute probabilité, il pourrait y avoir un accord zéro pour zéro pour les spiritueux, mais pour les vins, nous n'en savons rien ».

 Les organisations professionnelles viticoles européennes, telles que le CEEV (Comité européenne des entreprises vins) et l'AREV (Assemblée des régions européennes viticoles), ont déploré le manque de clarté des éléments publiés jusqu'ici et appelé à ce que les vins soient bien intégrés à l'accord.

Espoirs apparemment déçus après la publication, dans la nuit du 31 juillet au 1er août, d'un décret de la Maison Blanche annonçant l'entrée en vigueur au 7 août des droits de douane. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a réagi dans la foulée par un communiqué indiquant qu'elle "déplore cette décision et appelle à la poursuite des négociations". 

"L'impact de ce droit sera d'autant plus brutal qu'il va de pair avec le recul du dollar américain depuis le début de l'année", rappelle le président de la FEVS, Gabriel Picard. 

L'organisme estime que la filière vins et spiritueux pourrait voir ses ventes fondre d'un quart, "soit une perte de 1 milliard d'euros". À la mi-journée du 1er août, dans le bassin charentais, le BNIC et l'UGVC n'avaient pas encore réagi sur ce sujet qui concerne leur premier marché.

Le travail pour faire évoluer l'accord devrait se poursuivre. Selon l'UE, des produits agricoles américains non sensibles (soja, amandes ou pistaches) pourraient de leur côté voir leurs droits de douane abaissés, tout comme certains engrais afin de réduire la dépendance aux importations en provenance de Russie.

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