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Bovin viande
« Donnez-nous les moyens de continuer à nourrir les Français »

La profession réclame au gouvernement un prix minimum basé sur leur coût de production pendant toute la durée du confinement. Pour la FNB, les industriels et distributeurs disposent d’une marge suffisante pour accéder à cette demande.

Les délais d’enlèvement, qu’il s’agisse de JB, de vaches ou de taurillons, s’allongent.
© DR

Les éleveurs de viande bovine sont en colère et lancent un cri d’alarme au gouvernement en se basant sur un constat particulièrement inquiétant : bien que pleinement déterminés à contribuer à l’effort collectif, en travaillant toujours plus pour proposer aux citoyens, en quantité suffisante et à un prix abordable, des viandes de qualité, ils estiment ne plus disposer des moyens de remplir cette mission et d’en assurer la pérennité.

En effet, la situation de confinement actuelle exacerbe la précarité dans laquelle se trouvent les éleveurs : industriels et distributeurs leur demandent aujourd’hui de produire plus pour répondre à la demande des consommateurs, tout en continuant à payer leurs produits en moyenne un euro en-dessous de leur coût de production.

Pour les professionnels, cette situation fait courir un risque réel de maintien de la production de viande bovine en France, et impacte donc la protection de notre souveraineté alimentaire, dont le président de la République a fait une priorité absolue depuis un mois.

Des prix indexés sur le coût de production

C’est face à ce risque, et avec l’angoisse de ne plus être en mesure, demain, de remplir leur « mission essentielle », selon les termes du ministre de l’agriculture, dans sa lettre ouverte aux agriculteurs du 18 mars, que les éleveurs français ont lancé un appel au ministre. Ils lui demandent d’instaurer, pendant toute la période d’état d’urgence sanitaire, un prix minimum payé aux éleveurs à hauteur de leur coût de production.

« L'instauration de ce prix minimum payé aux éleveurs permettrait de poursuivre notre activité en couvrant, pour une fois, nos coûts de production, et cela ne nécessite ni dépense d’argent public, ni hausse du prix de la viande pour les consommateurs. Depuis vingt ans, le prix de la viande vendue aux consommateurs augmente chaque année de 3% sans qu’aucune hausse ne soit répercutée aux éleveurs. Les industriels et distributeurs disposent donc d’une marge dans laquelle puiser pour assurer la survie de nos exploitations », interpelle Thierry Bernier, le responsable viande bovine de la Fnsea 79.

En effet, en garantissant aux éleveurs, pendant toute la période, l’euro du kilo qu’il leur manque pour continuer à produire, la FNB estime que cela se matérialiserait par une hausse théorique du prix consommateur de 15 centimes par steak. Une hausse que les distributeurs et industriels devraient s’engager à prendre sur leur marge. « C’est comme cela qu’ils mèneraient alors, véritablement, la mission de service public d’alimentation qu’ils revendiquent, ces derniers jours, auprès des citoyens », assène la fédération.Thierry Bernier rappelle quant à lui que la situation dans les fermes est de plus en plus préoccupante : les délais d’enlèvements, que ce soit pour les JB, les vaches ou les taurillons, ne font que s’allonger. Les prix baissent alors que le consommateur boude les produits haut de gamme, toutes filières confondues.

Activer des filets de sécurité

Plus généralement, la réponse à cette crise globale doit être européenne : les outils existent, le règlement OCM offre plusieurs mécanismes que la Commission européenne peut activer en cas de déséquilibres graves de marché. La Fnsea et les Jeunes Agriculteurs ont demandé expressément à la Commission d’engager une action spécifique comme le stockage privé ou la régulation des volumes.

Dans ce contexte d’urgence, certains produits agricoles ne trouveront pas de débouchés : la fermeture de certains marchés, notamment celui de la restauration hors foyer, a un impact trop fort pour que la baisse de la demande soit enrayée.

Les pertes économiques risquent d’être majeures pour certains secteurs, il est donc impératif d’activer dès maintenant les filets de sécurité permettant d’atténuer le manque à gagner pour les agriculteurs. Face à cette situation inédite, il faut éviter tout décrochage entre prix agricoles et coûts de production des agriculteurs.

Enfin, la Fnsea et JA réclament une attention particulière de l’UE au sujet des importations. En effet, l’arrivée de bœuf du Mercosur, d’agneau de Nouvelle-Zélande ou de sucre du Brésil vient alourdir les déséquilibres de marchés sur certaines denrées agricoles déjà très fragilisées.

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