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Des fruits, des légumes… et de l’électricité

Johan Bernardin, maraîcher installé à Rétaud, cultive tomates, fraises et autres produits sous des serres photovoltaïques, installées par la société Reden Solar.

Les pans sud de la toiture ne sont pas occupés par du verre, mais par des panneaux solaires.
Les pans sud de la toiture ne sont pas occupés par du verre, mais par des panneaux solaires.
© AC

De loin, les serres de Rétaud ressemblent à des centaines d’autres en France : de grandes structures vitrées, sortes de palais des glaces où le végétal aurait pris le pas sur les miroirs. Mais en s’approchant, on y distingue quelques spécificités, en particulier sur la toiture. Elle n’est pas transparente, ni même blanchie, mais couverte sur ses pans sud de longues rangées de panneaux photovoltaïques. Ici, on produit des fruits, des légumes, mais aussi de l’électricité.
« Nous avons été les premiers en France à mettre des tomates et des concombres sous des serres photovoltaïques », explique Johan Bernardin, fondateur des Jardins Charentais. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance : après la construction des serres sur 2,7 ha en 2013-2014, les deux premières saisons ont été difficiles. Sous ces installations particulières, les méthodes de travail sont bien différentes de celles employées sous les tunnels bâchés, notamment en ce qui concerne la lumière et la ventilation. Mais Johan Bernardin l’assure : « On peut aujourd’hui produire sous ces serres ». Il préfère d’ailleurs le terme « abri climatique », qui convient mieux selon lui au fonctionnement de ces installations.
Avec les années, il a pu tester de nombreuses cultures : tomates, fraises, concombres, aubergines, courgettes, salades, radis, endives… Le tout en pleine terre, à l’exception des fraises, pour des raisons de confort des salariés. Il pratique une agriculture raisonnée et travaille en protection biologique intégrée via l’utilisation de lâchers d’insectes. Les fertilisants complémentaires sont des apports organiques : des fumiers bovins et équins collectés à proximité. « Nos tomates coûtent plus cher à produire que des tomates hors sol classiques », admet-il. Mais le goût vaut bien la différence de prix : en témoigne le choix fait par Charlotte Entraigues, primeur à Royan, qui a utilisé ces légumes lors du concours du Meilleur Ouvrier de France 2018 où elle a été distinguée. « Un magnifique gage de qualité », selon Johan Bernardin.

La consommation électrique de 108 foyers

Si Johan Bernardin travaille dans les serres et possède le terrain sur lequel elles sont installées, les structures elles-mêmes ne lui appartiennent pas. Elles ont été construites par Reden Solar aux frais de la société. « Avec ce fonctionnement, l’agriculteur n’a pas besoin d’investir dans une serre », explique Frank Maes, responsable développement France de Reden Solar. En contrepartie, toute l’énergie est revendue par la société, en tant que productrice d’électricité.
Un partenariat gagnant-gagnant, en somme, d’autant que la société produit son propre matériel dans son usine de Roquefort, en périphérie d’Agen (47). Sur un marché largement dominé par les panneaux chinois, ceux des serres de Rétaud sont donc français, à l’exception de quelques composants importés. Ils sont conçus sans cadres, pour s’adapter directement aux dimensions des serres. Au total, les installations de Rétaud comprennent 8700 modules photovoltaïques polycristallins, pour une puissance estimée à 2180 kWc (kilowatts-crête), soit la consommation électrique annuelle de 108 foyers. Le positionnement vers le sud des panneaux permet en outre de protéger les cultures des effets d’une trop forte exposition au soleil. Trois serres de ce type sont installées aujourd’hui en Charente-Maritime. En France, la surface couverte par les structures de Reden Solar est aujourd’hui de 180 hectares, et la société espère bien poursuivre sa croissance.

Un doublement des surfaces en projet

Johan Bernardin pourrait d’ailleurs y contribuer une fois encore, pour développer l’activité maraîchère dans laquelle il s’est lancé à l’âge de 19 ans. « Mes parents étaient essentiellement viticulteurs, explique-t-il, c’était une pure création. » Aujourd’hui, à 32 ans, il aimerait avec son épouse pouvoir étendre les serres, où travaillent 3 salariés à l’année et une quinzaine de saisonniers. Il dispose d’un terrain familial, à quelques centaines de mètres de celles déjà construites, cultivé actuellement en céréales et tournesols, où il souhaiterait installer de nouvelles structures d’une superficie de 39 074 m2 pour répondre aux besoins de ses clients : la société Pons Primeurs et la restauration collective locale, qu’il peut approvisionner, grâce aux serres, sur de plus longues périodes. Malheureusement, le projet, qui lui permettrait de doubler sa production (actuellement 200 t par an), est ralenti, non pas pour des questions agricoles, économiques ou environnementales, mais en raison de l’opposition des riverains pour des motifs esthétiques. Un « traitement paysager utilisant des essences locales » est pourtant prévu pour masquer partiellement les serres depuis les habitations, mais la résistance est tenace. Et, malgré sa motivation, Johan Bernardin s’interroge : « si même en zone agricole on ne peut plus construire de projets, où pourra-t-on aller ? »

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