Aller au contenu principal

Covid-19, caprin
Des chantiers d’IA à l’arrêt

Faute de conditions sécuritaires suffisantes, une partie des chantiers d’insémination artificielle en caprins est à l’arrêt. C’est toute la connexion génétique des troupeaux sur les prochaines années qui est menacée.

Pour être rattaché au schéma de sélection génétique, un éleveur doit justifier de 30 % de connexion sur les trois dernières années. Sans IA pour l’instant, ce seuil pourrait être difficile à atteindre.
© Capgènes

Reconnue comme prioritaire par le gouvernement « car elle contribue à l’indépendance de la nation par la continuité de l’alimentation », l’activité des inséminateurs avait, sur le papier, vocation à ne pas s’interrompre avec l’annonce du confinement. Sous réserve d’un respect des gestes barrières dans les élevages et de l’isolement des animaux au préalable, l’insémination artificielle et le contrat de gestation pouvaient continuer, alors que les autres activités étaient quant à elles en suspens. Chez Apis diffusion, « les 70 inséminateurs poursuivent le travail sur le terrain », affirme Jean-Marie Leterme, le responsable des inséminateurs et de la communication. Même chose chez Évolution, où « toutes les inséminations bovines en Deux-Sèvres ont été respectées depuis deux semaines, même si les effectifs sont moindres du fait des personnes à risque qui restent chez eux », indique Olivier Chauvin, responsable des secteurs Sarthe/Centre/Poitou chez Évolution.

Cependant, cette vérité ne concerne que le secteur bovin. Pour Évolution, en caprin, la situation est autrement plus compliquée. « Nous ne sommes pas en mesure d’assurer les IA en caprins depuis le 17  mars car nous ne disposons pas des protections nécessaires pour les réaliser dans des conditions sécurisantes. De plus, dans cette filière, les IA nécessitent souvent la présence de plusieurs personnes », explique le responsable.

Des masques, blouses et gants ont donc été commandés et devraient arriver d’ici peu. Une fois réceptionnés, la reprise de l’activité caprine pourra être envisagée « au cas par cas, en réduisant la taille du lot à 50 chèvres et avec deux personnes présentes au maximum. Nous allons essayer de faire au mieux mais sans mettre en danger nos équipes et nos clients ».

Des répercussions à long terme

Cette situation va avoir des conséquences sur le schéma de sélection. « Le risque est d’avoir une année blanche en termes de génétique pour certains élevages », constate Angélique Roué, conseillère caprins à la chambre d’agriculture.

Rémi Couvet, technicien caprins au Saperfel, se projette sur les prochaines années. « Pour tous les exploitants, on réalise un bilan de connexion, on calcule le pourcentage de filiations paternelles sur les trois derniers millésimes et la fiabilité de sa connexion (CD de connexion). Si 30 % des chèvres ont une filiation paternelle (avec père ou grand-père d’IA) et que son CD de connexion est supérieur à 0,4, alors il est connecté. S’il n’a pas pu faire d’IA cette année, il lui sera plus difficile d’atteindre ce seuil. Sans compter le fait qu’il ne bénéficiera pas de fils d’IA l’année prochaine pour saillir ses chevrettes de renouvellement ».

Pour poursuivre au maximum la filiation sur les chevrettes, et ainsi conserver une partie du troupeau dans le schéma de sélection, la saillie naturelle semble être la meilleure solution. Pour guider les éleveurs dans cette voie, Capgènes a mis en place un accompagnement téléphonique pour réfléchir à la nouvelle organisation de la reproduction. L’organisme recommande notamment de ne mettre qu’un seul bouc dans les petits lots de chèvres et chevrettes pendant trois semaines, puis de rajouter d’autres boucs pour garantir la fertilité et les mises-bas sur le deuxième cycle. « Des contrôles de filiation à partir de sang ou de poils seront ensuite possibles. Cette prestation a un coût élevé mais nous échangerons avec les laboratoires d’analyses pour l’optimiser ».

Si l’impact de ce blanc génétique peut être amoindri, il risque néanmoins de laisser des traces dans les élevages.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Les givrés de Noël lancent leurs défilés sur les routes du Civraisien ce samedi 6 décembre.
Les agriculteurs font briller nos villages
Dans le Civraisien et en Vienne et Gartempe, les agriculteurs, au volant de leurs tracteurs illuminés, parcourent depuis…
L'élevage d'Anne Boutet affiche une longévité record.
À Pamproux, Anne Boutet incarne l'excellence caprine

L'éleveuse du sud Deux-Sèvres conduit un troupeau de Saanens aux hautes performances techniques et génétiques, notamment en…

Mathieu Ramus et Clément Tholance ont notamment aménagé cette salle de jeux dans la tour médiévale.
Un gîte pour les amateurs de jeux vidéo
Dans quelques jours, un concept unique en France ouvre à Vivonne: un gîte suréquipé qui permet aux amateurs de jeux vidéo d'…
Engraissement : des actions pour développer la production

Face à la décapitalisation et aux montants élevés du maigre, Terrena, la Caveb et Feder mettent en place des aides pour…

Les deux bâtiments pour les gestantes sont sur aires paillées en pente. De gauche à dr. : Régis Rézeau (Cooperl), Jérôme Clerc, Jeanne (salariée sur la ferme) et Samuel Bernard (Alicoop).
Un agrandissement de bâtiment plus que raisonné

Dans les plaines céréalières, l'élevage hors-sol montre sa pertinence. Jérôme Clerc s'est lancé en porcs (naisseur-engraisseur…

Les prix de bovins ont prix 2€/kg depuis le début de l'année.
Un marché bovin qui s'emballe, faute d'offre
Comme partout en France, le nombre de bovins viande ne cesse de baisser dans la Vienne. Moins soumis aux aléas mondiaux que les…
Publicité