Avis de tempête sur les démocraties
À quelques jours du vote de confiance pour le Gouvernement et surtout du blocage annoncé le 10 septembre, la thématique choisie cette année par la fondation Prospective et innovation, de Jean-Pierre Raffarin, ne pouvait pas mieux tomber. Vendredi dernier, c'est de l'avenir des démocraties qu'il était question au Palais des Congrès du Futuroscope.

Créée en 1989 par René Monory, la Fondation Prospective et innovation, aujourd'hui présidée par Jean-Pierre Raffarin, organisait son forum annuel vendredi dernier. Si les échanges internationaux sont souvent au cœur des débats, c'est cette année la politique et l'avenir des démocraties qui avait été choisi comme sujet de débat. Dans une salle particulièrement remplie, l'ancien Premier Ministre a regretté que les démocraties se fassent " trébuchantes. J'ai peur que les démocraties se fatiguent et que les sociétés réclament l'autoritarisme". Quelques jours avant, Donald Trump avait d'ailleurs déclaré que les Américains aimeraient une dictature. "En 50 ans, je n'ai jamais assisté à une réunion où les démocraties réfléchissaient à leurs bonnes pratiques. Il nous faut un sursaut dynamique !". Une inquiétude partagée par Alain Pichon. Le président du Conseil départemental constate "une perte de repères, entretenue par des populistes", au local comme au national et international. À quelques mois des élections municipales, il craint que la constitution des listes de candidats soit difficile à réaliser. "Nous devons conserver et mettre l'humain au centre du jeu, avec une attention particulière pour la jeunesse" explique-t-il avant de citer des initiatives comme le conseil départemental des jeunes, pour "donner envie de s'engager pour les territoires et pour les autres". Parmi les nombreuses interventions et tables rondes de la journée, Éric Chol, directeur de la rédaction de l'Express a rappelé que l'indice de démocratie est à son niveau le plus bas : un peu plus de 5/10. "Plus d'un tiers de la population mondiale vit aujourd'hui dans un régime totalitaire. C'est un avis de tempête sur les démocraties" explique-t-il avant de lister 10 dates depuis le début de l'année qui ont contribué à cette évolution : du début de mandat de Donald Trump à sa rencontre avec Vladimir Poutine, en passant à la grève générale en Israël ou au Soudan qui s'enfonce dans une crise humanitaire. "La démocratie, c'est le meilleur système, pour les entreprises, car il évite l'arbitraire" explique quelques minutes plus tard Étienne Giros, président du conseil français des investisseurs en Afrique, qui estime que "la question est plus complexe qu'il n'y paraît". Notamment parce que selon lui, la démocratie, c'est aussi : un état de droit, de la stabilité, des élections libres, de l'alternance, la liberté de la presse, une certaine égalité des chances. "Certains régimes autoritaires arrivent à atteindre ces objectifs. Et la démocratie n'est pas une condition sine qua non pour le décollage économique". Et de citer par exemple la Chine.