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Viticulture
Avec ses taxes, Trump menace le marché du cognac

Le message posté le 13 mars par le président américain sur les réseaux sociaux, menaçant d'infliger 200 % de taxation aux vins et spiritueux européens, est un nouveau coup dur pour la viticulture française. 

L'annonce de Donald Trump fait une nouvelle fois trembler les producteurs de spiritueux.
L'annonce de Donald Trump fait une nouvelle fois trembler les producteurs de spiritueux.
© IA Adobe Firefly

"L'Union européenne, une des autorités les plus hostiles et abusives au monde sur les taxes et les tarifs douaniers, qui a été formée dans le but d'abuser des États-Unis, vient juste d'instaurer une taxe honteuse de 50 % sur le whisky. Si cette taxe n'est pas retirée immédiatement, les États-Unis placeront rapidement une taxe de 200 % sur tous les VINS, CHAMPAGNES & PRODUITS ALCOOLISÉS VENANT DE FRANCE ET DES AUTRES PAYS DE L'UE. Cela sera bon pour les compagnies de vins et de champagne aux États-Unis."

C'est par ce message posté sur son réseau social personnel, "Truth", que le président des États-Unis Donald Trump a une nouvelle fois fait trembler les vignobles européens, en particulier les terroirs français... Et la région délimitée de l'appellation cognac, particulièrement dépendante du marché américain. "Une nouvelle fois", car la méthode n'est pas inédite ; au cours de son premier mandat, Donald Trump avait déjà visé les vins français dans le cadre du différent commercial Airbus-Boeing, ciblant tout particulièrement les spiritueux comme le cognac à quelques semaines de la passation de pouvoir avec Joe Biden. Les négociations ultérieures avec l'administration démocrate avaient permis de calmer le jeu dans les mois suivants, mais ces perturbations avaient sans doute joué un rôle non négligeable dans les dérèglements du marché du cognac aux USA et les conséquences subies aujourd'hui par la filière... 

Cette fois encore, comme sur le dossier chinois où il était question de voitures électriques, le sujet dépasse la seule filière des vins et spiritueux. L'annonce de Donald Trump fait suite aux mesures de rétorsion présentées la veille par Ursula van der Leyen. La présidente de la Commission européenne, pour répondre aux taxes américaines sur les importations d'acier et d'aluminium européens, a présenté le 12 mars deux contre-mesures. 

La première (d’environ 4,5 Md€), à partir du 1er avril, visera à remettre en place les mesures rééquilibrage sur les produits américains dans le cadre du différend sur l'acier et l'aluminium. La seconde (pour près de 18 Md€), qui devrait entrer en vigueur mi-avril (potentiellement le 12), concernera un ensemble de nouvelles contre-mesures sur les exportations américaines.

 La liste de produits publiée inclut certains produits agricoles, notamment les importations de soja, volailles, viande bovine ou encore de produits laitiers. L’idée sous-jacente est de toucher des productions provenant d’États contrôlés par le Parti républicain. Cette liste doit être soumise à consultation publique pour une durée de deux semaines (jusqu’au 26 mars) avant un affinage de la Commission européenne et le passage du texte devant les États membres, selon la procédure dite de comitologie. Dans l'intervalle, l'UE indiquait souhaiter maintenir un dialogue avec Washington pour trouver une solution pérenne. Mais le message de Donald Trump semble indiquer qu'il n'entend pas baisser les armes, bien au contraire...

Les organismes professionnels dénoncent des rétorsions européennes "contreproductives"

L'ensemble des filières de vins et spiritueux européens témoignent de leur inquiétude suite à ces annonces. « Si ces droits de douane sont appliqués, le marché américain des vins de l'UE sera fermé, ce qui aura un effet dévastateur sur notre industrie », confirme Ignacio Sanchez Recarte, du CEEV (exportateurs européens). Et d’ajouter : « Les États-Unis représentent 27 % de nos exportations totales et il n'existe aucun autre marché susceptible de compenser une telle perte ». De son côté, SpiritsEurope a appelé à « arrêter de se servir » du secteur des spiritueux « comme monnaie d'échange dans des conflits qui n'ont rien à voir avec nous ».

Un message également porté en France par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), qui a édité un communiqué le jour même. « Nous comprenons parfaitement que la Commission européenne doive gérer un nouveau rapport de forces avec les États-Unis. Mais cela doit être fait de façon opérante et pertinente. Or, cibler les vins de Californie ou les producteurs de Bourbon dans le Kentucky, qui sont à nos alliés et nos partenaires, est de toute évidence contreproductif », y déclare le président de la FEVS, Gabriel Picard. « De plus, de tels droits auraient pour effet de stopper nos exportations de vins et spiritueux vers les États-Unis (notre 1er marché, 3,8 milliards € en 2024, soit 25% des exportations du secteur). Ce n’est même pas envisageable. L’impact sur le secteur, sur l’emploi et l’économie de nos régions serait catastrophique et il est temps que la Commission européenne l’entende. La France ne peut pas admettre que des secteurs aussi cruciaux que les vins et spiritueux soient sciemment sacrifiés dans ce conflit. Nous demandons donc aux autorités françaises au plus haut niveau qu’elles interviennent auprès de la Présidente de la Commission pour retirer dès maintenant tous les vins et tous les spiritueux américains des contremesures européennes. »

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