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Trop de communication tue-t-elle la communication ?

Au Salon de l'agriculture, on retrouve des miliers de stands, encore plus de visiteurs. Que viennent-ils chercher dans cette Babel agricole ? De l’assurance.

Le Salon de l’agriculture a vu sa fréquentation légèrement baisser pour son édition 2019, avec 633 213 personnes cette année.
Le Salon de l’agriculture a vu sa fréquentation légèrement baisser pour son édition 2019, avec 633 213 personnes cette année.
© AC

« Nous avons besoin d’expliquer aux Français de quoi est faite l’agriculture. Il faut expliquer pour mieux comprendre. » Cette petite phrase de Véléry Le Roy, directrice du salon international de l’Agriculture qui a fermé ses portes dimanche, résumerait-elle la finalité de ce rendez-vous français et urbain ? Peut-être. Qui déambule entre les travées, remplies de visiteurs, ne peut que s’en convaincre : on a dépassé la notion de séduction encore présente dans les halls de produits régionaux, comme celle « d’attachement des Français » à l’agriculture, politiquement correcte. L’ère de la communication a touché tous les stands. Finis ou presque les bibelots et autres gadgets distribués, ce ne sont qu’écrans, plateaux télé, espaces de rencontres, micros-cravates et propositions de dialogue. Le public est fugace mais curieux, intéressé mais très zappeur. Les visiteurs passent de l’écoute d’un débat sous les sunlights sur la place de l’agriculture, à celle d’un chercheur de l’INRA très pédagogique sur le rôle des plantes. Il s’arrête quelques secondes sur un écran qui diffuse un reportage sur les bovins et aussitôt s’intéresse à la machine à faire des crèmes glacées occultant la « générique des produits laitiers. » Peu de dépliants sont distribués, au profit des panneaux explicatifs. Autour des rings, l’observation des animaux suscite toujours autant d’exclamations. Autant que devant les stabulations où, stoïques, les animaux primés montrent leurs distinctions par race.
Mais de ce brouhaha perpétuel, fait d’animations, de musiques, de foules, se dégage une « tendance » : celle d’une phase explicative. Et on prend véritablement le contrepied des contre-vérités : de la viande, oui, mais mieux, des produits phytos utilisés à bon escient. Ce salon 2019 le martèle : le sans pesticides prend de l’ampleur. Entre la bio, le conventionnel, les labels, les signes de qualité, l’offre de distinction est multiple. Si les pesticides sont perçus comme un frein à la consommation, il est des initiatives qui émergent : le label zéro résidus de pesticide du Sud-Ouest de la France, le « Nouveaux Champs » des Bretons, ou bien encore des industriels de l’agro-alimentaire comme Bonduelle qui promeut sur le salon  son « axe de développement » Amusant de voir que l’enseigne Lidl pourvoit tous les visiteurs (ou presque) d’un sac de course, d’avoir de la difficulté à circuler dans les allées des produits régionaux, là où ce paradigme est moins visible. Que vient chercher le visiteur ? Difficile à dire. L’authenticité ? Il y a quelques années sûrement. Des réponses à ces attentes de consommateurs ? Oui, mais comment choisir entre réalité et communication ? Une rencontre avec un monde qui lui est étranger ? Assurément. Un « exotisme paysan » en plein cœur de l’hiver. Le monde agricole se débat alors pour bomber le torse, se montrer sous son plus beau jour, s’entendre flatter (ne serait-ce que 8 jours).

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Derrière l’écume des jours de salon, resteront la signature du contrat de solutions, signé par le ministère et proposé par la FNSEA, une rallonge des budgets alloués à la réduction des produits phytos, un engagement du Gouvernement dans la communication sur les engagements de la réduction du glyphosate. Du discours d’Emmanuel Macron, après la visite fleuve, un pas vers une Europe agricole « différenciée pour faire face à la concurrence mondiale ». Le Président de la République estime cette dernière « en danger », tout en parlant « de lignes rouges » en matière commerciales où les bases sont les « standards européens ». Un plaidoyer pour l’indépendance européenne, à quelques semaines d’un vote… sur l’Europe.
Si dans les stands, chacun essaie d’argumenter, de convaincre, le salon reste aussi un salon professionnel. Lors du colloque de l’INRA, Christian Huyghes ne montrait-il pas une carte sur le maintien de la consommation de pesticides en France depuis le début des années 2000 « concomitantes avec le déclin de la population des alouettes ». Un message différent des travées ! Et à ce directeur scientifique d’ébaucher des « solutions » : taxation des pesticides, mesures incitatives pour réduire leur usage, mélanges des espèces cultivées, technologies de  l’agro-écologie. Derrière la façade, la mobilisation est bien réelle : agriculteurs, politiques publiques, Etat, Régions, agences de l’eau, chercheurs. Et lorsque les visiteurs « tombent » à l’entrée d’un hall sur le stand Bleu-Blanc-Cœur, c’est bien de la pédagogie qui l’accroche. Et là est le but actuel de ce salon parisien.

 

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