Aller au contenu principal

Toussaint : Entretenir le souvenir pour les autres

Avec sa société « Souvenir fleuri », Johann Roux propose un service d’entretien et de fleurissement des sépultures pour ceux qui ne peuvent plus le faire par eux-mêmes. Un travail atypique qu’il accomplit consciencieusement.

© KB

En ce matin encore doux de la mi-octobre, Johann Roux s’affaire sur une tombe de granit gris, en plein cœur du cimetière de Lagord (17). À première vue, rien d’exceptionnel à l’approche de la Toussaint, sinon qu’il ignore tout de l’identité de celui dont il entretient la sépulture. Tout juste sait-il que sa cliente est « une dame qui habite Rouen » et qui paye pour que, chaque trimestre, la tombe soit nettoyée puis fleurie. Un nom sur une liste de clients qui s’allonge depuis que l’autoentrepreneur de Saint-Sauveur-d’Aunis a créé sa société, « Souvenir fleuri », en 2017, pour proposer cette prestation en Charente-Maritime et dans les départements proches (Vendée, Deux-Sèvres, Vienne). Il travaille aussi bien dans les cimetières de l’agglomération de La Rochelle que dans des communes beaucoup plus excentrées, de Tonnay-Boutonne à Pons en passant par Meschers-sur-Gironde.

Chaque étape est photographiée

Sa tâche, Johann Roux s’y attelle consciencieusement. L’entretien d’une sépulture classique lui prend d’ordinaire environ 45 minutes. Chaque étape du travail est méticuleusement enregistrée. « Dès que j’arrive, je prends une photo de l’aspect actuel de la sépulture », indique Johann Roux. Puis le rituel qui suit est immuable : lorsqu’il arrive avec sa caisse de produits, il retire les ornements de la tombe en prenant bien soin de repérer leur emplacement. Puis il s’attelle au nettoyage proprement dit. « Je travaille toujours dans le respect de la sépulture, à la main, sans machine », explique-t-il.

Dans cette logique, il utilise des produits biodégradables. « En ce moment, j’utilise du savon noir et de l’huile de lin bio », précise-t-il. Puis, après avoir rincé à l’eau claire, il repositionne les ornements et met en place la composition florale apportée avec lui. Certains de ses clients choisissent les fleurs qu’ils souhaitent avoir sur la tombe, selon leurs goûts personnels ou ceux du défunt, mais « la plupart me font confiance ». Parfois, il s’agit de fleurs artificielles, surtout quand il s’agit de prestations annuelles. Pour les autres, il travaille avec un horticulteur du secteur. À l’issue du travail, il transmet les cinq ou six photos prises à ses clients, pour qu’ils puissent mesurer par eux-mêmes le travail accompli.

Une trentaine de clients

Cette application lui a permis de fidéliser sa clientèle, qui lui renouvelle sa confiance d’année en année. Il a aujourd’hui un portefeuille d’une trentaine de clients, dont la moitié a souscrit à des abonnements trimestriels. Il y a beaucoup de jeunes seniors dans le lot, habitant plus ou moins loin : à Paris ou Marseille, mais aussi à Mayotte ou même Hong-Kong. Il cite aussi l’exemple d’une dame âgée habitant à Niort et possédant en campagne un petit cimetière privé et familial : « Quand je suis arrivé, c’était la friche, on ne voyait plus rien », se souvient-il.
Il s’occupe ainsi de quelques tombes atypiques, certaines accueillant des défunts décédés depuis plus de soixante ans. Il a même en charge quelques sépultures en pierre, à l’ancienne, pour lesquelles il demande un surcoût en raison du travail supplémentaire qu’elles requièrent.

La période de la Toussaint, qu’il prépare tous les mois d’octobre, est l’un de ses temps forts de l’année avec les Rameaux. Le reste du temps, son activité n’est pas suffisante pour lui garantir un salaire stable. Il partage donc son temps avec une activité d’accompagnateur d’enfants handicapés dans un collège de l’agglomération rochelaise. Une situation qui lui convient, car il n’a pas envie de perdre le côté artisanal et consciencieux de son travail. « Il y a de gros réseaux nationaux qui font appel à de la sous-traitance ; ça, je n’en ai pas envie ».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Les givrés de Noël lancent leurs défilés sur les routes du Civraisien ce samedi 6 décembre.
Les agriculteurs font briller nos villages
Dans le Civraisien et en Vienne et Gartempe, les agriculteurs, au volant de leurs tracteurs illuminés, parcourent depuis…
Engraissement : des actions pour développer la production

Face à la décapitalisation et aux montants élevés du maigre, Terrena, la Caveb et Feder mettent en place des aides pour…

Renforcement des contrôles des mouvements d'animaux en Deux-Sèvres

Dans un contexte sanitaire évolutif en matière de maladie animale, les services de l'État sont au côté des professionnels des…

Les prix de bovins ont prix 2€/kg depuis le début de l'année.
Un marché bovin qui s'emballe, faute d'offre
Comme partout en France, le nombre de bovins viande ne cesse de baisser dans la Vienne. Moins soumis aux aléas mondiaux que les…
Avec des récoltes records en grandes cultures, le marché est inondé et peine à rémunérer correctement les producteurs.
Céréaliers : des revenus dans le rouge mais quelques leviers à activer

Avec une production mondiale de céréales qui bat des records, les prix ne décollent pas. La recherche d'une meilleure…

Pierre-Adrien Flages et Emmanuel Massicot ont dressé le bilan de l'exercice 2024-2025 et évoqué les projets du groupe COC.
COC poursuit ses projets structurants
Comme on pouvait s'y attendre COC (anciennement Centre Ouest Céréales) a réalisé une très petite collecte en 2024. Ce qui n'…
Publicité