Aller au contenu principal

"Toujours des craintes pour l'avenir de l'exploitation"

Les manifestations agricoles de ces dernières semaines ont montré une complexité administrative et une dépendance à la Pac qui n'ont fait que grandir ces dernières années. La rédaction s'est demandé comment un ancien agriculteur a vécu ces évolutions, et a rencontré Thierry Boisson. Retraité depuis 7 ans, il suit toujours de près l'exploitation reprise par son fils, à Vouneuil-sur-Vienne.

Johnny et Thierry Boisson partagent la même impression sur la complexité administrative.
Johnny et Thierry Boisson partagent la même impression sur la complexité administrative.
© Elisabeth Hersand

Il s'est installé à Vouneuil-sur-Vienne en 1979, sur 26 hectares. Et ce qui faisait rêver Thierry Boisson, c'était les vaches laitières. "Alors avec ma femme Christine, on a acheté 11 vaches" explique cet agriculteur retraité. "On pouvait faire ce qui nous plaisait" se souvient-il. Mais ça, c'était avant l'apparition des quotas, en 1984. "Quand la Pac est arrivée, en 1992, on a dû s'adapter. S'agrandir. On était passés de 2 600 kg de lait par vache à 11 000". Thierry Boisson dit s'être senti de plus en plus contraint dans ses choix, au fil des années. "Aujourd'hui, quand on réfléchit à faire évoluer son exploitation, c'est toujours avec l'objectif d'aller chercher du financement" ajoute son fils Johnny Boisson, qui regrette que les conduites des exploitations soient à ce point orientées. En 2004, il a rejoint ses parents sur l'exploitation. Et puis la crise du lait est arrivée, et la fin des quotas en 2015.

         " J'ai toujours des craintes pour l'avenir de l'exploitation de Johnny."

Un an après, au départ à la retraite du papa, l'atelier lait a été stoppé. "Il aurait fallu que j'embauche, et le lait n'était plus rentable" regrette Johnny Boisson. L'EARL compte aujourd'hui deux chefs d'exploitation : Johnny Boisson et Christine Boisson, sa maman qui prendra sa retraite dans quelques semaines. Pour la production de céréales, qui se fait sur 380 ha, dont 160 irrigués, l'exploitation compte aussi un salarié à temps plein ainsi que Thierry Boisson, pour un 1/3 temps. "J'ai toujours des craintes pour l'avenir de l'exploitation de Johnny. Ça fait vraiment de la peine, d'autant qu'il est la 5e génération sur le site". Une inquiétude partagée par son fils. "Le problème, c'est qu'on est toujours sur le fil. Le matin, je me demande toujours si ce que je vais faire est conforme aux règles... On manque aussi de visibilité. Quand on a besoin d'investir dans une machine, c'est quand même vraiment compliqué de faire un business plan, avec toutes les incertitudes qu'on a, sur les cours, la météo, et les règles qui changent !". 

Thierry Boisson s'est lui aussi mobilisé ces dernières semaines, en se rendant sur plusieurs lieux de manifestation. "J'ai vu beaucoup de jeunes, comme les fils de mes copains qui étaient agriculteurs en même temps que moi. Les contraintes, le local phyto, les dossiers à remplir... Je n'ai entendu parler que de ça !" L'ancien agriculteur avoue d'ailleurs être toujours aussi étonné de voir son fils passer autant de temps à "enregistrer tout ce qu'il fait". Il s'étonne des contrôles et de la suspicion qu'il constate. "On a des ordonnances, comme chez le docteur, pour savoir quoi épandre. Quand on peut réduire les matières actives, on le fait. On n'est pas des abrutis !". Des démarches d'enregistrement et de demandes qui représentent selon Johnny Boisson près d'1/5 de son temps de travail sur la ferme. "Et il manque toujours quelque chose !" regrette l'agriculteur. "Mais ce n'est pas propre à l'agriculture". Également maire de sa commune, il constate "la même complexité administrative à la mairie".

Malgré ces évolutions, le père comme le fils n'ont pourtant pas perdu leur passion pour l'agriculture. "Si j'avais 20 ans aujourd'hui, oui, je pense que je m'installerais quand même" lance Thierry Boisson. "Mais je sais que quand on est jeune, on a besoin de temps pour partir en vacances, s'occuper de sa famille. Alors faire du lait, ça devient compliqué, parce que ce n'est plus rentable !". Et le retraité de conclure. "Ce qui me rend le plus triste, c'est d'entendre que dans les exploitations, c'est souvent le salaire du conjoint qui permet de vivre..."

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Tom et Didi Hawkins ont repris la supérette de Bouresse, ouverte tous les jours, sauf le mardi de 8 h à 13 h et de 15 h 30 à 19 h 30. Le dimanche de 8 h à 12 h.
Ouverture de commerces à Bouresse et Leigné-les-Bois

Lors des vœux des maires de début d'année, leur arrivée était signalée comme des "bonnes nouvelles". Les supérettes de…

Julien Dupuis, de l'Earl la Mardière, aux côtés de sa génisse Parthenaise ayant remporté le prix de championnat du concours. Elle a été achetée pour la boucherie du Leclerc d'Azay-le-Brûlé.
Concours de boucherie de Saint-Maixent : les ventes en petite forme

Les ventes atones lors de la foire de Saint-Maixent-l'École, le 11 avril, ont confirmé la tendance observée lors des derniers…

16 étudiants en BTS ACSE de Venours ont participé au projet.
Les lycéens à la découverte des Pays Bas
16 élèves du lycée de Venours vont réaliser le mois prochain un voyage vers les Pays-Bas. Au programme, un peu de tourisme, et…
Le camion Christelle Berthonneau s'appelle Sereine. Elle va à la porte de ses clientes ou s'arrête sur la place des villages.
Ces services qui viennent à notre porte
Certains commerçants ont décidé d'arpenter les routes de nos campagnes pour amener certains services à la porte de leurs clients.
Romain Pétorin, Nathan Groussard, Gwenaëlle Richard, Elena Morillon et Aurélien Lys autour du diorama des deux premiers.
Le modélisme agricole s'expose à Migré

Ce dimanche 27 avril, une quinzaine de passionnés exposeront leurs réalisations de modélisme agricole à Migré.

Zeina Hokayem peint des tableaux de femmes, très colorés, sur de l'acier.
Des tableaux colorés et débordants de vie
Elle est arrivée il y a 3 ans dans la Vienne, et Zeina Hokayem a déjà disséminé les couleurs qui lui tiennent tant à cœur dans…
Publicité