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Rencontre
Thomas Gaillard, entre appel au calme et au combat collectif

Revendiquant un brin de naïveté politique et un côté utopiste, le président des JA élu cette année affirme toutefois avoir beaucoup de convictions agricoles à défendre. Il compte mettre à profit son mandat pour briser l’entre-soi qui nuit à l’agriculture.

Le président des JA79 vient de démarrer une conversion au bio. « Un modèle qui n’est plus dévolu qu’aux doux rêveurs » et qui présente selon lui un vrai potentiel économique. Il envisage d’intégrer un peu d’élevage à son projet pour optimiser la résilience de sa ferme.
© Chloé Poitau

Il l’avait déclaré dès sa prise de fonction : la communication et le dialogue seraient un des piliers principaux de sa mandature, ainsi que la recherche de valeur ajoutée pour les exploitations agricoles. Thomas Gaillard, 29 ans, a pris la présidence des JA 79 sans ambition de faire carrière, mais avec la volonté de porter haut quelques messages pendant les deux ans que dureront son engagement, afin de participer à réconcilier la société et le monde agricole. « Il y a nécessité de dépassionner les débats, de sortir du climat d’incompréhension ambiant. On observe à la fois l’extrémisme d’antispécistes qui poussent les agriculteurs à se refermer sur eux-mêmes, et l’émergence d’une vision romantique de l’agriculture qui occulte les réalités économiques auxquelles on est astreints. La nouvelle génération doit appeler au calme, inviter le grand public à venir dans les fermes pour qu’il constate combien elles ont évolué, et qu’il salue ce travail accompli. C’est fini le plan Marshall. Ouvrons nos portes aux détracteurs pour qu’ils remettent les pieds sur terre », lance d’une traite le jeune céréalier, dans un élan pour le coup passionné.

Avancer groupés, dans le même sens

S’il n’est pas syndicaliste dans l’âme, Thomas Gaillard est convaincu de la force du groupe. Celui qui est guitariste au sein de la Frat’fanfare de Vasles et qui prit les options Théâtre (en patois gâtinais s’il vous plaît !) et Sciences politiques au cours de ses études, penche toujours du côté du débat et de la réflexion collective pour faire avancer les choses. Concernant le RIP animaux (lire Agri79 du 4 septembre), il a commencé à aller voir les parlementaires locaux, avec les présidents départementaux de la chasse, de la Fnsea et de la chambre d’agriculture pour échanger sur le sujet et les mettre face à leurs contradictions. « Même s’il y a une sincérité dans la démarche des initiateurs du RIP, il y a une méconnaissance du monde rural et le RIP annonce une mise à mort de notre mode de vie. Les élus ne sont pas au courant de tous les aspects de ce référendum, ni des intérêts cachés que peuvent y trouver de gros investisseurs », indique-t-il.

Thomas Gaillard a eu « l’étincelle » syndicale lors d’un blocage de la laiterie de Champdeniers il y a quelques années où il a noué des amitiés avec d’autes JA. « J’ai constaté à cette occasion l’importance de se regrouper pour se faire entendre ». Son intention pour les deux ans à venir ? Servir l’intérêt commun de l’agriculture – quitte à mettre de côté quelques projets professionnels pour sa ferme –, en « bougeant les agriculteurs, interprofessions, coopératives, décideurs et partenaires. Il n’est plus acceptable que l’intérêt de quelques entreprises fonctionnant sur le principe de l’entre-soi passe avant celui des agriculteurs ». Un constat qu’il a pu faire partout en France, lors de deux ans passés comme salarié en machinisme agricole, une sorte des « Compagnons de l’agriculture », expérience qu’il conseille à tout jeune hésitant à se lancer : « j’ai rencontré aussi bien les bergers isolés des Pyrénées que les céréaliers de la Beauce. Voir un peu de tout est important pour savoir ce que l’on veut après ».

L’adaptabilité deux-sévrienne

Comment le presque trentenaire voit-il l’agriculture deux-sévrienne et son avenir ? « Sa diversité fait sa force. Néanmoins, la perte de l’ICHN a été un coup dur. Les polyculteurs-éleveurs étaient partis de façon intensive sur le pâturage à l’herbe et les aides ont été coupées du jour au lendemain. Il y a un équilibre à retrouver ». Pour lui, deux modèles coexisteront dans le futur paysage local, répondant à des besoins différents des producteurs et des consommateurs : d’une part des exploitations plus petites, misant sur de la valeur ajoutée avec des labels, des ateliers de transformation, de la vente directe destinée à une clientèle qui a les moyens ; d’autre part des exploitations qui s’agrandiront du fait du non remplacement des actifs partant à la retraite, et commercialiseront des produits standards, « dont on a toujours besoin ». Lui-même a opté pour le bio il y a peu, entamant une conversion sur ses 75 hectares de céréales situés à Verruyes, et qu’il valorise par le biais du négoce VSN. « Avec les terres à faible potentiel de Gâtine, c’était la seule recette possible à mes yeux pour ne pas me casser la figure », relève-t-il. Peu importe le modèle que choisiront les agriculteurs deux-sévriens, Thomas sera de leur côté et croit à l’avenir : « notre territoire peu fertile nous a appris à nous réinventer sans cesse ». Pour autant il ne perd pas de vue les gros chantiers à mener : veiller à ce que le travail des agriculteurs soit revalorisé, que le cahier des charges bio ne baisse pas en exigences, et que les capitaux des plus grosses exploitations ne finissent pas par être captés par de plus gros poissons. Le travail ne manque pas.

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