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Simplifier le travail pour consacrer du temps aux enfants

Ils ont abandonné les fromages pour consacrer plus de temps à leurs enfants. Réorganiser est un souci quotidien.

Emmanuelle et Aurélien Fouet (ici avec le petit Charles) élèvent sur leur exploitation de 32 ha un cheptel de 350 chèvres saanens.
Emmanuelle et Aurélien Fouet (ici avec le petit Charles) élèvent sur leur exploitation de 32 ha un cheptel de 350 chèvres saanens.
© AC

Lorsqu’on demande à Aurélien et Emmanuelle Fouet, à Seigné, entre Aulnay et Chives, combien de temps ils consacrent à leur entreprise caprine, ils sourient, se consultent des yeux et avancent des chiffres : 270 h par mois pour lui, 150 h pour elle. Ils ne veulent pas forcément compter de cette manière. Depuis quelques années, avec l’arrivée de trois enfants, ils ont fait le choix de prendre du temps pour ces derniers. Quitte à abandonner la production fromagère en 2017. Pourtant, pour ce couple installé en 2011 sur 20 ha avec 130 chèvres dont un quart en alpines, sur un bâtiment existant, il y avait là du « potentiel » : 250 000 l en référence. Deux ans plus tard, le troupeau double et passe à 250 chèvres, tandis qu’en parallèle les débouchés en vente de produits fromagers pour grossistes et demi-gros augmentent. En 2017, ils décident, avec les 300 chèvres et leurs 32 ha, de réorienter l’exploitation en stoppant l’atelier de transformation, chronophage. Ils sont alors « dans la recherche d’une autre qualité de vie avec les enfants ». Le troupeau augmente de nouveau, un bâtiment de stockage s’ajoute et le salariat est aussi arrêté. « Aujourd’hui, en 2019, nous avons décidé de freiner l’augmentation du cheptel (350 chèvres saanens) car nous manquons de fourrages. Nous avons perdu 6 ha de luzerne car notre entente avec une autre entreprise agricole s’est arrêtée. Nous faisons aujourd’hui 22 ha en méteillage. » L’Earl La Biquette Rit a 42 ha (30 ha de luzerne et 12 ha en prairies) actuellement dans un rayon d’un kilomètre autour de l’exploitation et 18 ha sont à 5-6 kms. « Notre chargement se situe à 8 chèvres par hectare. » 1,9 ha UGB/ha SFP. « Nos prairies ont un rendement autour de 5,5 TMS/ha et les luzernes de 8,5 TMS/ha. Il nous faut en moyenne 500 à 600 bottes par an de paille. » Livrant aujourd’hui à Terra Lacta 310 000 l par an, ils se sont répartis les travaux : Aurélien Fouet réalise l’alimentation et les travaux des champs, Emmanuelle Fouet s’occupe de la traite et des chevreaux.

Travailler par lots

« Nous écoutons tous les avis sur les systèmes de traite. Aujourd’hui, nous avons un 2 fois 35 places, 16 postes et la taille de certains lots (6 en fonction des âges et de la production), séparés dans le bâtiment, ralentit le rythme de la traite » souligne Aurélien. Emmanuelle évalue le temps : « c’est 5 h 30 par jour entre le matin et le soir… » Même avec 3 périodes de mises-bas, dont la plus importante en mars (200 chèvres), un résiduel en mai ou en octobre, après l’abandon de la fromagerie, ils pratiquent un mix entre boucs et insémination. « Nous avons organisé l’exploitation autour des lots entre les lactations longues regroupées entre meilleures laitières et plus âgées » et des lots de chèvres jeunes, 2-3 ans, en insémination artificielle. « Nous opérons 50 à 100 IA pour avoir des boucs et introduire ainsi de la variété génétique. Nous conservons une dizaine de boucs, moitié-moitié entre jeunes et adultes. »

Ne pas perdre de temps

Dans les objectifs qu’ils se sont fixés, Aurélien et Emmanuelle Fouet souhaite encore augmenter le cheptel et réduire les lots de mises bas… et réembaucher de nouveau un salarié pour prendre des vacances avec les enfants. « Nous n’avons pris que 15 jours non consécutifs depuis notre installation » lâche Aurélien, « pour nous, simplifier le travail, passe par le gain de temps. » Il réfléchit par exemple à un valet de ferme, mécanisé. « Notre temps de travail sur l’exploitation fait peur » ironise-t-il, « la simplification du travail, c’est avant tout de la bonne organisation. Ne pas perdre du temps, de 5 minutes en 10 minutes. Nous organisons nos travaux sur la journée et sur la semaine pour les travaux des champs. » La répartition des travaux entre eux est claire. « Monter à 400 chèvres nous permettrait d’avoir un salarié et par conséquent de dégager du temps. » La simplification du travail passe aussi par une plus ample mécanisation. « Nous sommes jeunes installés. Les investissements doivent être raisonnés. Les premiers sont encore en cours… ces outils nous simplifieraient le travail. Je brasse 2,5 t de paille par semaine et 1 t par jour de foin. Avec de meilleurs outils, on y gagnerait en temps et en santé. » Ces investissements sont tributaires du prix du lait. « Nous nous sommes installés en pleine crise du lait, d’où la transformation. Les perspectives d’avenir pour les laiteries sont meilleures. » Aurélien conclut : « j’ai l’idée de reprendre la transformation… ma femme non. Elle assurait la fabrication, moi j’assurais la chèvrerie et les tétées. » L’augmentation du cheptel n’a pas grignoté le temps de vie et introduit une autre notion : le travailler ensemble et pas parallèle. Fin mars, les chevreaux partaient et les chevrettes étaient toutes conservées, « car c’est plus rentable économiquement dans la valorisation des chevreaux ». C’était une étape franchie dans la simplification (ou la charge) du travail au quotidien.

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