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Rouge-Gorge, victime d’une filière melons en souffrance

Leader français du melon, l’entreprise familiale Rouge-Gorge a annoncé l’arrêt de cette production début décembre. Une réalité qui interroge sur la fragilité des filières agricoles face aux mastodontes de la distribution.

L’arrêt de la production de melons impacte fortement la main d’oeuvre saisonnière.
L’arrêt de la production de melons impacte fortement la main d’oeuvre saisonnière.
© Agri79

« Il s’agit d’un arrêt contraint et forcé, la décision a été très douloureuse à prendre. D’autant que certains des salariés étaient à nos côtés depuis les débuts de l’aventure », souligne Christophe Couteleau, le dirigeant de Rouge-Gorge encore sous le coup de l’émotion. Petit-fils du créateur de la melonnière de Taizé-Maulais, au sud-est de Thouars, Christophe Couteleau n’est pas prêt encore à tirer des plans sur la comète quant à l’avenir de l’entreprise dans la production de pommes, même si les choix de variétés sous licence qui ont été faits augurent déjà une bonne rentabilité : « il nous faudra du temps pour digérer l’arrêt du melon. Nous avons eu cette année une météo plus que propice et pas de maladies : tous les voyants étaient au vert et pourtant, nous avons fini en négatif pour cette activité. La réalité comptable nous a rattrapés, la guerre des prix de la GMS surtout, et nous nous sommes retrouvés au pied du mur, comme l’ont été avant nous des melonniers comme Fondor, Terradelis ou Soldive. » Avec des prix qui n’ont pas augmenté depuis près de 20 ans et des charges de plus en plus lourdes, le calcul est vite fait et impose aux producteurs de melons français de mettre un à un la clé sous la porte.

Un produit sous tension

Le constat est sans appel : la filière melon française a de plus en plus de peine à se maintenir. Les causes ? En premier lieu, l’hyperconcentration de la GMS, qui asphyxie le marché et le déconnecte des réalités. Près de 80 % des ventes de melons se font avec une dizaines d’acheteurs seulement, représentant les grandes enseignes de distribution. Les producteurs n’ont d’autre choix que de s’aligner sur leurs prix, afin d’exister parmi la cinquantaine d’offres quotidiennes reçue par les acheteurs, et d’écouler leur stock de melons avant leur péremption, par ailleurs très rapide. Les prix, qui s’établissaient autour de 0,98 € en 2000, ont chuté à 0,80 € aujourd’hui.
Autre coup dur (et paradoxal !) pour la filière, le succès du melon auprès des consommateurs. Constamment mis en promotion, le melon sert de produit d’appel à la GMS. « Les prospectus annonçant les prix de promotions sont conçus des semaines à l’avance, quand le melon est au stade de fleur, s’exclame Christophe Couteleau. Les prix fixés n’ont parfois plus grand-chose à voir avec le calibre du produit final, et s’ils évoluent, c’est toujours à la baisse, afin d’être sûr de ne pas se faire passer devant par un autre vendeur. » Avec autant d’obstacles, on comprend que la situation soit bouchée pour de nombreux producteurs évoluant à l’échelle de la grande distribution. Rouge-Gorge jette à son tour l’éponge, quel avenir maintenant pour la filière ?

Envisager la suite

L’avenir des salariés de Rouge-Gorge est en tout cas incertain. « La conjoncture était difficile, les surfaces cultivées étaient passées de 1100 ha à 600 depuis quelques années, mais nous ne nous attendions pas à cet arrêt, évoque Eric Blot, délégué CGT. Les salariés sont touchés de plein fouet, avec 36 licenciements secs sur 73 pour le site deux-sévrien, sans compter ceux de Béziers et de Malaga, en Espagne. »
Pour sauver sa peau, l’entreprise Rouge-Gorge a coupé son membre malade, prenant la décision de se recentrer sur son activité Pommes, une production en bonne santé actuellement déployée sur près de 180 ha de vergers et nécessitant moins de main d’œuvre (un employé en moyenne pour 10 ha). Outre les salariés impactés, ce choix laisse sur le carreau les quelques 130 saisonniers employés huit mois par an ainsi que les 1200 qui leur prêtaient main forte pendant les deux mois de récolte. « Nous mettons tout en œuvre pour que nos collaborateurs licenciés puissent rebondir, précise Christophe Couteleau. Nous avons appelé nos concurrents et mis sur pied une base de données pour faciliter leur reclassement. »

 

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