Patrimoine
Réouverture en vue pour la maison Loti
Le domicile rochefortais de l'académicien, fermé depuis 2012 en raison de son état de délabrement, rouvrira ses portes au public à partir du 10 juin avec la promesse de visites guidées revues et d'espaces plus fidèles qu'auparavant à ce qu'ils étaient dans les dernières années de Loti.
Le domicile rochefortais de l'académicien, fermé depuis 2012 en raison de son état de délabrement, rouvrira ses portes au public à partir du 10 juin avec la promesse de visites guidées revues et d'espaces plus fidèles qu'auparavant à ce qu'ils étaient dans les dernières années de Loti.

On peut s'étonner, en voyant les ouvriers à pied-d'œuvre ou les plastiques de protection et les contreplaqués de chantier présents partout, de l'ouverture annoncée de la maison de Pierre Loti au public le 10 juin prochain. À quatre semaines de la date, « c'est encore une fourmilière, il reste beaucoup à faire », reconnaît Caroline Campodarve-Puente, première adjointe de Rochefort en charge des affaires culturelles. « Tout le monde est à pied-d'œuvre », ajoute le maire, Hervé Blanché.
« Il y a encore des travaux, mais les collections commencent à être remises en place. »
Si les élus suivent le chantier avec autant d'attention, c'est que cette maison pourrait offrir à Rochefort la locomotive touristique qui lui manque depuis le départ de L'Hermione vers un chantier de réparation dont on ignore s'il aboutira un jour. C'est aussi parce que les sommes engagées sont très importantes : pas moins de 13,5 M€ HT* auront été nécessaires pour le chantier de restauration engagé en 2018, année où l'édifice faisait partie des projets emblématiques du Loto du patrimoine. Il avait d'ailleurs bénéficié à l'époque d'une belle mise en lumière avec une visite d'Emmanuel Macron et de Stéphane Bern. La réouverture était alors espérée pour 2023, année du centenaire de la mort de Loti, mais les aléas (Covid, difficultés d'approvisionnement en matériaux) et les difficultés sur les appels d'offres (certains ont dû être relancés cinq fois, faute d'entreprises candidates) auront allongé les délais de deux ans.
Recréer l'ambiance de l'époque
« C'est un projet hors-norme par le nombre de pièces restaurées - plus de 2000 - et le nombre d'artisans qui sont intervenus », explique Caroline Campodarve-Puente. Palais de l'éclectisme témoignant du goût du capitaine de vaisseau Julien Viaud - le vrai nom de Pierre Loti - pour le voyage, la maison comprend des matériaux et des techniques architecturales inspirés de tout l'Orient, que l'homme de marine a exploré au court de sa carrière. Les premières salles terminés, au deuxième étage de la demeure (la mosquée, la chambre arabe et le salon turc) témoignent ainsi de sa passion pour le monde turc, qui a pu tourner à l'aveuglement et la mauvaise foi dans ses dernières années face au génocide arménien. À quelques pas de là, la chambre personnelle de l'écrivain apparaît très dépouillée et témoigne de la complexité de l'homme. De nombreux objets personnels, cédés par la famille de l'écrivain au musée, ont été mis en scène. « La chance de cette maison, c'est qu'elle n'est pas sortie de la famille avant sa vente à la ville en 1969 », explique le conservateur, Claude Stefani. Beaucoup d'objets ont ainsi pu être conservés sur place ; d'autres, vendus entre la mort de Loti et la création du musée en 1973, ont pu être retrouvés grâce à des photos. Dans certains cas, les travaux sont allés jusqu'à la recréation d'espaces disparus, comme la salle chinoise démantelée par le fils de Loti, Samuel Viaud, en 1929.
Le chantier aura aussi permis de recréer des ambiances disparues au sein de la maison, de raviver certaines couleurs ou de travailler sur un éclairage plus proche de ce qu'il était à l'origine (Loti ne voulait pas électrifier ses pièces et préférait utiliser des lampes à huile). Mais pour la ville, il aura aussi fallu repenser la façon de faire découvrir ce logis si particulier. L'exiguïté des lieux imposera des visites guidées au départ du musée Hèbre (à une centaine de mètres de là), d'1h30 environ, pour des groupes de 10 personnes maximum. Les réservations seront ouvertes à partir du 21 mai.
(*) 6 M€ par l'État, 3,5 M€ par la ville de Rochefort, 1,5 M€ par le Département, 1 M€ par la Région, et 800 000 € de mécénat public et privé.