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Quatre jours de mobilisation… mais peu de solutions apportées

Après la mobilisation impressionnante qui a bloqué Poitiers dans la nuit du 21 au 22 juillet, d’autres actions ont suivi, dans toute la région. Les agriculteurs restent attentifs aux évolutions annoncées.

Peu convaincus par le plan gouvernemental annoncé mercredi 22, les agriculteurs de la Vienne n’ont pas entièrement dégagé les abords de Poitiers. Sur les 9 blocages mis en place tout autour de la ville, deux ont été maintenus durant toute la nuit : Poitiers Sud, où les agriculteurs de la FNSEA et des JA filtraient le passage des véhicules, au rond-point de l’autoroute ; et Poitiers Nord, où la circulation était entièrement bloquée, au rond-point de la Folie. Dans la matinée, et après avoir intercepté plusieurs camions qui transportaient de la viande et du lait étrangers, les agriculteurs installés au nord de Poitiers ont déversé ces produits devant l’usine Bonilait, à Chasseneuil, puis devant les enseignes Métro, Leclerc et Géant, avant de rejoindre le dernier point de blocage, au sud de Poitiers. En milieu d’après midi du jeudi, la cinquantaine d’agriculteurs, dont de très nombreux jeunes, éleveurs et céréaliers, ont finalement levé le camp. Le lendemain, c’est la coordination rurale qui s’est mobilisée. Une trentaine d’agriculteurs ont investi la Direction Départementale des Territoires, à Poitiers, pour y déposer deux cochons et une chèvre. « Bientôt, il ne restera pas plus d’animaux dans la Vienne » lance Eric Ménanteau, président de la CR Poitou-Charentes, pour expliquer la symbolique de son geste. Une action destinée à exprimer la déception du syndicat face au plan national, qui n’est selon la CR qu’un « effet d’annonce » ; et à exposer les difficultés actuellement rencontrées, notamment avec le formulaire de demande de trésorerie remboursable. Quelques jours après ces mobilisations, et alors que le plan gouvernemental se met en place, et les soutiens des politiques face à cette crise importante se mettent en place (lire en page 4 et 5), la colère et le désarroi des agriculteurs de la Vienne ne semblent pas retombés. Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, les agriculteurs de la Fnsea et des JA ont donc ressorti leurs tracteurs. À Poitiers, c’est à nouveau le rond-point de La Folie qui a été investi par une cinquantaine d’agriculteurs. Pas de blocage de la circulation, cette fois-ci, juste un filtrage, distribution de tracts et dialogue. En fin de matinée, les agriculteurs ont également distribué du melon, produits laitiers et charcuterie locaux, et rappelé l’intérêt de consommer Français. « Notre objectif, c’est de maintenir la pression la pression, car ce qui a été annoncé au niveau national ou local ne change rien. Ce qu’il nous faut, ce sont des prix qui nous permettent de vivre » martèle Denis Bergeron, président de la FNSEA de la Vienne.  À la demande des agriculteurs, la préfète de région est également venue sur place en fin de matinée.   Christiane Barret a notamment annoncé une réunion, mardi prochain, pour organiser  la mise en place d’un groupement régional pour répondre aux marchés publics de restauration collective. «Elle nous a assuré qu’elle ferait remonter nos demandes de simplification » précise Denis Bergeron. Le président de la FNSEA se réjouit de ce dialogue, qui a également été l’occasion pour Philippe Renaudet, président de la section lait de la FNSEA, de redire les attentes de la filière:  «L’état Français doit nous défendre au sein du grand marché européen». L’occasion aussi pour les agriculteurs présents de redire leur détresse, et leur souhait d’aller vers des solutions plus durables que celles proposées par le gouvernement. «Ce n’est pas en disant «on vous prête de l’argent, et on verra dans un an» que cela va changer les choses. Moi, ça fait un an que c’est le discours que me tiennent les banques. Aujourd’hui, je suis au bord du dépôt de bilan! Ce qu’il nous faut, ce sont des prix de vente» lance un éleveur bovin. Dans le sud du département, ce même mercredi, en matinée, la tension était aussi palpable chez les éleveurs caprins. À l’appel de la Fédération régionale des syndicats caprins Charentes-Poitou-Vendée, une quarantaine d’éleveurs se sont rassemblés devant les grilles de la laiterie Saint-Saviol. L’action, soutenue par la Coordination rurale, visait à dénoncer  une baisse de prix du lait annoncée par le groupe Terra Lacta. «On vient d’apprendre  que les prix allaient baisser de 15 € en juillet, de 15 € en août, et de 10 € en septembre», s’inquiète François Bonnet, président de la Fresyca. «Depuis septembre dernier, on demande une hausse  de 4 centimes / litre. C’est un minimum pour que nos trésoreries ne se dégradent pas davantage. Actuellement, le revenu moyen des éleveurs est de 12 000 € / an! Il faudrait qu’il soit de 30 000 € pour pouvoir vivre dignement de notre production.»Les producteurs caprins veulent avant tout un prix du lait en adéquation avec le coût de production. C’est ce qu’est venue dire aux responsables de Terra Lacta, Patricia Clément, éleveuse à Thénezay (79). «Le coût des intrants augmente, celui de l’alimentation animale aussi.  Ça fragilise déjà nos trésoreries. Avec en plus le prix du lait en baisse, des exploitants vont arrêter leur activité. On ne va pas travailler sans revenu. Là, on sature. En plus, cette situation ne donne aucune perspective aux jeunes qui souhaiteraient s’installer.» Dans ses conditions, l’éleveuse doute qu’elle pourra concrétiser son projet d’achat de matériel. Les performances techniques de l’exploitation pâtissent donc aussi de cette chute des prix.

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