Premiers retours sur l'agrivoltaïsme en élevage
Alors que les projets d'agrivoltaïsme sont nombreux dans la Vienne, mais font également débat dans les campagnes, les premiers bilans de l'expérimentation lancée en 2024 à Champagné-Saint-Hilaire commencent à tomber.

Sept mois après le lancement de l'expérimentation d'un projet agrivoltaïque dans un pâturage de Limousines à Champagné-Saint-Hilaire, Valeco a pu réaliser ses premières observations. L'entreprise productrice d'électricité renouvelable a installé ses panneaux en 2024, sur une parcelle de 7 hectares, en échange d'un loyer à l'éleveur Jean-Simon Vuzé.
Plusieurs ajustements prévus
"C'est pour cela qu'il est important d'avoir des projets pilotes, afin de s'améliorer pour un futur projet d'ampleur", assure François Daumard, président de Valeco. Pour le moment, les premières observations sont surtout d'ordre technique. "On avait mis des panneaux de trois hauteurs différentes et on se rend compte que c'est mieux pour les animaux qu'elles soient assez hautes. Pareil pour les croix de Saint-André entre les poteaux, qui seront à terme supprimées, liste Jonathan Voisard, chef de projet construction et pré-construction solaire à Valeco. Et il faut aussi faire attention aux vis qui peuvent dépasser et blesser les vaches." Justement, les principales intéressées ont été mises en pâture le 18 avril dernier. Et leur éleveur le certifie : "Les vaches n'ont pas du tout été perturbées par les panneaux." Au contraire, les bêtes se sont plutôt bien acclimatées aux neuf lignes de modules, qui affichent une puissance de 350kWc. "Elles se baladent autour, mangent dessous, s'abritent aussi quelques fois quand il pleut. Le taureau s'est même gratté contre les poteaux !" sourit Jean-Simon Vuzé.
L'Idele et la Chambre d'agriculture impliqués
Pour être certain que les Limousines ne sont pas perturbées par les installations, "l'Institut de l'élevage (Idele) viendra observer les animaux pendant une journée complète, en mai puis en juin," indique Benoît Bunsart, expert agricole à Valeco. La chambre d'agriculture, elle, effectue des analyses de l'herbe, en zone semi-ombragée, ombragée et ensoleillée.
Les premiers prélèvements ont déjà été réalisés le 22 avril. Des études concernant la quantité d'eau dans les sols, liée à l'écoulement sur les panneaux, doivent également être effectuées. "Nous travaillons aussi avec la fédération régionale des Cuma concernant l'utilisation des machines sur la parcelle, afin de voir ce qui est le plus adapté," ajoute Benoît Bunsart. Ce projet expérimental se terminera dans trois ans. Un autre projet agrivoltaïque, cette fois-ci en volaille, devrait ensuite voir le jour en Charente-Maritime.
Un projet de rayonnement territorial
Cette expérimentation est le premier projet de recherche en agrivoltaïsme sur une parcelle d'élevage bovin, à l'échelle nationale. Une "vitrine laboratoire," qui représente une raison de "faire briller le département," selon Serge Boulanger, préfet de la Vienne. Cette importance territoriale est également soulignée par le président de Valeco, François Daumard, qui rappelle l'importance de "l'acceptation locale de tous de ce type de projet." L'implantation de cette centrale avait justement été discutée lors d'une réunion publique, rappelle le maire de la commune Gilles Bosseboeuf. Actuellement, 94 projets d'agrivoltaïsme sont en cours d'instruction dans la Vienne. Ils s'étendraient sur 2 000 hectares, alors que pour atteindre les objectifs de la PPE, "400 hectares par département d'ici 2050" suffisent, rappelle Pascal Lecamp, député de la 3e circonscription de la Vienne. Tous ne pourront donc pas être validés. Pour éviter que cette "énergie pas chère" se fasse "sur le dos de nos cultures," l'élu porte une loi avec trois mesures principales : "limiter la taille des projets à 10 MWc max, créer un contrat agricole entre propriétaire, agriculteur et énergéticien et que 100 % des retombées locales aillent au monde agricole et aux territoires." Elle sera soumise au vote de l'Assemblée nationale avant l'été.