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Plantes aromatiques et médicinales : «La diversité des productions est une chance»

Une mission du Sénat, présidée par la sénatrice de Charente-Maritime Corinne Imbert, planche sur une mise à jour de la règlementation pour accroître la présence française dans ces filières.

Avec les plantes aromatiques et médicinales, «il n’y a pas une filière mais une multitude de petites filières avec des usages très diversifiés», assure Corinne Imbert.
Avec les plantes aromatiques et médicinales, «il n’y a pas une filière mais une multitude de petites filières avec des usages très diversifiés», assure Corinne Imbert.
© Christine Grandin

Une soixantaine d’auditions, des déplacements sur les lieux de production, des questions soulevées, des problématiques avancées et des ébauches de réponse : c’est le travail accompli jusqu’ici par la mission sénatoriale que préside Corinne Imbert (LR). L’ancienne maire de Beauvais-sur-Matha, pharmacienne de profession, a ainsi pu mieux cerner les contours de l’herboristerie en France. Le rapport qu’elle remettra fin septembre distinguera deux filières, l’une dédiée aux plantes médicinales, l’autre aux plantes aromatiques, chacune ayant des évolutions et des tendances qui lui sont propres. «C’est très large, car cela va de la production aux métiers, en passant par les aspects législatifs, les attentes sociétales, souligne Corinne Imbert. C’est une profession plurielle avec des producteurs allant de petites surfaces à des surfaces conséquentes. Elle est en plein essor.»

Ni à inventer, ni à réinventer

Selon Ida Bost, docteur en ethnologie, fine connaisseuse de l’herboristerie en France, il existe plusieurs domaines se revendiquant comme herboristes : «celui des paysans-herboristes, des vendeurs en boutiques, de ceux qui transmettent leur savoir, des pharmaciens, des soignants et tout l’univers du bien-être». Toutefois, tout n’est pas rose au pays des bonnes plantes, et les productions du Sud de la France ont fort à faire avec la concurrence de l’Inde et de la Chine. Se défendre contre les exportations est très difficile, car il n’existe pas de grands acteurs dans le secteur. «Par ler de filières «Plantes aromatiques et médicinales» (PAM) n’a pas vraiment de sens, puisqu’il n’y a pas une filière mais une multitude de petites filières avec des usages très diversifiés», explique Corinne Imbert. Des plantes sèches aux compléments alimentaires, l’écart est large... Aussi, la sénatrice espère que les propositions de la mission pourront servir de base à l’amélioration des filières par les ministères concernés. «L’attente sociétale est réelle. C’est un retour au naturel. La phytothérapie est indissociable de la pharmacie», indique-t-elle en connaissance de cause. «Les progrès de la chimie ont permis de trouver d’autres alternatives. La pharmacie a aussi été un moteur pour l’expansion des plantes médicinales, depuis que l’on a mis ces dernières en gélules. On a progressé sur l’agronomie des PAM, mais aussi en pharmacologie et en galénique (Ndlr : la présentation des médicaments). Mais il ne faut pas que ce retour au naturel retarde des diagnostics de pathologie...» Une prudence que Corinne Imbert mentionne souvent dans ses auditions.

Plus importées que produites

Fin septembre, le sénateur du Morbihan Joël Labbé (ex-EÉLV) donnera des indications «pour faire bouger les lignes : sur la reconnaissance des écoles d’herboristerie, sur le diplôme, sur des simplifications législatives, sur la structuration de la filière.» Des clés que Corinne Imbert veut exploiter pour renforcer le dynamisme de la filière, dont elle met en avant «les perspectives de développement économique pour beaucoup de départements en France. Même dans les départements très producteurs, il faut encore mieux structurer les filières, accentuer la recherche.» Selon elle, «nous pourrions voir des PAM se multiplier dans nos régions, plutôt que des productions classiques qui ont du mal...»
Aujourd’hui, en France, lavande, lavandin, pavot et œillette trustent les premières places en surfaces et en volume de production (60 %). Mais «la production du tiers restant assure 60 % du chiffre d’affaires, ce qui démontre une forte hétérogénéité des chiffres d’affaire par hectare», assure Corinne Imbert. Ces cultures couvrent en tout, selon Agnès Le Men, directrice du Conservatoire national des plantes de Milly-la-Forêt (CNPMAI), 48 000 ha, soit moins d’1 % de la surface agricole française. En tout, cela concerne 3 500 exploitations, dont 12 % de bio. Mais la filière est en plein développement, avec une croissance de 40 % ces dernières années, selon Claude Chailan, délégué à la filière. 120 espèces sont cultivées en France ; mais la production, dans ce secteur, peut aussi être synonyme de cueillette. Les chiffres explosent alors : 365 plantes, selon une première liste fournie à la mission par le professeur en pharmacie Pierre Champy, de l’Université Paris-11. Elles sont parfois toxiques, ce qui pose le problème de leur vente libre, qui se répend pourtant : en 2008, 148 plantes sont sorties du carcan pharmaceutique. Certaines ont le statut de «plantes alimentaires» et entrent dans la composition des compléments, dont le marché explose ces dernières années. D’où l’importation de pas moins de 20 000 tonnes de plantes en France par an, soit environ 80 millions d’euros. La filière fait vivre, outre les producteurs, des grossistes, herboristes, négociants en huiles essentielles, intermédiaires, fabricants, industriels de l’agroalimentaire ou des cosmétiques... «Cette diversification, ces spécialisations sont porteuses d’avenir», conclut Corinne Imbert. Et les chiffres semblent lui donner raison, avec une augmentation constante du nombre de producteurs ces derniers années, attirés par ce créneau à prendre.

 

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