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Culture
Picasso : le maître et la bouteille

Le maître de l’art moderne s’expose à la Cité du vin, à Bordeaux. Dans le cadre de Bordeaux fête le vin, le musée propose une exposition thématique à consommer sans modération.
 

En tout, plus de 80 œuvres sont présentées au public jusqu’au 28  août et révèlent le lien qui existait entre l’artiste catalan et l’alcool.
© MR

Il y a quelques dessins, des céramiques, mais aussi des tableaux, des bouteilles anciennes, des affiches originales, des films… L’exposition temporaire « Pablo Picasso, l’effervescence des formes » musarde entre le grand peintre à l’œuvre prolifique et l’histoire. Le fil rouge de l’exposition ? Le rapport du maître avec la boisson dans sa production artistique. Logique pour La cité du vin qui accueille, jusqu’au 28 août, plus de 80 œuvres issues, notamment, du musée national Picasso-Paris et du musée Picasso de Barcelone.

L’historien et critique d’art Stéphane Guégan, commissaire scientifique de l’exposition, explique comment elle « explore la place du vin et des alcools populaires dans l’œuvre de Pablo Picasso, à travers une large variété de thématiques et de supports. Il s’agissait d’imaginer une exposition grand public, aussi originale qu’ambitieuse. Elle éclaire de façon inédite les réalisations de Pablo Picasso et révèle la créativité effervescente qui l’a animé tout au long de sa vie ».

 

L’exposition révèle la profusion des évocations symboliques ou formelles du vin et des alcools dans les œuvres de Picasso et la créativité hors-norme de leur auteur, que l’on ne saurait réduire à un seul style ou support.

De la couleur et des histoires

Dès le début de l’exposition, le visiteur est happé par des photographies de Pablo Picasso qui aimait, à la fin de sa vie, se mettre en scène devant l’œil des photographes. Des photographies plus grandes que nature, imposantes et laissant pourtant deviner ce qui se passe derrière, comme la bouteille laisse voir le nectar à déguster ensuite.

Le parcours est à la fois chronologique et thématique. Il s’agit, pour le musée, de mettre en avant la place du vin et de l’alcool dans la vie et l’œuvre du génial catalan « où se mêlent ivresse de la vie, ivresse des sens et ivresse des formes, confie Marion Eybert, responsable des projets muséographiques de la Cité du Vin. Grâce à la participation de nombreux musées français et espagnols et de collectionneurs privés, l’exposition révèle la profusion des évocations symboliques ou formelles du vin et des alcools dans les œuvres de Picasso et la créativité hors-norme de leur auteur, que l’on ne saurait réduire à un seul style ou support ».

On y voit des œuvres de jeunesse, ses recherches autour de la religion, de la mythologie… des dessins au trait d’une précision inouïe, son glissement vers l’abstraction. Mais aussi des affiches publicitaires d’alcools girondins aujourd’hui disparus, quelques œuvres de ses contemporains autour du même thème, une parade des bouteilles d’alcools en vogue au début du XXe siècle… Et plusieurs œuvres de peintres actuels inspirés par le maître.

Une œuvre aussi multiple que le XXe siècle

À travers l’œuvre de l’artiste, c’est tout le XXe siècle qui défile : la religiosité, la misère et le sens de la fête populaire que Pablo Picasso aimait croquer à l’aide de dessins rapides et remarquablement précis. Les conflits qui ont changé le visage de l’Europe, la bohème d’avant la première guerre mondiale, les années folles de l’entre-deux-guerres, les utopies et les désillusions…

Il y a aussi l’interconnexion entre le peintre aux multiples supports et les autres disciplines artistiques qu’il a côtoyé. Comme les deux séquences originales aménagées au cœur du parcours qui mettent en lumière les liens de Picasso avec les poètes, Guillaume Apollinaire ou Paul Eluard par exemple… Une gorgée d’art à déguster d’urgence.

 

Le temps d’une image

« Les tableaux de Picasso ? Mon gamin de 4 ans pourrait les peindre » ! Une affirmation qu’une visite de l’exposition bordelaise peut très vite mettre à bas… car cette incompréhension face à certaines œuvres du maître sera effacée devant la précieuse minutie des dessins exposés à La cité du vin. Comme dans ce détail du « Repas frugal », un dessin de 1904 prêté par le musée Cantini (Marseille). Pablo Picasso, avant d’opter pour l’art moderne et de produire une œuvre protéiforme, était un prodige du dessin. Fils d’un professeur de l’école des Beaux-Arts, il y fut admis comme élève à Barcelone dès l’âge de 14 ans puis à Madrid deux ans plus tard.
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