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Vie de famille
Paysans et parents, chroniques d'un confinement

Exemptés du strict confinement afin d’assurer la continuité de la production alimentaire, les agriculteurs se retrouvent souvent à devoir gérer le confinement... de leurs propres enfants !

A la ferme de Chey, Alice et Adrien bénéficient d’un grand terrain de jeu pendant que papa et maman assurent la production agricole.
© c. Brassac

Le 17 mars, Cécile Brassac, éleveuse de limousines à la ferme de Chey, à Niort, devait recevoir une classe de primaire pour faire découvrir son métier aux enfants. Mais la veille, le confinement général est annoncé par le gouvernement. Cécile se retrouve alors avec deux élèves à domicile, pour une période indéterminée : ses propres enfants ! Alice, cinq ans et demi et Adrien, quatre ans. « La première semaine, comme pour tout le monde, a été un peu tendue, il a fallu trouver ses marques, raconte la jeune maman. Mon conjoint et moi étions par ail-leurs confrontés à des incerti-tudes vis-à-vis de notre métier : les broutards allaient-ils partir comme prévu ? Allions-nous conserver nos débouchés habituels ? ». Finalement, pas d’alerte côté pro. La vie de famille s’organise alors, et les parents s’improvisent maîtres d’école entre le petit-déjeuner et le travail auprès du troupeau. « C’est sûr que nous passons beaucoup plus de temps en famille, notent-ils. Les enfants sont par défaut plus auto-nomes. Nous avions l’habitude de les avoir avec nous pendant les vacances, il y a maintenant l’école en plus mais les maîtresses assurent un super suivi à distance. La présence du soleil aide aussi beaucoup ! ».

Entre écrans et plein-champ

Chez Magali Poibleaud, maraîchère à Ardin, et son mari éleveur-maraîcher, ce sont deux ados de 12 et 14 ans qui sont assignés à résidence. « Entre les cours en ligne et l’ennui, les écrans les monopolisent plus que d’habitude, souffle la cultivatrice. Nous nous connectons en soirée pour faire les devoirs, à un moment où le site de cours en ligne des enfants est moins surchargé ». La surcharge se fait sentir aussi du côté des parents, qui cumulent des journées de 10 heures au champ, plus de présence au magasin Plaisirs Fermiers pour répondre à la forte activité actuelle, l’accompagnement aux devoirs parfois poussif et la prépa-ration de repas pour quatre, deux fois par jour. « Heureusement qu’ils sont grands et savent se débrouiller pas mal tout seuls. Par contre, qu’est-ce qu’ils mangent ! Avec des ados à la maison non-stop, on se rend compte à quel point la cantine est bon marché », sourit Magali. Dans les deux familles, on se réjouit de bénéficier d’espace et de plein air. « Je n’ai jamais apprécié autant de vivre à la campagne que maintenant », confie Cécile Brassac, qui pense à tous ceux qui n’ont pas cette chance et qui envoie des photos de son environnement à des proches confinés en ville pour leur donner une bouffée d’air frais.

Le manque des autres

Le plus dur pour les ados comme pour les petits ? Ne pas voir les copains, les profs, la famille. « Alice et Adrien se demandaient pourquoi ils ne pouvaient plus voir leurs grands-parents qui n’habitent pourtant pas loin. Ils ont aussi du mal à comprendre que papa et maman remplacent « maîtresse », explique Cécile Brassac. Nous avons fini par leur montrer quelques images d’infos à la télé, cela les a rassuré de voir que tout le monde vit la même consigne de rester chez soi, qu’ils ne sont pas les seuls à être coupés du monde ». Les deux petits demandent souvent à leurs parents d’aller à la piscine ou faire les courses. À Ardin, on rêve déjà aux grosses fiestas qu’on pourra faire quand on pourra revoir les copains. En attendant que tout cela soit possible, les parents entre-voient une éclaircie positive pour le monde de demain : un tournant est, selon eux, en train de se jouer pour les circuits courts et les produits locaux.

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