Patrick Couillaud (MSA) : "Notre régime agricole fait du bien "
Patrick Couillaud, viticulteur en retraite de Saint-Genis-de-Saintonge, aligne cinq mandats à la présidence de la MSA, soit 25 ans de bons et loyaux services. La présidence devrait normalement échoir à un candidat charentais le 19 juin.

À 65 ans et après 25 ans à la présidence de la Mutualité sociale agricole de Charente-Maritime, puis MSA des Charentes à partir de 2010, Patrick Couillaud, viticulteur à la retraite, rend son tablier. Sans nostalgie. Animé par le sentiment du service rendu. Comme sur son exploitation de Saint-Genis-de-Saintonge, couplée avec celle, située à Saint-Jean-d'Angély, de sa femme, Sabine, aujourd'hui 62 ans. "En début d'année, ma fille Amélie, 30 ans, et mon fils Martin, 28 ans, ont rejoint l'exploitation familiale, composée de 310 hectares de céréales et 42 hectares de vignes en Fins Bois et Bons Bois". Que les Charentes s'enfoncent dans la crise viticole, le rend fataliste : "Des crises, on n'en a malheureusement connu d'autres dans la région" explique celui qui, pendant la dernière grande crise du cognac, avait été une cible du Modef. " Quand on est un responsable de la MSA, on est souvent dans la ligne de mire. Moi-même, j'ai découvert l'institution quand j'étais président des Jeunes Agriculteurs de Charente-Maritime. Je suis entré dans le conseil d'administration de la MSA de Charente-Maritime en 1989 sur sollicitation de la présidente de l'époque, qui m'a incité à découvrir ce que la caisse fait de bien sûr le terrain ". À commencer par le domaine " sanitaire et social, qui sert à accompagner notre population agricole dans les moments difficiles ". " La maladie ou les accidents, ça n'arrive pas qu'aux autres et quand on en est victime, on se rend compte de la chance qu'on a de bénéficier en France du système de protection sociale tel qu'il est conçu. La santé et la sécurité au travail est une des missions importantes de la MSA et nous disposons d'un réseau de conseillers en prévention, d'infirmiers et de médecins pour y répondre. "
Mise en place du "plan Mal-être"
Avantage de la MSA, pour son président : son " guichet unique ", qui réunit à la fois les services de sécurité sociale, caisse de retraite, allocations familiales et recouvrement des cotisations. " Nous sommes aussi le seul régime social, dont les délégués sont élus par leur base et participent à la vie mutualiste. On pourrait craindre de voir le régime agricole disparaître comme le RSI (régime social des indépendants) qui a été englobé dans le régime général, mais on voit bien qu'à chaque crise agricole ou aléa climatique, les pouvoirs publics se tournent vers la MSA pour servir d'accompagnant. Cela veut bien dire que notre organisme joue tout son rôle de protection et d'aide aux difficultés économiques. Y compris aussi au travers de la mise en place du plan Mal-être des agriculteurs et des salariés, qui a montré la longueur d'avance de notre régime agricole ".
Assiette sociale
Parmi les mesures qui ont fait avancer le régime de protection sociale agricole toutes ces dernières années, Patrick Couillaud cite en 2002 la retraite complémentaire obligatoire et les indemnités journalières en cas de maladie ou d'accident. " Certes, on peut regretter que ces dernières ne soient pas plus importantes, mais pour cela, il faudrait payer plus de cotisations et le monde agricole n'est pas prêt à cela ".
D'ailleurs, " le dossier qui nous guette dans le futur concerne l'assiette sociale, qui sert aux cotisations. Le syndicat de la Coordination Rurale (1) estime que l'assiette mérite d'être révisée. Je pense que c'est un sujet sur lequel il faudra se pencher avec bienveillance dans les mois qui viennent ". D'autant que la prochaine COG (convention d'objectifs et de gestion), contrat qui fixe la feuille de route de la MSA avec les financements de l'État, va bientôt être renouvelée. " Si l'État continue d'exercer son rouleau compresseur budgétaire, nous nous retrouverons en grande difficulté ".
Le successeur de Patrick Couillaud sera élu le 19 juin 2025 à Jonzac.