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Ovins
« Pâques est sauvée, mais la suite reste incertaine »

Profondément bouleversée par les mesures de confinement,la production ovine s’est rapidement adaptée afin de maintenir des débouchés. Une réactivité qui a payé pour la période pascale.

Face à la crise, on s’organise ! La chambre d’agriculturede Charente devient un point de vente de caissettes de 5kg de viande d’agneau.
© P. Soury

Quatre à cinq jours complètement fous : c’est ce qu’ont vécu, selon Patrick Soury, les éleveurs ovins juste avant Pâques. Le président de l’association régionale ovine de Nouvelle-Aquitaine détaille : « Alors que l’on enregistrait une baisse de 75 % des pré-commandes et que l’inquiétude était à son comble juste avant les fêtes pascales, on est finalement venu chercher des agneaux supplémentaires dans les fermes. Démarche qualité ou pas, il fallait répondre à la demande et faire monter des animaux dans le camion » ! Une embellie qui se poursuit. En Deux-Sèvres cette semaine, on court après les agneaux, la demande est de 1 000 pour 600 disponibles. Ce qui a permis ce revirement de situation ? Une mobilisation de tous les maillons : éleveurs, coopératives, abatteurs, transformateurs, GMS. Une communication à l’échelle nationale s’est mise en place autour de l’agneau français, les grandes enseignes ont enlevé de leurs rayons les agneaux importés et l’engouement a porté ses fruits, permettant que les volumes soient enlevés des fermes, soit près de 140 000 agneaux pour l’ensemble du bassin nord-aquitain. « On a sauvé Pâques, estime Patrick Soury. Même si une meilleure anticipation aurait évité les ruptures de stocks constatées chez quelques distributeurs, et une négociation plus avantageuse des prix ».

140 000 agneaux enlevés dans les fermes du bassin Nord-Aquitaine (ex Poitou-Charentes et Limousin) à l’occasion des fêtes religieuses d’avril (Pâques juive et chrétienne, Aïd).

Vigiler les prix

Si chaque acteur a consenti à son niveau à des efforts en rognant sur ses marges, « il ne faudrait toutefois pas que les éleveurs servent de variable d’ajustement », prévient Antoine Proust, président du syndicat ovin des Deux-Sèvres. Les négociations autour de Pâques ont fait baisser les prix de 1€/kg carcasse en moyenne, le ramenant autour de 6,20 €/6,50 € et il ne s’agirait pas qu’ils baissent de nouveau. Les cours ont une tendance haussière ces derniers jours mais les prochaines saisons comportent un gros lot d’incertitudes. L’été notamment et sa forte vague de naissances posent question : si les débouchés de restauration ne sont pas rétablis, si les agneaux britanniques ou aveyronnais monopolisent le marché ou encore si les stocks néo-zélandais congelés par les grandes sur-faces sont mis en vente, com-ment imposer l’agneau français dans les assiettes et sur les barbecues hexagonaux ? La période de Noël sera peut-être aussi chahutée par des décalages dans la production, les chantiers de tonte ou de reproduction n’ayant pas pu être assurés dans leurs conditions optimales ou ayant été retardés (notamment dans l’attente de masques de protection), occasionnant de nouveaux risques : échec d’insémination par béliers, décalage dans les agnelages, agnelles gardées plus longtemps sur l’exploitation, multiplication de mouches parasites dans la laine...

Solutions par petites touches

Pour Patrick Soury, les éleveurs ne disposent clairement pas des atouts pour produire au mieux durant cette crise, mais « ils s’organisent différemment pour faire front ». Au sein de la coopérative Ecoovi, regroupant près de 330 adhérents, les éleveurs ont par exemple organisé un système de drive fermier de caissettes d’agneaux sur cinq points de vente en Vienne, Haute-Vienne et Charente. Avec plu-sieurs ventes par semaine, ils écoulent un volume de 1 150 côtes d’agneau et la demande est encore au rendez-vous chez les consommateurs. En Deux-Sèvres, les éleveurs commercialisant en circuits courts ont vu leur carnet de commandes augmenter de 20 à 30 % par rapport à d’habitude. Les syndicats et coopératives continuent aussi leur travail auprès des collectivités et distributeurs pour assurer l’avenir de la filière et la commercialisation de la viande française, à des prix rémunérateurs pour les éleveurs. « Il n’y a pas de grande solution toute faite, résume Patrick Soury, mais une accumulation de petites touches ».

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