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Nouvelles actions des agriculteurs contre les grandes surfaces

Une soixantaine de tracteurs ont déversé du fumier et des pneus devant deux grossistes et les principaux centres commerciaux de l'agglomération de Niort le 12 février. Dans les rayons de Leclerc et de Géant, les manifestants ont également étiqueté des produits.

Dans la zone de Bessines, une dizaine de bennes remplies de pneus et de fumier ont été vidées devant les entrées de Promocash, Baty Viande, Leader Price et Lidl.
Dans la zone de Bessines, une dizaine de bennes remplies de pneus et de fumier ont été vidées devant les entrées de Promocash, Baty Viande, Leader Price et Lidl.
© Léa Gricourt

Les semaines se suivent et se ressemblent pour les agriculteurs. Voilà un mois que la crise les a poussés dans la rue et les solutions concrètes de la part des politiques se font toujours attendre. Vendredi 12 février, une centaine de manifestants se sont rassemblés dans l'agglomération de Niort pour une énième sortie. Les actions, organisées par la section bovine de la Fnsea 79 et par les JA 79, avec le soutien de producteurs laitiers, ont été lancées à 10h devant Promocash. Une petite délégation s'est entretenue avec les dirigeants mais les discussions n'ont pas été très constructives. « Promocash ne peut pas faire grand-chose à son niveau, affirme Guillaume Mandin, président des Jeunes Agriculteurs de la région. De plus, 60 % de son stock passe par des centrales d'achat. Il n'a pas la mainmise sur ces produits ». Les actions se sont ensuite traduites par le déversement sur la voie publique de fumiers et de pneus devant le grossiste ainsi que devant Baty Viande et les « discounters » Leader Price et Lidl.

Un président peu convaincant
Le convoi d'une soixantaine de tracteurs s'est ensuite rendu au supermarché Leclerc de l'espace Mendes France aux alentours de 12 h 30. Le mot d'ordre est rapidement passé de ne pas bloquer la sortie des clients. « On est venu pour sensibiliser les consommateurs, pas pour les bloquer », explique Julien Dupuis, administrateur des JA 79.
Sur le parking, en attendant d'entrer dans la grande surface pour étiqueter les viandes et les produits laitiers, les discussions vont bon train, notamment sur l'intervention de François Hollande du 11 février. Face à ses annonces, les agriculteurs restent sceptiques. « Une baisse de normes, d'accord, mais sans aucune précision, on est encore dans le flou donc on va maintenir des actions d'autant plus fortes à l'avenir », indique Julien Dupuis (lire page 4).
Thierry Bernier, président de la section bovine régionale, abonde en son sens. « Ces annonces sont nulles. Ces baisses de charges, ça va peut-être soulager un peu la trésorerie de certains mais ce n'est rien ». En outre, la déclaration du président de la République de ne pas abaisser le nombre de normes dans l'optique de protéger le consommateur a du mal à passer, ce qui lui fait dire que « l'Etat n'a rien annoncé pour l'agriculture », avant de prévenir : « là, nos actions sont gentillettes mais il faut que le gouvernement fasse attention ».

Une réunion avec les représentants de Leclerc
Vers 14 h 30, les agriculteurs obtiennent la permission de se rendre dans les rayons pour leur grande action « étiquetage ». Deux sortes de stickers sont distribuées : « Viande de nulle part » pour les viandes étrangères et « Cette viande ne rémunère pas les agriculteurs » pour les produits français. Après une demi-heure, l'heure est au bilan de l'action. « Pour la partie lait, il y a eu le déréférencement de produits Actimel et Gervais. Pour la partie viande, il y a eu Charal, Bigard et Bernier car ce dernier vend de la viande dite française parce qu'elle est transformée ici mais elle n'est ni produite ni abattu en France », dénonce Thierry Bernier.
Suite à cette action, les manifestants ont enfin obtenu du concret. Ils rencontrent ce vendredi à la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres des responsables de Leclerc, afin de déterminer avec eux la teneur d'une lettre qui devrait remonter au niveau national pour dénoncer le groupe Bigard, « qui n'a pas respecté les accords de juin ».
Par la suite, le groupe s'est divisé en trois : les agriculteurs de Mazières et de Coulonges sont restés à Lerclerc jusqu'à la fermeture quand ceux de Saint-Maixent, La Crèche et Echiré se sont rendus à Géant et les autres agriculteurs se sont dirigés vers Intermarché.

Une baisse des charges immédiate et une année blanche sociale

Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé le 17 février une baisse immédiate de 7 points des charges sociales. Cumulée à la baisse de trois points des cotisations familiales actée en début d'année, il s'agit « d'une baisse de 10 points pour les agriculteurs, supérieure au CICE », selon Xavier Beulin qui a été reçu ce jour-là par le Premier ministre, avec le président de JA, Thomas Diemer. Le président de la FNSEA y voit « une mesure importante, un symbole » qui « va permettre de nous remettre dans une moyenne européenne ». En effet, alors que le taux de cotisation des agriculteurs français avoisinait les 45 % sur le revenu N-1 ou sur la moyenne des trois dernières années, cette nouvelle mesure permettra aux Français de faire jeu égal avec leurs principaux concurrents européens.

Manuel Valls a également annoncé, pour les exploitants ayant dégagé un revenu très faible ou nul, une année blanche sur les cotisations sociales, automatique et reconductible pendant trois ans.

Un comité pour l'élaboration des normes et des réglementations devrait voir le jour. Il travaillera sur la simplification, la mise à niveau de la réglementation française vis à vis des normes européennes, et l'évaluation des nouvelles normes.

D'autres avancées sont en cours sur un certain nombre de dossiers : installations classées, stockage de l'eau ou encore Ecophyto.

Si suite à ses annonces le Premier ministre a demandé aux responsables agricoles de cesser les manifestations et les blocages, la colère des agriculteurs reste suspendue à la question du prix des produits agricoles.

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