Nouvelle chaufferie 100 % décarbonée
Grand Poitiers étend son réseau de chaleur décarbonné. La collectivité inaugurait fin novembre une nouvelle chaufferie bois-énergie, installée à Poitiers, qui doit à terme éviter la production de 5 400 t de CO2.
La décarbonation du chauffage de Grand Poitiers se poursuit. La communauté urbaine a inauguré le 28 novembre le nouveau réseau de chaleur bas-carbone Poitiers-Biard, extension de celui déjà existant. Il s'étend sur 13 km (dont 10 km réalisés actuellement) pour fournir du chauffage et de l'eau chaude à 55 bâtiments publics et privés, logements sociaux, établissements scolaires, co-propriétés... (actuellement, 15 stations sont déjà raccordées). Pour l'alimenter, une nouvelle chaufferie bois-énergie a été implantée dans le quartier des Montgorges à Poitiers. Représentant une puissance de 5,3 MW, elle fonctionne avec des "plaquettes forestières", combustibles issus exclusivement de résidus forestiers locaux.
Le réseau de Poitiers-Biard se veut une infrastructure "exemplaire", dit Florence Jardin, présidente de Grand Poitiers, en termes d'efficacité et de cohérence écologique, affichant un taux de 95 % d'énergie renouvelable pour l'approvisionner.
L'installation permet d'éviter 5 400 tonnes de CO2 par an, ce qui équivaut à retirer 2 700 véhicules de la circulation, a calculé la collectivité.
La PDG de Dalkia (constructeur et exploitant), Sylvie Jéhanno, confirme le but visé par cet équipement : "consommer mieux et consommer moins". Plusieurs mécanismes d'optimisation sont mis en place, comme des ballons d'accumulation (2 x 75 m³) qui stockent l'énergie pendant les heures creuses et la restituent lors des pics de consommation, ou encore le pilotage numérique pour la gestion en temps réel des consommations.
Partenaires publics et privés, réunis le jour de l'inauguration, s'accordent pour dire qu'au-delà des aspects environnementaux, le projet est important pour "l'inclusion sociale". "Il protège les habitants (l'équivalent pour le moment de 2 500 foyers) en proposant un tarif stable et accessible, décorrélé des variations des marchés d'énergie fossile", insiste Florence Jardin. "C'est crucial, notamment pour les familles en difficulté et les bailleurs sociaux."
Le réseau soutient également l'emploi local, complète la PDG de Dalkia. Il prévoit effectivement 12 000 heures d'insertion sur 20 ans (6 000 heures sur le chantier et 6 000 heures en exploitation), favorisant la formation des jeunes à différents métiers.
Des développements futurs sont déjà prévus. L'été 2026 marquera l'interconnexion de ce réseau avec celui de Poitiers-Saint-Benoît-Buxerolles, ce dernier assurant l'appoint et le secours du réseau Biard. Il est aussi envisagé qu'une chaudière polycombustible de 300 kW soit ajoutée d'ici octobre prochain, capable de valoriser d'autres combustibles locaux, comme le miscanthus.
Le montant total de l'opération se partage entre Dalkia, qui a investi 21 millions d'euros dans le cadre d'une délégation de service public, l'État, via l'Ademe, qui a apporté un soutien à hauteur de 8,6 millions d'euros, et la Région Nouvelle-Aquitaine qui a contribué à hauteur de 3 millions d'euros, via le Feder.