Aller au contenu principal

Miser sur la génétique pour pallier aux néonicotinoïdes

Des molécules sont sorties des luttes phytosanitaires, mais il faut bien continuer à produire. Certaines études prouvent le rôle insecticide des produits bien après leur épandage.

Dans 20 % des champs, l’espérance de vie des abeilles était réduite en raison de l’exposition à l’imidaclopride.
Dans 20 % des champs, l’espérance de vie des abeilles était réduite en raison de l’exposition à l’imidaclopride.
© AC

Le récent colloque au CNRS de Chizé l’a bien montré : les effets secondaires des néonicotinoïdes ne sont pas une pure invention, et leur interdiction constitue bel et bien une mesure salutaire pour la faune des champs. Jean-Baptiste Richer, agriculteur-coopérateur d’Océlia, dans la Vienne, a toutefois démontré que supprimer des classes entières de ces produits, ce n’est pas aussi simple que de rayer des produits sur une liste de noms. Les maladies perdurent, les insectes vecteurs aussi. Son premier conseil est de semer à partir du 20 octobre, pas avant (De toute façon, cette année…) pour éviter les attaques des insectes. C’est toute une gymnastique pour jongler avec la précocité. Le récent bulletin du BSV diffusé la semaine dernière entre dans le détail de ce lien semis-précocité. Aude Carrera, ingénieure régionale chez Arvalis, abonde dans ce sens. «Il faut arrêter le semis précoce. La date de semis a un effet fort : semer plus tard est une solution.»
Un bémol toutefois : les années «douces», il peut y avoir des pucerons jusqu’à mi-décembre. Le traitement si décrié, Gaucho, protégeait les plants des pucerons eux-mêmes porteurs potentiels de viroses, telle la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) et du blé. Le choix d’une bonne sélection résistante est une solution. «On attend des avancées génétiques. La meilleure réponse pour supprimer les insecticides de tous types, sur les céréales à paille, c’est la génétique», insiste Jean-Baptiste Rocher. Alors, lorsque n’existe pas de blé résistant, il faut un insecticide. Mais c’est mettre une molécule dans l’air, ce qui n’est pas sans conséquences, même à une époque où les abeilles sont au repos. «L’insecticide sélectif n’existe pas», affirme Jean François Odoux de la station INRA du Magneraud. «On fait des études pour prouver que les insecticides… tuent les insectes !» Et les traitements préconisés par Arvalis peuvent aussi provoquer des résistances chez les pucerons (voir notre précédente édition). «Ce que l’on perd avec l’interdiction des néonicotinoïdes, c’est le confort de travail. Il faut maintenant surveiller ses cultures tout le temps», ajoute Jean-Baptiste Rocher.

Comment traiter les cultures ?

Depuis le 1er septembre, 5 néonicotinoïdes* sont interdits. Le sulfoxador est aussi sur la sellette. Dimitry Wintermantel, doctorant en fin de thèse à l’INRA du Magneraud a détecté de l’imidaclopride dans le nectar des fleurs de colza sur la zone-atelier Plaine et Val-de-Sèvre autour du CNRS de Chizé. En 2016, 90 % des 300 parcelles de colzas analysés étaient concernées par cette molécule d’imidaclopride. «Cette année-là, la concentration d’imidaclopride a même dépassé les doses moyennes mesurées sur les parcelles traitées», soulignait Jean-François Odoux. Le risque de mortalités des abeilles sur ce colza a aussi été estimé : dans 20 % des champs, l’espérance de vie des abeilles était réduite en raison de l’exposition à cette molécule. Pour les abeilles sauvages, le risque est encore plus élevé. Les décisions françaises et européennes seraient donc fondées. L’étude de Dimitry Wintermantel démontre que les néonicotinoïdes sont très persistants et relativement solubles dans l’eau. Leur transport par l’eau, le vent et leur absorption par les cultures successives sont ainsi attestés.

*la clothianidine (1), l’imidaclopride(1), le thiaméthoxane(1), la thiaclopride et l’acétamipride.
(1) interdit par l’Union européenne.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Tom et Didi Hawkins ont repris la supérette de Bouresse, ouverte tous les jours, sauf le mardi de 8 h à 13 h et de 15 h 30 à 19 h 30. Le dimanche de 8 h à 12 h.
Ouverture de commerces à Bouresse et Leigné-les-Bois

Lors des vœux des maires de début d'année, leur arrivée était signalée comme des "bonnes nouvelles". Les supérettes de…

Julien Dupuis, de l'Earl la Mardière, aux côtés de sa génisse Parthenaise ayant remporté le prix de championnat du concours. Elle a été achetée pour la boucherie du Leclerc d'Azay-le-Brûlé.
Concours de boucherie de Saint-Maixent : les ventes en petite forme

Les ventes atones lors de la foire de Saint-Maixent-l'École, le 11 avril, ont confirmé la tendance observée lors des derniers…

16 étudiants en BTS ACSE de Venours ont participé au projet.
Les lycéens à la découverte des Pays Bas
16 élèves du lycée de Venours vont réaliser le mois prochain un voyage vers les Pays-Bas. Au programme, un peu de tourisme, et…
Le camion Christelle Berthonneau s'appelle Sereine. Elle va à la porte de ses clientes ou s'arrête sur la place des villages.
Ces services qui viennent à notre porte
Certains commerçants ont décidé d'arpenter les routes de nos campagnes pour amener certains services à la porte de leurs clients.
Romain Pétorin, Nathan Groussard, Gwenaëlle Richard, Elena Morillon et Aurélien Lys autour du diorama des deux premiers.
Le modélisme agricole s'expose à Migré

Ce dimanche 27 avril, une quinzaine de passionnés exposeront leurs réalisations de modélisme agricole à Migré.

Zeina Hokayem peint des tableaux de femmes, très colorés, sur de l'acier.
Des tableaux colorés et débordants de vie
Elle est arrivée il y a 3 ans dans la Vienne, et Zeina Hokayem a déjà disséminé les couleurs qui lui tiennent tant à cœur dans…
Publicité