Mercosur : la Vienne mise sur le dialogue
À l'appel de la FNSEA nationale, le syndicat de la Vienne s'est mobilisé vendredi dernier, notamment pour dénoncer le Mercosur. C'est au Congrès des maires ruraux que les agriculteurs se sont rendus, et ont pu interpeller les élus, et notamment Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet.




La liste des sujets à aborder était longue : eau, foncier, Pac, conjoncture, Mercosur. Aurélie Fleury et Christophe Puisais, présidente et secrétaire général de la FNSEA de la Vienne craignaient ne pas avoir le temps de tout aborder. Car vendredi dernier, ils ont obtenu un entretien avec Gérard Larcher et Yaël Braun Pivet, qui étaient présents au congrès national des maires ruraux. Le rendez-vous, initialement prévu d'une trentaine de minutes, a finalement duré une heure, et a donc permis d'évoquer toutes ces sources d'inquiétude.
Désarroi chez les agriculteurs
À la sortie de la rencontre, Aurélie Fleury ne cache pas sa satisfaction d'avoir pu faire remonter ses inquiétudes. "On sent aujourd'hui un vrai désarroi, certaines exploitations ne savent même pas si elles vont pouvoir semer !". L'agricultrice estime que ces difficultés pourraient affecter aussi la santé des organisations professionnelles de la Vienne. "Nous partageons ces inquiétudes" confie quant à lui Gérard Larcher. "Il y a urgence, et notre devoir d'élu, c'est de les écouter". Le président du Sénat revient notamment sur le Mercosur, qui a été le sujet déclencheur de cette rencontre. "On n'est pas fermés aux échanges commerciaux internationaux, mais cela doit se faire sur les mêmes règles de production" ajoute Gérard Larcher.
À l'appel d'Arnaud Rousseau, une centaine d'actions ont été menées dans les départements : des distributions de tracts ou étiquetage de produits étrangers dans des grandes surfaces, des mobilisations devant les préfectures (lire l'encadré ci-dessous sur les actions menées ailleurs en France).
À l'heure du déjeuner, les quelque 650 maires ruraux présents ont découvert des tracts déposés par la FNSEA sur les tables, pour dénoncer cet accord. "On a aussi parlé directement avec des élus pour leur rappeler l'importance de manger français" ajoute Aurélie Fleury. "Pour la première fois, la balance commerciale agricole française est négative. Il faut réagir" lance Emmanuel Bigot, secrétaire général adjoint de la FNSEA de la Vienne. Le sujet de l'eau a également été évoqué, avec notamment un point de la situation actuelle réalisé par le Préfet. "Il faut aller vers une gestion intelligente de l'eau, et sortir des tranchées idéologiques, surtout dans des zones intermédiaires, comme ici" convient Gérard Larcher.
Après ces longues discussions, la question est de savoir si cette rencontre peut porter ses fruits. "On sent une envie de travailler ensemble" estime Aurélie Fleury, qui ajoute que Gérard Larcher s'est engagé à apporter une réponse écrite aux questions qui ont été abordées. "Mais tant qu'il n'y aura pas de stabilité politique, on n'aura pas de réponse définitive" sait l'agricultrice. Alors, la solution ? "Le plus simple et le plus efficace, ça serait qu'on fixe nous-même nos prix" estime Christophe Puisais, secrétaire général de la FNSEA de la Vienne.
Les autres actions
Dans les Deux-Sèvres, la FNSEA et les JA sont allés à la rencontre du Préfet pour exposer les inquiétudes face à la ratification du Mercosur, mais aussi sur l'avenir de la Pac. En Charente, la FNSEA en envoyé aux sénateurs, députés et au président du Département une "box qui tue (l'agriculture) " remplie de cartons de produits alimentaires importés représentatifs des incohérences du marché ( noix des États-Unis, pommes du Chili, lentilles du Canada, olives du Maroc, figues de Turquie ou Nutella à la noisette étrangère et ampoule de Frontline, une solution vétérinaire antiparasitaire " pleine de fipronil, un produit interdit en agriculture depuis 2004"). En Haute-Saône et dans le Doubs, les FDSEA et JA locaux ont sensibilisé et communiqué autour du Mercosur en faisant paître une vache devant un restaurant Buffalo Grill " qui ne sert pas de viande locale ", ont-ils justifié avant de déposer quelques détritus et bottes de paille sur le parking. En Midi-Pyrénées, à Capens (Haute-Garonne) ce sont des ballots de paille qui ont été entreposés sur les ronds-points à proximité de l'A64. Un peu plus haut, dans les Landes, un groupe d'une vingtaine d'agriculteurs est allé visiter un Promocash pour coller des stickers sur des produits venant des pays tier avant de planter un barbecue devant la préfecture. Ce sont d'ailleurs les visites de super et hypermarchés de toutes marques qui semblent avoir été l'action syndicale la plus utilisée.
Ce fut le cas dans la Drôme, l'Aube, la Manche, le Doubs, la Creuse, le Morbihan. Des contrôles de camions et des marchandises ont aussi été organisés : près de 120 agriculteurs ont contrôlé les camions des grossistes livrant et s'approvisionnant au Marché Gare de Strasbourg. D'autres actions se sont voulues plus ciblées : rencontre avec les représentants Comité local de l'eau pour éviter des surtranspositions lors du prochain schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) en Ille-et-Vilaine à l'occasion d'une manifestation interdépartementale ; rencontre avec les parlementaires et ou les préfets en Vendée, en Mayenne, dans la Meuse, en Charente-Maritime, dans le Loir-et-Cher, le Gard.