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Annulation de l'AUP Marais Poitevin
"Les opposants aux réserves sont juste en train de favoriser le modèle qu'ils condamnent"

Alexis Maye compte sur l'irrigation pour sécuriser le pâturage de son troupeau. Il arrose 30 ha (sur 70) de prairies.
Alexis Maye compte sur l'irrigation pour sécuriser le pâturage de son troupeau. Il arrose 30 ha (sur 70) de prairies.
© A. Maye

Lire aussi : 

Ce que personne n'a relevé jusqu'à présent, c'est que le jugement de l'annulation de l'AUP 2 renforce juridiquement les outils de stockage de l'eau hivernale. 

"Leur remplissage reste autorisé, à condition que les volumes estivaux baissent d'autant sur la même unité de gestion", cite le directeur de l'EPMP, François Geay. Et le tribunal estime que la condition est remplie sur les trois premières réserves opérationnelles en Deux-Sèvres.

Erreur de cible et patience émoussée

La baisse des prélèvements demandée par les opposants au stockage vient ainsi rompre l'équité entre irrigants que formulait depuis le départ le règlement de la Coop de l'eau 79

Autrement dit, il y a erreur de cible : c'est l'irrigation en général, soit près d'un millier de fermes génératrices d'emplois, qui sont frappées de plein fouet, et non les projets des réserves de substitution.

Le jugement précise que "l'association Nature Environnement 17 fait valoir que, sur les 27 réserves qui fondent la stratégie d'atteinte de l'équilibre d'ici mars 2026, 11 autorisations ont été annulées et, sur les 16 ouvrages restants, une seule est en fonctionnement " (à date du début d'instruction, NDLR). 

Or, les retards et annulations sont, dans une large partie, dus aux recours de NE17 et des autres opposants.

Covid et guerre en Ukraine faisant flamber les coûts de pompage ont fait le reste, et la patience des irrigants s'émousse à mesure que les montants des factures d'eau (un tiers du coût est dévolu à la sécurisation des réserves suites aux événements de Sainte-Soline) et d'électricité s'élèvent.

Ils paient depuis quinze ans pour une eau qu'on leur retire aujourd'hui ou qui ne peut toujours pas être stockée, en raison des retards des chantiers de retenues. "Nous sommes coincés", témoigne l'un d'entre eux.

"Une catastrophe pour l'élevage en plaine"

Alexis Maye est éleveur de 90 Parthenaises à Petit-Breuil-Deyrançon. Il comptait sur la réserve n° 10 pour continuer d'irriguer ses prairies, son maïs ensilage destiné à la ration du troupeau, et sa luzerne. 

Celle-ci n'est toujours pas construite. "Le jugement m'a fait passer dès l'année dernière de 86 000 m3 à 39 000 m3. C'est une catastrophe. Je suis face à un mur avec deux options : décapitaliser ou remettre les bêtes en bâtiments et ne les nourrir qu'avec des achats extérieurs, car tout grille en plaine. Ces options, c'est justement tout ce dont ne veulent pas les opposants aux réserves" !

Et de citer d'autres filières impactées, comme les haricots verts français : "Nous ne sommes pas nombreux à faire de l'élevage ou des haricots dans ce secteur. Cette diversité est assurée par l'irrigation. Les opposants aux réserves ont obtenu un jugement qui va favoriser un modèle qu'ils condamnent".

Je suis face à un mur avec deux options : décapitaliser ou remettre les bêtes en bâtiments et ne les nourrir qu'avec des achats extérieurs, car tout grille en plaine. Ces options, c'est justement tout ce dont ne veulent pas les opposants aux réserves !

Une réduction trop brusque

"Je crois que dans cette histoire, ce sont surtout les opposants qui n'ont pas montré de patience, commente le directeur de l'EPMP. La réduction des volumes d'irrigation est dans le protocole d'accord de gestion collective de l'eau depuis 2018. Mais c'est une démarche complexe car collective, scientifique, avec obligation de transparence des données...". 

Une démarche qui vise aussi à ne plus se placer dans un recours individuel et libéral à l'irrigation.

Lire aussi : Décryptage | Tout ce que vous voulez savoir sur les réserves sans oser le demander

Avec le projet retardé, la réduction des volumes ciblée n'a pas pu progresser comme prévu. Elle s'applique aujourd'hui avec une brutalité qui n'ira pas sans faire de gros dégâts pour les fermes et leur pérennité.

 

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