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Tourisme
Les fermes auberges gourmandes en capitaux

Le nombre de fermiers aubergistes diminue en Deux-Sèvres. Cette activité complexe et exigeant de multiples compétences manquerait de rentabilité au regard des investissements et du temps de travail nécessaires.

Francky Blanc a acheté le Prieuré de la Dent en 2004.
Francky Blanc a acheté le Prieuré de la Dent en 2004.
© DR

Dans les années 80, la politique agricole contingente de nombreuses productions agricoles. Les agriculteurs diversifient leur activité. Un mouvement qui donne naissance à un certain nombre de concepts dont celui des fermes auberges. Dans les années 90, le nombre des projets se développe, notamment sous l’impulsion des néoruraux qui font leur arrivée en agriculture. Puis le temps de la flambée immobilière arrive. « Depuis le début des années 2000, amortir une ferme-auberge par le seul fruit du travail de l’investisseur est devenu quasiment impossible », assure Didier Ragot, responsable national du réseau Bienvenue à la ferme détentrice du Label. Les projets d’installation sont rares alors que les pionniers atteignent l’âge de la retraite. Le nombre des fermes auberges ne cesse de baisser. Une tendance constatée en Deux-Sèvres (cinq il y a encore un an, les fermiers aubergistes ne sont plus que trois en 2010) « comme sur l’ensemble du territoire national », précise Didier Ragot, lui-même fermier aubergiste à Sauzé-Vaussais, et très inquiet pour l’avenir de cette marque pourtant « reconnue et appréciée des consommateurs ».

Le fermier aubergiste est un homme polyvalent. Agriculteur, il doit également exceller dans l’art culinaire. Une double compétence qui un temps suffisait. « Aujourd’hui, il faut également être très bon sur le plan de la communication », certifie le responsable. Le fonctionnement traditionnel ne suffirait plus à amortir l’outil qui doit satisfaire aux exigences matérielles de la production agricole mais également réglementaires de l’activité de restauration. « Il faut faire preuve d’imagination et d’originalité. Les capitaux nécessaires à l’ouverture d’un tel établissement ne permettent plus de se satisfaire du rythme de l’époque : production la semaine et restauration le week-end. » 

Il devient impératif de diversifier les prestations. L’activité traiteur se développe dans de nombreuses entreprises. A la ferme du Puy d’Anché à Sauzé-Vaussais, Didier Ragot investit dans une grande salle. « L’accueil de groupe est une piste que nous allons explorer. » L’an prochain, soirées et marchés à thème seront au menu de l’établissement. C’est au prix de ce  dynamisme que ces deux dernières années les fermiers aubergistes tiennent leur chiffre d’affaires. « La clientèle anglaise, habituée de nos lieux, se fait de plus en  plus rare », regrette l’exploitant. La crise financière est un handicap de plus.           

      


« L’année ne sera pas terrible »

« Hésitante. » C’est ainsi que Francky Blanc, fermier aubergiste à Champbertrand qualifie sa clientèle de la saison 2010. Au Prieuré de la Dent, l’agriculteur développe une activité très diversifiée : production fermière, location de gîtes, de chambres d’hôtes, et restauration à la ferme. 

En 2010, les deux gîtes ont affiché complets durant l’été. Contrairement à 2009, les quatre chambres d’hôtes n’ont fait le plein que les week-ends. « L’année ne sera pas terrible », juge le professionnel identifiant deux comportements bien différents s’agissant de la frilosité de sa clientèle à consommer. 

Ceux qui fréquentent son établissement avec et pour le plaisir, « se lâchent un soir ou deux dans la semaine. Ils consomment un repas ou deux à la ferme-auberge. Et malheureusement, il y a ceux qui veulent tout pour rien. Authenticité et charme des lieux, qualité des produits et du service pour le prix d’un fast-food. Ceux-là, on ne peut les satisfaire ». Dignement Francky l’affirme : « Non, cette activité d’accueil à la ferme n’a pas pour seule finalité de me distraire ». 

En 2004, lorsqu’il achète le Prieuré, le chef d’entreprise sait que pour rentabiliser l’investissement il faudra jouer la carte multi-activités. La vente directe de volailles fermières reste le socle économique de la SARL. Les prestations en lien avec le tourisme sont un plus qui donne à l’ensemble un certain équilibre. « Isolées, ces activités ne seraient pas rentables », certifie l’entrepreneur.  

 


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