Les cinémas tissent leurs toiles culturelles et sociales
De Loudun à Civray en passant par La Roche-Posay, Lencloître, Chauvigny, Neuville-de-Poitou, Gençay, Montmorillon ou La Trimouille... les cinémas ruraux de la Vienne perdurent, grâce à l'engagement de bénévoles passionnés. Et les projets ne manquent pas.
De Loudun à Civray en passant par La Roche-Posay, Lencloître, Chauvigny, Neuville-de-Poitou, Gençay, Montmorillon ou La Trimouille... les cinémas ruraux de la Vienne perdurent, grâce à l'engagement de bénévoles passionnés. Et les projets ne manquent pas.
Comment feraient les jeunes "pour aller au cinéma quand leurs parents ne sont pas disponibles pour les emmener à Châtellerault ou Poitiers" questionne Roland Renié, président de l'association L'Étoile de Lencloître. Il résume l'importance de ces outils culturels dans nos petites villes et villages. Et il est plutôt fier de sa salle, remise à neuf en 2020, en même temps que le hall d'accueil. "C'est essentiel pour être attractif" garantit l'exploitant. Même impératif à Montmorillon où Le Majestic est en pleine réhabilitation. Comme à Lencloître, les travaux sont soutenus par la municipalité. Marie-Françoise Desbrousses, présidente de l'Association l'Étoile, qui gère les cinémas de Montmorillon et La Trimouille explique : "Une partie des travaux est aussi financée par la TSA, c'est une taxe sur les billets d'entrées. Donc plus il y a d'entrées et plus nous avons les moyens de réhabiliter nos cinémas. C'est un lieu de culture mais aussi de lien social. Nous connaissons bien nos spectateurs, certains viennent tous les jours. Les travaux vont permettre un meilleur accueil et plus de convivialité, notamment lors de nos événements".
À Gençay, le nouveau cinéma est en train de sortir de terre car il n'était plus tout à fait aux normes, notamment d'accessibilité. Actuellement au cœur de la ville, il manque de visibilité mais pas de reconnaissance puisqu'il enregistre en moyenne 20 000 entrées par an. Fin 2026, il ouvrira sur l'ancien site de la gendarmerie, "avec des écrans qu'il n'y a nulle part ailleurs" promet Brigitte Maury, présidente de l'association du cinéma de Gençay ajoutant que "les deux salles du nouveau cinéma vont permettre de proposer plusieurs séances à la fois ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec notre unique salle".
Une longue histoire
C'est aussi le fil de l'histoire qui se tisse dans nos cinémas. Quand, par exemple, en 1958, l'abbé Grelier de La Trimouille découvre un appareil de projection dans un grenier et qu'il fait le tour des villages pour y diffuser des films. Un groupe de bénévoles se constituent puis une association. Le papa de Marie-Françoise Desbrousses en sera le président dès 1965 et sa fille reprend le flambeau en 2008. "Entre-temps, j'ai été ouvreuse, caissière, projectionniste comme beaucoup de jeunes de l'époque. On accompagnait nos parents bénévoles au cinéma" se souvient Marie-Françoise Desbrousses. Elle se souvient aussi du record du nombre d'entrées enregistré en 1979 : 27 000 mais aussi, de l'arrivée du numérique, en 2011. 2026 sera l'année de célébration des 60 ans de l'association avec des événements à La Trimouille, les samedi 10 et dimanche 11 janvier : le spectacle de Yannick Jaulin et la diffusion "des actualités trimouillaises", des films des années 60 numérisés. À Lencloître aussi l'histoire du cinéma est très ancienne. "En 1928 l'abbé Cornu a lancé le cinéma pour divertir la population, au départ, dans une salle de l'ancien château. Le cinéma est dans les murs actuels depuis 1944 et l'association est née en 1990 " retrace Roland Renié.
Un engagement citoyen
Le Ciné-Malice de Civray a plus de 70 ans et l'association du même nom vient de fêter ses 23 ans. Pour Céline Pierre, sa directrice, une chose est sûre : "Sans bénévoles pas de cinéma". L'association emploie aussi une femme de ménage à temps partiel et partage une médiatrice cinéma avec les cinémas de Ruffec et de Melle pour les animations et la communication. Mais la vingtaine de bénévoles est incontournable pour assurer les 21 séances publiques par semaine.
Partout, les bénévoles assurent la vente de billets et de friandises, le collage d'affiches, le pliage et la distribution des programmes, la diffusion des films, la maintenance... À Neuville-de-Poitou, Le Majestic en compte une trentaine, dont Fabrice Neau, le président. "On tourne en binôme à la caisse et à la projection pour les quatre projections par semaine. Des jeunes nous rejoignent. C'est encourageant pour le développement du cinéma".
Partout, c'est l'engagement citoyen pour la culture qui est mis en avant à travers ces cinémas et les bénévoles se battent pour leur maintien en milieu rural.
Une programmation éclectique
L'un des nerfs de la guerre de ces "petits" cinémas, c'est la programmation. Certains bénéficient régulièrement de sorties nationales ou d'avant-premières mais la plupart du temps, les succès débarquent en 3e semaine. "C'est imposé à nos cinémas par les grands groupes qui ne veulent pas qu'on leur face de l'ombre mais c'est pas sympa" s'agace Fabrice Neau à Neuville-de-Poitou où les réunions des bénévoles de la commission programmation sont mensuelles et les choix sont votés pour telles ou telles propositions. Au Kerlouet à La Roche-Posay, où la mairie a délégué son exploitation au casino, la programmation est assurée par le Loft de Châtellerault. "Cela nous garantit la diffusion de grosses productions. Une chance pour les habitants de la commune, qui devraient faire 30 minutes pour aller à Châtellerault ou 1h pour Poitiers " assure Hugo Six, chargé de communication du Casino. Le Ciné-Malice de Civray fait parfois des choix qui ont un impact important sur son organisation. "Nous avons Avatar 3 cette semaine mais le distributeur nous a imposé 14 séances. Avec un film de 3h20, il faut assumer mais on le fait aussi pour que nos habitants ne soient pas obligés d'aller loin pour le voir" souligne Céline Pierre. Et tout cela à des prix défiant clairement la concurrence pour, une fois de temps en temps "vivre ensemble, et pas seul dans son salon, le fait de regarder un bon film" vante Céline Pierre.