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Agriculture biologique
Les agriculteurs bio pensent eux aussi à contractualiser

Sur les quatre scénarios ébauchés pour réorienter le plan stratégique en faveur du développement de l’agriculture biologique, le quatrième – et plus probable – met en scène la contractualisation entre producteurs et transformateurs de la région.

Les bio sont des convaincus de la prospective. Même si celle-ci a des limites. Trois ans après avoir enclenché leur plan stratégique en faveur du développement régional de l’agriculture biologique – salué par une aide de la Région égale à 700 000 euros par an –, les membres de l’association régionale Agrobio estiment déjà nécessaire de réajuster cette feuille de route. Le Grenelle de l’environnement est passé par là. « C’est impressionnant comme le Grenelle de l’environnement a agi sur la prise de conscience des consommateurs et des décideurs économiques, notamment » déclare Jean-Pierre Gouraud, cheville ouvrière d’Agrobio. Et si le coordinateur régional reconnaît que depuis ce rendez-vous politique, nombre d’actions ont déjà été détricotées par le gouvernement, « pour l’agriculture biologique, cela reste un tournant ». Il faut dire que les objectifs à atteindre par la filière bio d'aboutir à 20 % de produits biologiques dans la restauration collective d'ici 2012 et de passer en agriculture biologique 6 % de la surface agricole utile en France en 2012 puis de grimper à 20 % en 2020 ont de quoi marquer les esprits. Et susciter des vocations. Ainsi, en 2009, le nombre de conversions bio a crû de 22 % en Poitou-Charentes. En 2010, on attend encore une centaine de conversions pour une filière qui compte environ 480 producteurs et qui travaille de plus en plus dans la région avec différents acteurs du secteur aval (transformateurs… ). D’où la nécessité de « réactualiser »  le plan stratégique et de l’aligner sur le calendrier fixé par le Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020. Pour cela, le réseau bio a fait appel au cabinet Futur Ouest, spécialisé dans la prospective économique, pour définir différents scénarios en faveur du développement de la bio. Ce cabinet s’est lui-même appuyé sur un « groupe exploratoire » composé de quinze acteurs de terrain (producteurs d’Agrobio, transformateurs, distributeurs… ) ; lesquels ont ébauché au final, quatre scénarios possibles au milieu d’une multitude d’hypothèses improbables (réunies dans un cinquième scénario).

 

Quatre scénarios

Le premier scénario, appelé « Business international organic », repose comme son intitulé anglais l’indique, sur 

l’internationalisation du com­merce agroalimentaire des produits biologiques. Dans ce schéma international, les acteurs moteurs sont le négoce et les nouveaux pays producteurs.

Le deuxième scénario « Distribio » resserre ses ambitions à la région Ouest, mais implique une contractualisation avec le secteur de la grande distribution, qui en devient l’acteur moteur.

Le troisième scénario « Bio à tous les rayons » est, lui aussi, axé autour de la grande distribution, mais au travers des marques de distributeurs.

Enfin, le quatrième scénario baptisé « Pacte bio Poitou-Charentes » ouvre la voie vers une contractualisation régionale de l’amont de la filière entre organisations de producteurs et transformateurs. Ce dernier scénario, comme les autres d’ailleurs, n’a pas été reçu sans critiques, ni remarques lors de sa présentation devant les producteurs bio, le 15 avril dernier au lycée agricole de L’Oisellerie (Charente). De fait, le groupe  expert, qui l’a conçu, en avait lui-même envisagé les risques dès le départ, comme la crainte de perte de liberté individuelle pour les producteurs (« intégration » des exploitations) ou l’abandon de certaines productions ou cultures par manque de débouchés contractualisés (sarrasin, fourrages, races à viande…). Mais « en face », les arguments « pour » ne manquent pas en faveur de ce scénario, comme l’opportunité du renforcement des très petites entreprises agroalimentaires ; la sécurisation des maillons de la filière ; la stabilisation des prix ; le développement plus homogène des productions régionales ; la possibilité de créer un commerce solidaire régional et d’avoir un effet d’entraînement pour les régions alentour. 

Et pour ceux qui auraient encore des doutes que ce scénario ait la faveur du groupe expert : une étude sur l’impact des quatre différents scénarios sur sept critères essentiels de développement de l’agriculture biologique (*) donne à chaque fois une majorité de points gagnants au « Pacte bio Poitou-Charentes ».

Les bio ont maintenant jusqu’à fin juin pour se positionner en faveur de l’un ou l’autre de ces scénarios. Leur choix sera révélé à l’occasion des 40 ans de la ferme de Chassagne à Villefagnan, en Charente toujours.

 

(*) Développement de la consommation ; développement de la SAU en bio ; diversité des productions ; nombre d’exploitations bio ; accompagnement des producteurs ; développement des partenariats ; positionnement des productions par rapport au national.

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