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Le voyageur devenu paysan

Didier Gauchet, directeur de la Chambre d'agriculture, voyagera. Promis, l'agenda est déjà plein pour ses premiers mois de retraite.

Didier Gauchet
Didier Gauchet
© AC

Il y a de l’amusement à écouter Didier Gauchet, bientôt en retraite de son poste de directeur de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, à dresser son parcours, sa «carrière». Même si le mot l’irrite. Ce parisien, tout frais diplômé de l’Agro, dans la fin des années 70, part au Sénégal «traire les vaches et expliquer comment les nourrir» du côté de Saint Louis. Trois ans plus tard, il y a acquis «son âme noire», son africanité dont il ne départira pas dans les autres postes : un passage chez Vilmorin grandes cultures dans les froidures de l’Est, puis le voilà ingénieur lait en Deux Sèvres pour parler aux éleveurs de contrôle laitier et de performances, puis ingénieur viande pour causer développement agricole, et ensuite directeur de l’EDE en Charente-Maritime, du Suad (le développement agricole), directeur adjoint, puis directeur. «L’expérience terrain est capitale, primordiale.» Lui qui dit avoir beaucoup appris des agriculteurs, de «ses» élus consulaires, de «ses» présidents (5, d’André Boutteaud à Luc Servant) a vécu tous les virages de l’institution consulaire. Celle de la spécialisation des agents jusqu’à la dernière, la mutualisation. «Le vrai tournant, c’est le projet d’entreprise du début des années 90» survole-t-il. «Nous étions dans un désamour du rôle de la Chambre. Ce fut une mutation lourde. Collective, mais les ressortissants et les agents ont adhéré. Nous passions du conseiller agricole aux spécialistes, de l’écrit à l’oral, aux prestations payantes.» Des dizaines d’agents, dont il avoue être impressionné par leur «pro-activité», il ne perçoit en rien d’écart générationnel dans le travail. «Je comprends plus facilement certains jeunes agents.» Mine de rien, pas largué. Lui, révulsé à l’idée d’être un notable, qui s’est fait comme devise «servir au lieu de se servir», retrace son parcours «dans l’ombre.» Mi-directeur de cabinet, mi-directeur d’une entreprise, Didier Gauchet ne se départit de son humour. Parfois grinçant, sans concession. Un franc-parler qu’il revendique et assume. «Chacun a sa place.» Entre président, bureau, élus consulaires et direction de la chambre. Fort du succès dernier de «Balade à la ferme», «un sacré pari de communication», il a, comme beaucoup, des idées irréalisées plein les tiroirs. «Mon rôle était celui de metteur en œuvre.» Didier Gauchet n’a jamais écrit un discours pour un président. Dans son récit, le terrain revient toujours en leitmotiv. Il y fut dans ses débuts et ne s’en est jamais éloigné, même en mettant en place des «mécanismes complexes.» L’œil acerbe sur les tendances, les trajectoires individuelles, il croit encore aux «ressources inexploitées» du monde agricole charentais maritime à des «projets locaux de territoire.» Pas pour autant de leg pour quelques générations futures de chambres d’agriculture. «La lente érosion du nombre de collaborateurs de la chambre va de pair avec la disparition d’une partie des agriculteurs. »
Didier Gauchet, globe-trotteur du développement agricole au Sud, à l’Est, parle aujourd’hui des nouveaux voyages qu’il entreprendra, sa «bouffée d’oxygène», une fois libérée de sa charge, fin mars. «J’ai été très heureux de montrer là-bas sur place un autre monde aux agents de la chambre que j’ai accompagnés ou aux agriculteurs de Charente-Maritime. Les jeunes agents arrivent déjà avec cette vision mondiale dans leur cv. » Comme si tout pouvait être amusement ou tourné en dérision, Didier Gauchet ne gâche pas un bon mot. «Je ne peux pas dire que j’ai été influent. Mais j’ai su faire passer des messages. Mon influence passe par le faire, pas par le dire. J’ai la chance d’avoir eu une grande liberté de faire, d’expérimenter.» Evitant les pièges des regrets à l’aube de la retraite, le bientôt ex-directeur de la Chambre garde le souvenir d’un parcours qu’il a voulu «parfois inconfortable», «loin d’une gestion bureaucratique.»

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