Le pâturage pour la qualité de l'eau
À Champniers, près d'un point de captage d'eau, Christophe D ubois fait pâturer ses brebis en agriculture biologique.
À Champniers, Christophe Dubois s'est installé en 2021 sur l'exploitation familiale. Historiquement, c'était une ferme de vaches laitières en conventionnel jusqu'en 2007. "Mes parents ont arrêté l'élevage laitier pour la viande bovine. Moi, j'ai voulu emprunter une autre voie, celle du bio" explique-t-il. Les bovins charolais ont laissé place à des brebis de races rustiques, bouchères et herbagères. L'éleveur exploite 120 hectares dont 30 en prairies pour ses brebis, et 90 hectares de cultures. Il espère dans les prochaines années arriver à un équilibre où ses terres seront consacrées à 90 % à l'élevage. " L'idée, c'est de faire un élevage extensif, tout en plein air, avec quatre brebis par hectare."
Les agneaux partent vers la Sica Le Pré Vert (90 %) qui fournit la restauration collective. Une partie est vendue en direct. Les céréales sont commercialisées avec les Fermes de Chassagne (80 %), à Océalia (10 %) et à des producteurs.
Réintroduire l'élevage. Passer au bio s'est imposé. "On a de gros sujets concernant l'eau, avec des eaux de plus en plus contaminées que l'on peine à rendre potable", souligne Mathieu Renaud, président de la Maison de l'agriculture biologique (MAB16). La conversion à l'agriculture biologique a permis de limiter les intrants chimiques et de travailler les sols différemment. "Le fait de basculer en prairie a tout changé, l'eau ne s'écoule plus comme avant, les inondations sont moins fréquentes et la qualité de l'eau en bord de rivière est clairement meilleure", observe Christophe Dubois. Cerise sur le gâteau, son exploitation est éclatée en une myriade de petites parcelles proches des habitations. "Le bio est la bonne réponse pour le voisinage."
La mutation continue. " Quand j'ai repris la ferme, je ne produisais que des céréales au début. Mais j'ai vite vu le potentiel de réintroduire l'élevage et d'améliorer la qualité des champs. Les brebis passent d'une parcelle à l'autre très vite, ce qui diminue le parasitisme et favorise un cycle vertueux ". Pour alimenter ses animaux, Christophe Dubois mise sur le pâturage naturel, le foin et, ponctuellement, des céréales produites sur la ferme. Il multiplie aussi les expériences sur les couverts végétaux et explore les associations bénéfiques pour la terre : " J'essaie de rester le plus autonome possible avec des semences de la ferme et du matériel ancien qui ne coûte rien".
La préservation des prairies est un enjeu essentiel. Une partie de ses terres sont en prairies permanentes en bord de rivière. "C'est le meilleur atout pour avoir une bonne qualité d'eau", commente Mathieu Renaud. C'est également un avantage dans la gestion du troupeau qui bénéfice d'herbe même en été, le reste des parcelles étant sur un sol séchant adapté au pâturage d'hiver. À la MAB, Mathieu Renaud insiste sur le rôle de l'élevage pour valoriser ces espaces et préserver la biodiversité, affirmant que "tant que l'être humain ne valorisera pas l'herbe, il faudra un animal pour le faire. Et il faudra qu'on valorise cet animal".