Le mal-être s'ajoute aux difficultés financières
Le Conseil de l'agriculture française de la Vienne s'est réuni lundi dernier. Autour de la table, une cinquantaine de représentants d'OPA, qui ont clairement exprimé leur forte inquiétude.

Les discussions ont duré trois bonnes heures. Il faut dire que les syndicats, coopératives, négoces, banques, assurances, centres de gestion et autres associations du monde agricole avaient tous des éléments à faire remonter. "La réunion était très attendue", confirme Aurélie Fleury, présidente de la FNSEA de la Vienne et du Caf du département. "L'inquiétude grandit depuis un an. Il y a une vraie souffrance dans les campagnes" regrette l'agricultrice.
Des impayés
Financièrement, la situation s'est largement tendue, avec des agriculteurs qui ont du mal à régler leurs achats dans les coops et négoces. "Certaines EDT et Cuma vont finir par être en difficulté elles aussi, car elles ne sont pas payées". Une situation qui impacte les OPA, qui sont de plus nombreuses à rencontrer des difficultés de recrutement. La MSA Poitou évoque 16 % de cotisations non recouvrées au mois d'août. "Depuis 3 ans, nous avons de plus en plus de mises en place de plans de paiement" confirme Vincent Morisset, administrateur MSA. L'agriculteur ajoute que depuis le début de l'année, plus de 1 000 ont été mis en place pour les deux départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. "Nous faisons une campagne de détection sur les défauts de paiement. Et c'est aussi une bonne nouvelle que les agriculteurs pensent à nous demander ces aménagements, et n'attendent pas le dernier moment ".
En 2024, la prise en charge de cotisations pour la Vienne et les Deux-Sèvres a dépassé les 900 000 euros. "C'est un chiffre jamais atteint !".
Pour Aurélie Fleury, c'est le "ciseau des prix" qui s'accentue. " Les charges de production poursuivent leur hausse tandis que les prix agricoles reculent, fragilisant les revenus et renforçant la dépendance aux aides de la Pac. Dans la Vienne, les grandes cultures progressent grâce à une diversification croissante, mais l'élevage continue de reculer. L'accès incertain à la ressource en eau pèse sur les perspectives d'irrigation". La situation est assez générale au département de la Vienne, avec des différences selon la qualité des terres. Mais quoi qu'il arrive, le prix des céréales n'est, lui, pas au rendez-vous.
Ce qui ressort de la réunion, c'est que ces difficultés financières ont un impact très inquiétant sur le moral des agriculteurs. "Il y a une vraie souffrance dans les campagnes. Le mal-être s'est ajouté aux difficultés financières". Un point de vue confirmé par Vincent Morisset, qui précise que les appels à la MSA sont très nombreux. "Nous avons renforcé l'équipe des travailleurs sociaux, qui ont beaucoup de dossiers à gérer. Nous aimerions être plus rapides !". Plusieurs réponses peuvent être proposées aux agriculteurs : aides aux vacances, soutien administratif ou psychologique.
Urgence
Face à cette situation, Benjamin Bichon, directeur de la Tricherie rappelle que "le marché est capable du meilleur comme du pire. En 2016, c'était un peu la même chose. Ensuite, les marchés se sont envolés, et on a tout oublié ! Le nerf de la guerre, c'est la résilience dans la durée, nous devons trouver des solutions, mais à long terme". Pour Aurélie Fleury, "il est essentiel de redonner le goût à l'élevage, car aujourd'hui certaines étendues de friches ou des zones autrefois dédiées à l'élevage se sont transformées en surfaces céréalières. Il n'est désormais plus possible de dégager un revenu suffisant sans diversifier ses activités et retrouver un équilibre." Et d'ajouter qu'il est urgent d'agir. Une prochaine réunion du Caf ne devrait donc pas tarder à être organisée.