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Le grignotage est mauvais pour la santé… des terres agricoles

La production agricole, sur le territoire communal, va-t-elle être limitée ? C’est ce qui inquiète les professionnels. Dans l’élaboration des PLU, rien n’est dit sur la cohabitation possible entre ruraux, néo-ruraux et productions agricoles.

Selon Alexandre Agat, la tentation est grande d’éliminer l’agriculture des territoires.
Selon Alexandre Agat, la tentation est grande d’éliminer l’agriculture des territoires.
© AC

La ‘‘cohabitation’’ entre le monde agricole et le monde rural s’est étiolé au fil des décennies. Jusqu’à n’avoir qu’une minorité d’agriculteurs dans les communes et parfois des majorités de néo-ruraux venus goûter au calme campagnard pour aller travailler dans les villes ou couler une douce retraite. Une minorité ou une absence dans les conseils municipaux. Alors que s’élaborent ici ou là des PLU, voire des PLUi, sorte de Yalta de l’utilisation des terres, il est un observateur, forgé à ces dossiers : Alexandre Agat. Il n’a qu’à le voir embrasser du regard circulairement son exploitation, depuis la cour… des maisons, anciennes ou nouvelles. Il mesure de visu : « 150 m… cela fait l’ensemble et même plus que mes hangars et mes bâtiments ». La donne est là : mettre en application un zone ‘‘tampon’’ entre les habitations et les parcelles qui recevraient des traitements revient selon lui à rayer de la carte cadastrale ces terres. « Mais pour y faire quoi ? » Alexandre Agat que la négociation sur les coupures d’irrigation mobilise en cet été 2019 n’ose imaginer telle mesure généralisée ; « que des agriculteurs fassent mal et qu’ils soient tancés par le maire pour des mauvaises pratiques, rien à dire ! Mais que la mesure devienne une loi… Non ! » Pour le syndicaliste agricole, siégeant à la CDPNAF*, la problématique s’enracine dans cette « cohabitation » rurale, devenue difficile. « Les ruraux ne savent plus ce que font les agriculteurs. »

De la demande de surfaces

Selon Alexandre Agat, le bilan est mitigé : « le travail sur les PLU dure depuis 10 ans. Le point de départ était de réduire autant que faire se peut le grignotage des espaces agricoles. » la profession valide une « consommation » « sensiblement réduite ». On est loin de l’objectif de réduction de moitié de la consommation. Infrastructures, urbanisation, aménagements se multiplient au gré du dynamisme des municipalités, toujours demandeurs d’espaces. « On commence à voir pointer des zones tampons entre la zone agricole et la zone urbaine… mais encore prise dans la zone urbaine. Certains maires veulent que dans les zones constructibles, des zones tampons soient instaurées, une haie, un chemin. 5, 10 m. Mais ils sont peu nombreux. » La consommation d’espaces agricoles semble inéluctable : « on a commencé à comprendre que 3 000 m2 ne sont pas nécessaires pour bâtir. On installe ainsi plus de familles dans le même espace. » Tous les maires et les bureaux d’études n’adhèrent pas. « Arrêtons d’artificialiser tout notre espace agricole ! » Naturellement, les grandes villes et la côte charentaises sont en première ligne. « Ces premières portent ce souci sur le moins de terrain, mais c’est le prix du terrain qui pose problème. Dans les petites communes rurales, il faut faire passer l’idée de lotissements plus partagés. Mais tous les terrains sont vendus quand même… » Inscrites dans les PLU, les surfaces devenues constructibles ne sont pas toutes consommées, mais se retrouvent souvent sur la ligne de partage. « On peut raisonnablement qu’elles ont perdues pour l’agriculture ! »

Difficile concertation

Le PLU est, selon lui, un « meilleur outil » que la carte communale, mais n’a pas le même coût, ni les mêmes contraintes. Quant à réfléchir sur l’aménagement agricole, via des PLUi, issus des SCOT, Alexandre Agat n’en a vu que trois : « et la CDPENAF les a retoqués : trop précipités, pas aboutis, loin des objectifs de réduction. » Celui de l’île de Ré est exemplaire. « Les PLUi sont très complexes et dépendent de l’ampleur des concertations entre bureaux d’études et élus. » les Plu et PLUi sont soumis à enquête publique. « Il faut à la fois les agriculteurs de la commune, mais aussi une vision globale que la Chambre peut apporter. » Il complète : « avant de participer à ces multiples réunions je n’avais pas conscience de l’impact d’une maison par ci par là… Autrefois les querelles entre natifs de village existaient, mais on n’empêchait pas de travailler. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Certains acceptent de prendre la campagne telle qu’elle est. D’autres pas. »
Lors de la visite, jeudi, de la préfète de Région, à St-Jean-de-Liversay, devait se « discuter », et peut-être se signer, la « charte de bon voisinage » : pile dans la thématique de cette cohabitation.

 

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