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Viande
Le blocage de ses sites ramène Bigard à la table des discussions

Le 9 novembre, Bruno Le maire a annoncé un plan de sortie de crise. Les éleveurs occupent les sites Bigard depuis dimanche soir.

Des équipes se relayent nuit et jour. Elles viennent de Maine-et-Loire, de Vendée, des Deux-Sèvres et de Charente.
Des équipes se relayent nuit et jour. Elles viennent de Maine-et-Loire, de Vendée, des Deux-Sèvres et de Charente.
© DR

Cholet, mardi en fin d’après-midi : une épaisse fumée s’élève au-dessus du site de l’abattoir Bigard, à Cholet. Installés depuis dimanche, comme sur huit autres sites de l’industriel de la viande qui détient 50 % des parts de marché, les éleveurs se sont organisés pour durer. Des équipes se relayent nuit et jour. Elles viennent de Maine-et-Loire, de Vendée, des Deux-Sèvres et de Charente. Deux tentes ont été dressées pour abriter les éleveurs du vent et de la pluie, avec ce qu’il faut pour résister au froid et à la fatigue de la nuit : potage, mogette, pain, brioche, du café… C’est une équipe d’anciens, sollicités par Sylvie Rochais, responsable du canton de Cholet, qui assure le ravitaillement. « On est à la retraite, mais on est toujours solidaires », commente Michel Poiron. 

Le référé, déposé par le groupe Bigard le 9 novembre, afin d’obtenir la levée des blocages des abattoirs de Cherré, Coutances et Cholet, n’a pas entamé la détermination des agriculteurs. 

« Bigard a mis le feu dans l’élevage », commente l’un d’eux, tandis que d’autres entretiennent en permanence les braseros de palettes. « Nous maintenons les barrages en place tant qu’il n’y a pas d’accord professionnel sur le plan stratégique », avait prévenu Pierre Chevalier, président de la FNB, à l’issue de la première rencontre organisée par le ministre de l’Agriculture, le 9 novembre. En organisant cette rencontre, le ministre avait donné un signe fort : « Dans l’ensemble de la filière, que ce soit les industriels, la distribution, il faut que tout le monde soit autour de la table. Il faut qu’on arrive rapidement à un meilleur prix pour les producteurs », avait déclaré Bruno Le maire. 

De cette première réunion, que Mickaël Bazantay, responsable de la section viande en Maine-et-Loire et administrateur de la FNB, a relatée, mardi après-midi, devant le site de Charal à Cholet, que peut-on retenir ?

« Jean-Paul Bigard avait un agenda qui le retenait à l’étranger, disait-il. Or, il a assisté à la première réunion. C’est le signe que la mobilisation porte ses fruits. C’est une petite victoire. De plus, les discussions ont repris. Certes, il reste pas mal de points de divergence, la tension est palpable entre les différents interlocuteurs même si chacun reconnaît le malaise de l’élevage », a ajouté le responsable syndical. Mickaël Bazantay relève également une grande avancée : « Le sujet de la machine à classer est revenu sur la table. On sait que Bigard refuse de l’utiliser, ce qui génère une suspicion permanente ». 

En ce qui concerne le prix payé aux producteurs, l’objectif reste d’obtenir une revalorisation de 0,60 euro par kilo, une fois calées les différentes dispositions de sa fixation. Un ajustement qui prendra sans doute un peu de temps. « Un prix, cela ne se décrète pas », a rappelé Mickaël Bazantay, « même si, pour nous, a-t-il aussitôt précisé, toutes les conditions d’une hausse sont  réunies. »

L’occupation du site devait donc se poursuivre. « On rentre pour le boulot. On refait des tours et on revient vendredi », promettait un éleveur au nom d’une équipe, à l’issue de son tour de garde de mardi.

La réunion entre la FNB, les industriels et la distribution, mercredi, s’étant soldée elle aussi par un échec, Pierre Chevalier déclarait « qu’il n’était pas possible », dans ces conditions, de lever les barrages. Peut-être vendredi. Tout dépendra des cotations du 12 novembre.        


Conclusions de la négociation du 9 novembre

- Nomination d’un médiateur, monsieur Loïc Gouello, inspecteur général au ministère qui accompagnera l’interprofession pour rechercher une sortie de crise ;

- Mise en place de toute action permettant « de redonner du souffle au marché » (développer de nouveaux marchés export ; faciliter les conditions matérielles de l’export et supprimer toute distorsion de concurrence dans l’application quotidienne des normes et procédures sanitaires) ; redynamiser VBF (engagement des GMS en séance) ;

- Transparence PCM : évaluer immédiatement les performances de la MAC SFK, à défaut prise d’un arrêté ministériel avant fin 2010 sur les machines à classer et leur développement sur le territoire conformément à l’accord du 30 juin ;

- Observatoire des prix et des marges : le secteur de la viande bovine est déclaré prioritaire et monsieur Chalmin devra rendre son rapport avant la fin décembre 2010. La refonte complète des cotations doit également aboutir rapidement ;

- Segmentation : adapter l’offre à la demande par la mise en œuvre d’indicateurs interprofessionnels de tendance du marché.

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