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Le banc d’essai, passage obligé ?

Le passage de son tracteur par un banc d’essai moteur permet notamment de comprendre comment adapter sa conduite et de limiter ainsi sa consommation de carburant.

© AC

Depuis des années, Didier Langlois, technicien machinisme de la Chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine (ex-Poitou-Charentes), sillonne la région avec son banc d’essai. Cette fois, c’est dans le secteur du Marais poitevin, à St-Jean-de-Liversay, qu’il a arrêté sa fourgonnette pour accueillir les agriculteurs désireux de faire examiner leur matériel. Premier contrôle, le système hydraulique ; le système de contrôle est branché à la prise de force et effectue les vérifications de rigueur. «Parfois, il y a des problèmes moteurs qui sont liés à l’hydraulique, donc on vérifie», explique Didier Langlois, qui au-delà du seul moteur effectue un contrôle d’ensemble du tracteur. Ses méthodes pour repérer les soucis ? Outre l’analyse des données, il se fie à l’oreille et à son expérience des différents constructeurs. «Ce sont toujours les mêmes tracteurs qui ont des problèmes», indique-t-il.
Vient ensuite l’essai moteur en lui-même. «Le gasoil est contenu dans le banc d’essai, qui comporte deux réservoirs, un devant un derrière, décrit-il. Le débitmètre mesure la consommation, avec le débit aller de gasoil qui fournit le tracteur et ce qui retourne dans le réservoir, qu’on déduit. Faire le test avec un débitmètre à double champ évite les contrepressions.» La mesure brute est déjà intéressante en soi, mais c’est son exploitation qui fait tout l’intérêt du banc d’essai. «Il faut sélectionner le tracteur dans l’ordinateur et avoir la référence», pour l’entrer dans un logiciel spécial programmé à l’IUT de Poitiers. Pour compléter le calcul, il insère des données sur l’âge du tracteur et son kilométrage. «L’utilisation moyenne des tracteurs qu’on passe au banc d’essai, c’est toujours 600 h par an depuis 30 ans que j’en fais», révèle-t-il, et ce malgré quelques disparités. Surtout, «neuf fois sur dix, c’est le gros tracteur que les agriculteurs amènent. Ce qui n’est pas forcément une bonne chose, parce qu’un défaut sur un gros tracteur qui fait 300 h par an sera moins gênant que sur un deuxième tracteur qui va en faire 1000 ou 1800.»

90% de tracteurs neufs à ajuster

Une fois l’essai débuté, des courbes se dessinent peu à peu sur l’écran. D’un côté, celles mesurées sur le tracteur par le banc d’essai ; de l’autre, les mesures fournies par le constructeur. Leur analyse croisée permet de déterminer le meilleur régime moteur. «Les grosses consommations de tracteurs, c’est souvent un problème de conduite», diagnostique-t-il. «Si tu arrives à bien maîtriser la conduite, tu peux économiser 5/6 L/100, mais ça peut être beaucoup moins sur certains tracteurs...» La conception a une influence énorme sur la façon de conduire les tracteurs ; il en a eu la preuve le matin même. «Les deux John Deere de tout à l’heure, à 1500 tours, consomment un tiers de plus qu’à 1900 tours, alors que normalement, plus on descend, moins on consomme. C’est très exceptionnel, mais vu qu’il s’en est vendu beaucoup en série 30 sur la région, on en a beaucoup.»
Le diagnostic du banc d’essai est plus fin qu’avec les outils accessibles depuis le poste de pilotage. «Souvent, on vérifie quelle est la différence entre la mesure du banc et celle de la cabine.» Cette précision dans l’analyse n’est pas recherchée que par les agriculteurs. «Les passages au banc, on en fait de plus en plus chez les concessionnaires de machines agricoles, ce qui permet de rerégler le tracteur avant qu’il ne reparte.» Une étape essentielle, d’autant que «ce sont beaucoup de neuf ou de très récent», avoue-t-il. «Souvent, les neufs déconnent, mais une fois qu’on a réglé le problème, c’est à vie !» Il estime à 90 % le nombre de tracteurs neufs qu’il faut ajuster, pour un tiers parmi ceux en fonctionnement.
Le temps de l’examen, Didier Langlois échange avec le propriétaire du tracteur au sujet de son utilisation du matériel. Cette fois, c’est avec Loïc Avrard, qui a amené un engin habitué aux terres humides du marais. «Ça demande beaucoup de traction, indique le technicien machinisme. L’été, quand il fait très sec, ça va, mais le reste du temps la mécanique, les boîtes… Tout est mis à mal. Pour la mécanique, il y a une torsion permanente des arbres. Mais les tracteurs de marais sont souvent plus forts.» Il distille petit à petit ses conseils d’utilisation au jeune propriétaire, plutôt satisfait de la prestation. «J’ai envie de garder ce tracteur jusqu’à dix mille heures», confie-t-il. Il songe à en changer un autre, et les résultats de ce banc d’essai vont l’aider à faire son choix. Il est assez content du diagnostic fourni, notamment sur la puissance dégagée. «Ça confirme ce que je pensais, notamment pour la consommation.» ll repart avec une chemise contenant les courbes relevées imprimées et un commentaire rédigé par Didier Langlois.

Prix :
1 tracteur : 139 €/tracteur
2 tracteurs : 128 €/tracteur

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