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Lascaux, chef-d’œuvre pariétal

« Lascaux à Paris », tel est le nom de l’exposition qui se tient dans la capitale, à la Porte de Versailles jusqu’au 30 août prochain.

Tout a commencé le 8 septembre 1940, dans la commune de Montignac en Dordogne, quand Marcel Ravidat poursuit son chien qui s’est engouffré dans un trou, à la poursuite d’un lapin. En lançant un caillou dans la cavité, il se rend compte qu’elle est très profonde. Il décide de revenir le 12 septembre avec trois amis, Jacques Marsal, Simon Coencas, Georges Agniel. Les jeunes garçons élargissent l’orifice et découvrent la grotte de Lascaux et ses magnifiques peintures. Prévenu par l’instituteur du village, le préhistorien Henri Breuil descend à son tour le 21 septembre dans la cavité. Il est le premier à authentifier Lascaux et à réaliser son inventaire. Il attribue les peintures au magadalénien, dernière phase du paléolithique supérieur, environ 17 000 ans avant notre ère. Le lieu est classé aux monuments historiques le 27 décembre 1940. Cette même année, moyennant la somme de deux francs, les premiers visiteurs pénètrent dans la grotte, mais devant l’afflux des curieux et les premières dégradations, cette dernière est fermée. Après différents aménagements, elle rouvre au public en 1948. En 1955, les premiers indices d’altération sont constatés. Ils sont dus à un excès de dioxyde de carbone induit par la respiration des visiteurs qui provoque une acidification de la vapeur d’eau expirée corrodant les parois. Quelques années après apparaissent la « maladie verte » (développement d’une algue) et la « maladie blanche » (voile de calcite sur les parois) ainsi que des taches noires. En 1963, André Malraux alors ministre chargé des Affaires culturelles décide de fermer la grotte au public. D’importants travaux de protection et de sécurisation des lieux sont entrepris. En 1979, Lascaux est inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité.
La grotte renferme effectivement un trésor pictural composé de 1963 peintures et gravures réalisées, selon différents experts, lors de la période solutréenne, il y a près de 20 000 ans. Elle s’ouvre sur la Salle des taureaux. Schématiquement, après un cheval incomplet et une figure énigmatique, les acteurs principaux de la frise - une trentaine - sont quatre aurochs associés à une quinzaine de chevaux et un bison, une vache et son veau, séparés par un petit groupe de cerfs. Un ours se dissimule dans la ligne de ventre d’un des taureaux. Une trentaine de signes y sont visibles. Le Diverticule axial prolonge cette salle. C’est un couloir où la partie supérieure de la voûte et des parois est ornée d’une soixantaine de figures animales et d’une cinquantaine de signes peints.

Pigments naturels
On trouve au fond du Diverticule la célèbre peinture du Cheval renversé. Ensuite, l’Abside-puits renferme plus de 1 000 unités graphiques d’animaux et de signes. Dans le fond se situe le célèbre Homme face à un bison fonçant. On ne connaît que trois autres scènes vraiment comparables dans tout l’art paléolithique. Suit la Nef, une voûte en berceau comprenant plus de 50 figures animales et plus de 20 signes. Elle comprend le panneau de la Vache noire, celui des Bisons croupe à croupe ainsi que la Frise des cerfs. Le Diverticule des Félins est situé à l’extrémité de la Nef. Très exigu, il est composé de deux parties : le Cabinet des félins et le Cabinet des chevaux, particulièrement ornés.
Il était dommage de ne pas faire partager tous ces chefs-d’œuvre picturaux. En 1983, le conseil départemental de Dordogne a donc engagé un programme de reconstitution muséographique de la grotte avec l’ouverture de Lascaux 2, une reproduction grandeur nature de la Salle des taureaux et du Diverticule axial, située à proximité de Lascaux. Il s’en est suivi la conception d’une exposition itinérante baptisée Lascaux 3 visible aujourd’hui à Paris. Elle est impressionnante de rigueur et de précision. Dans un dédale de 1 520 m2, les visiteurs ont sûrement le même choc que les quatre jeunes gens ont ressenti en 1940. Une visite virtuelle en 3D plonge le public dans l’antre fabuleux qui part ensuite à la découverte de cinq parties de la grotte reproduites à l’identique, avec un système lumineux permettant de découvrir les gravures qui ne sont pas visibles à l’œil nu. Pour ce travail de reproduction, les copistes ont utilisé des pigments naturels comme les premiers artistes préhistoriens l’avaient fait avant eux. Le noir est ainsi réalisé avec du manganèse. L’effet est bluffant. Dans son ouvrage Lascaux, le geste, l’espace et le temps, le préhistorien Norbert Aujoulat résume parfaitement le ressenti du visiteur : « Lascaux tire sa puissance suggestive de la présence permanente de l’image : quel que soit le site d’observation, un animal vous regarde, vous interroge. Aurochs, chevaux, cerfs, bisons et bouquetins sont omniprésents et à travers eux, l’empreinte dominante de l’homme ». Un homme qui était déjà un artiste accompli.

Lascaux aujourd’hui et demain
Le ministère de la Culture a créé en 2002 le Comité scientifique international qui est présidé par le professeur Yves Coppens. Ce dernier a toujours eu
la volonté de protéger et de préserver Lascaux. Il déclare aujourd’hui : « L’état de santé du site est excellent. La grotte se porte bien, on y veille, on y est très attentif. Les portes de la grotte sont fermées, sauf pour environ 500 heures par an consacrées à sa vérification. Par ailleurs, on a également un simulateur à l’université de Bordeaux qui permet de suivre une intervention éventuelle afin de voir s’il n’y a pas de dommages collatéraux ». Quant à l’avenir, il souhaite une sanctuarisation du site dans le but de diminuer le plus possible sa pollution : « La proximité de Lascaux 2 peut entraîner des dommages à long terme. En effet, il y a près de 300 000 visiteurs par an, augmentant ainsi les pollutions. Je suis donc favorable à l’établissement de Lascaux 4 au pied de la colline ».

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